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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca

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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca

Message par Frannie Icesinger Mar 4 Sep - 22:52

Première Chanson : Requiem à mon Orgueil

Et bien… Je crois que c’est à moi maintenant, puisqu’il n’est plus là pour remplir son journal. Allez, je me lance, faisons comme lui. Attention à l’indigestion.

Frisca : un diminutif de mon nom qui ne reflète de prime abord pas du tout mon caractère. C’est Real’ qui est l’auteur de cette plaisanterie mais encore aujourd’hui, je me demande comment il a trouvé ça. A moins qu’il ne m’ai appelé ainsi par rapport à mon entêtement ? C’est bien vrai, je suis bornée et indisciplinée, j’en suis bien consciente. Mais après tout, je m’en fiche : c’est un joli surnom et je n’aime pas qu’on m’appelle Fran ou pire « Frannie ». Tsss. Realder…

Qu’est-il devenu ? Je ne peux pas croire qu’il s’agisse d’une coïncidence ! Il a disparu au moment même où je me décidais à sortir de ma cave, c’est cet agité de la gâchette avec sa tenue de médecin et ses petites lunettes qui me l’a appris. Ce mec est complètement malade ; je ne lui ai pas menti ! Je l’ai déjà vu dans mes rêves, j’en suis sûre. Et je suis certaine de ce qu’on nous a raconté aux informations à l’époque : le virus EXO doit provenir à coup sûr de la météorite qui a explosé au-dessus des pays de l’Est. On n’aurait pas pu nous cacher quelque chose d’aussi gros !

Ce Watson est peut-être très intelligent mais il est orgueilleux, imbu de lui-même. Tout comme moi. J’ai déjà compris comment Realder parvenait à le supporter, je le connais trop bien : toujours calme et posé, l’écrivain. C’est lui qui m’a montré comment manier les mots de cette façon, comment embellir un simple fait pour le transformer en aventure. Realder : je n’ai jamais réussi à comprendre notre relation. Je l’aime et le déteste en même temps : il a su créer un lien entre nous, pour donner forme et contour à l’inconcevable. Il en a d’ailleurs fait une sorte de poème que je me suis amusée à retrouver dans les premières pages de son journal.
De nous deux, je me demande finalement qui avait l’ascendant sur l’autre. J’ai toujours cru que je pouvais contrôler Real’, lui qui était si sensible et naïf. Mais je n’en suis plus si sûre aujourd’hui. J’étais toujours en tête au sein des mondes qu’il explorait et j’aimerais dire aujourd’hui qu’il ne s’agissait que de songes très détaillés que nous partagions après quelques cafetières de son étrange mixture. Parfois seulement du café, probablement le plus fort sur Terre (« Il vient d’encore plus loin que ça, ma belle. »), parfois mélangé à … ce qu’il appelait de la roche lunaire broyée (ça n’en était pas vraiment, si ?). Et parfois… parfois, il rajoutait une infime pincée d’une étrange poussière sépia. S’il s’agissait d’une drogue, nous étions sans doute les seuls à la connaitre sur notre bonne vielle planète. Mais ça ne ressemblait pas du tout à un quelconque stupéfiant. Real’ en avait apparemment une petite réserve que je n’ai jamais trouvée. De la « Poussière de Portails ». Je ne sais pas de quoi il s’agissait en vérité mais c’était absolument magnifique. Une poudre si fine qu’elle tenait plus du liquide que du solide, aux reflets iridescents lorsqu’elle était mélangée avec son terrible café. D’après Realder, c’est à un mauvais dosage que je dois la couleur de mes yeux. Initialement bleus-gris, j’ai parfois pu constater en me regardant dans un miroir qu’ils changeaient de couleur, souvent quand je suis énervée. Je déteste cette impression, celle d’avoir deux chandelles rouges à la place de mes globes oculaires. « Et alors Frisca, c’est déjà la nuit ? As-tu pensé à allumer tes feux de route ?! ». Voilà le genre de moqueries auxquelles j’avais droit ! Realder, Cold, Widow et Eva étaient les seuls à ne pas profiter de ma détresse et je pense que Realder s’en voulait terriblement.

Mais je n’ai rien à lui reprocher. Après tout, nous sommes largement quittes puisque c’est moi qui l’ai amené (quasiment de force) dans ce pandémonium. Chernarus a beau être une chouette région, ses habitants sont absolument infects envers les américaines et c’était sans doute pareil avec lui. Entre les uns qui puent la mort et qui cherchent à vous dévorer par tous les moyens possibles et les autres qui vous pointent un fusil à pompe sur la tête, je suis servie. Heureusement que le lien qui m’unit au Voyageur n’est pas encore complètement brisé. Je savais déjà pas mal de chose sur ce Watson Olikotora ou Oliko Watson… Bref, c’est sans doute ce qui m’a sauvé la vie. Si je ne lui avais pas prouvé que je connaissais Realder en lui disant les choses qu’il voulait entendre, je ne serais probablement plus de ce monde. Ou peut-être que si ?
Car j’ai lu le journal de Realder Descendres, ces Journaux Apocryphes comme il les a appelé. Mis à part le fait qu’il les ait écrits en arrachant les pages de « The Call of Cthulhu » (ce qui, en soit, est déjà un blasphème), il y a marqué des choses absolument insensées, même pour moi. Apparemment, il aurait trouvé un moyen pour vivre éternellement. Ce monde offrirait trois possibilités suite à une mort certaine : celle d’être transformée en Créature (les trucs que je découpe généralement à la tronçonneuse), celle de ne pas revenir (par choix ?) ou celle, plus tentante, de revenir en se réveillant sur la plage.

Je ne sais que penser. Le Realder que je connais, cet être calme que je pensais sage serait-il devenu fou ? Entre ses lignes, il a indiqué avoir rassemblé une quantité phénoménale de café, de plomb, et d’acier. Je connais Realder. Lorsqu’il emploi des mots comme « beaucoup », « énorme », « incroyable » et j’en passe, il sous-estime leur sens. Je pense qu’il existe quelque part en ces terres un dépôt de caféine digne de la Banque Mondiale. Pour quelle raison en aurait-il stocké autant ? C’est un mystère, mais je sais par contre ce qu’il est capable de faire s’il combine ses trois ingrédients.
En ce qui me concerne, il ne me reste plus qu’à chercher chacune des personnes mentionnées dans son journal. Le premier, Oliko, je l’ai trouvé. Si tous ont son caractère, je pense que le temps va me paraitre bien long en Chernarus…
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Une Arpenteuse à Frontière d’Acier

Message par Frannie Icesinger Mar 4 Sep - 22:56

Une Arpenteuse à Frontière d’Acier

Watson, le chercheur hautain avec lequel je suis contrainte de faire équipe, m’a emmenée dans cette zone de la carte qui plaisait tant à Realder : Frontière d’Acier, encore un nom issu de l’imagination débordante de mon cher disparu. Il n’y a là-bas que quelques tentes remplies de livres et de petit matériel, ainsi que le journal d’un certain Norman Ross, que j’ai pris la liberté de feuilleter. C’était apparemment devenu un camarade proche de Real’. Après avoir lu leurs journaux, je me suis rendue compte qu’ils partageaient de nombreuses hypothèses communes mais je n’aurai visiblement pas la chance de rencontrer Norman : un cancer a eu raison de lui et il aurait décidé de ne pas revenir, à moins que quelque chose ne l’y ait forcé.
Il flotte une atmosphère désagréable à Frontière d’Acier, et je ne parle pas seulement de la collection de livres et de brassards colorés abandonnée par mon Ami, ni de l’odeur de poudre à canon et de café omniprésente en ce lieu. Non, ce qui me met mal à l’aise, c’est cette démarcation très nette entre la forêt et la vaste étendue herbeuse. Je l’avais déjà vu ailleurs bien sûr, puisque j’avais appris à mes dépens que nous étions piégés ici. Mais à l’époque, je… je ne savais pas que… que c’était cette brume qui m’avait pris Realder !
Olikotora a peut-être perdu sa femme à cause du Fléau, mais au moins, il l’a vu mourir… Bien que j’en sois sincèrement désolée pour lui, moi, je vais me morfondre chaque jour un peu plus ! Il est peut-être là, quelque part, à errer seul dans ce brouillard, sans ma force pour l’aider… Realder… Pourquoi as-tu décidé de t’avancer sans moi au-delà de la réalité ? Pourquoi n’as-tu pas continué à me chercher ? Pourquoi…

Je reprends mon stylo après avoir séché mes larmes. Personne ne m’a jamais vu pleurer et ce n’est pas aujourd’hui que ça va commencer, j’en fais le serment. J’ai toujours mené la danse avec mes amis comme avec mes ennemis. Il faut que je sois forte, que je montre à ce Watson et à tous ceux qui croiseront ma route que je ne suis pas faite du même bois qu’eux !
Pourtant, aujourd’hui, je doute. Olikotora a l’impression que j’ai été envoyée ici dans un but précis, sans doute celui de retrouver Realder et de poursuivre sa quête avec ou sans son aide. A la vérité, je n’ai qu’une vague idée de ce qu’il cherchait à accomplir. Les talkies-walkies qu’il a stocké ici doivent bien servir à quelque chose, il ne les a pas accumulé ainsi par plaisir. Ils ont peut-être un rapport avec ce qu’il a marqué dans son journal ? De la musique et des voix, à moins qu’il ait souhaité envoyer un puissant tir radio quelque part ?

Je suis fatiguée de réfléchir. Et irritée parce que je ne veux pas fermer l’œil avant ce Watson : je n’ai pas entièrement confiance en lui, et c’est réciproque. Quand va-t-il donc éteindre sa lampe, que je puisse dormir également ? La prudence me dicterait d’imposer des tours de garde, mais je préfère encore prendre des risques plutôt que de le savoir éveillé et pas moi. Demain, ce sera une longue journée : nous avons prévu de chercher Relic (un américain et militaire de surcroît, enfin quelqu’un avec qui je vais pouvoir discuter dans ma langue d’origine !). Par ailleurs, j’ai bien envie de faire un tour vers cet emplacement que Watson m’a indiqué sur la carte de la Chernarussie: il s’agit de la dernière position connue d’un certain « Fyfoo ». Ce serait une sorte de docteur de campagne qui aurait trouvé un moyen pour ralentir la propagation du virus EXO et une éventuelle mutation de ce dernier. Je n’y crois pas trop, mais qui ne tente rien n’a rien.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Worlds Collide

Message par Frannie Icesinger Mar 4 Sep - 23:04

Worlds Collide

Ces mots, je les écris dans de bien étranges conditions. J’étais revenue à Frontière d’Acier, épuisée mais contente d’avoir enfin pu trouver un survivant agréable à entendre, ce Fyfoo, membre des « Lost Riders ». Et voici qu’une Distorsion a frappé le monde à ce moment-là. Un Ouragan de Portails. Cette expression, je pense qu’elle vient d’un passé lointain, peut-être qu’elle a pour origine les aventures que nous vivions, Realder et moi. Il ne me reste plus rien, sauf mes précieux journaux : le mien, celui de Norman Ross, et bien sûr, celui de Real’. Etrangement, cette tempête (c’est du moins ce que ça m’évoque) n’a pulvérisé que la couverture de ces écrits. Leurs pages demeurent-elles hors du temps, reliques inamovibles du Grand Vide ? Il y a une sorte de magie derrière tout ça, une technologie à des années-lumière de la nôtre ou une altération totale des règles de la physique. J’ai vécu la tempête et je sais ce qu’elle m’a fait : j’en suis morte.
D’autres que moi ont peut-être vécu le phénomène différemment, c’est possible. Je pense que la mort est différente pour chacun d’entre nous… Ce que j’y ai vu, c’est l’effondrement d’une partie de la réalité sur elle-même, la naissance d’un nouvel univers ou la destruction d’un plan dans son ensemble. Comme parfois, durant nos voyages avec Realder. S’agissait-il de la réalité, de visions ou de rêves ? Je ne saurai le dire. Ce dont je suis certaine, c’est que nous nous échappions toujours avant qu’il ne soit trop tard.
Pas cette fois-ci. Comme d’habitude, mon Realder avait raison : je me suis réveillée sur la plage. Ce que je ne comprends pas, c’est que je m’en souvienne si distinctement et que j’ai réussi à conserver les mémoires de ceux qui ont réfléchi sur la nature de notre prison, et les miennes par la même occasion.

Je regarde peu à peu le monde reprendre sa forme habituelle. Il ne doit plus rien rester de Frontière d’Acier, ni d’Enclave de Plomb. Les radios et les livres de Realder ont été semés aux quatre vents et dissouts dans le Chaos Cosmique. De nos abris de toile, il ne reste plus que des morceaux de tissu flottant dans l’éternité. Nous repartons tous de zéro. Mon Ami serait déçu d’apprendre que son stock d’armes et de munitions n’a servi à rien. J’espère le retrouver bientôt… Qui sait, peut-être que cette tempête d’énergie pure l’aura fait sortir de sa brume ? J’en doute cependant. Tel que je le connais, il n’a dû écrire dans son journal que la moitié des choses qu’il avait compris. Se jeter dans le brouillard ainsi, sur un simple coup de tête…ça ne lui ressemble pas. Il a dû s’y aventurer pour une bonne raison. Quelle douleur de ne pas être avec lui…
L’Ouragan lui a-t-il seulement laissé son précieux café ? Je pense que Realder a pris toutes ses précautions. Si quelque chose a résisté à la destruction, c’est bien ses sacs de grains torréfiés. Soit ils sont enterrés quelque part, soit ils sont cachés à l’intérieur des terres, dans les bois. Et si c’est le cas, j’ai peut-être un début de piste. Le premier ingrédient est là, sous nos yeux. Realder ne serait-il pas parti chercher d’autres ingrédients un peu plus… épicés ?
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty L’Aventure commence

Message par Frannie Icesinger Mar 4 Sep - 23:12

L’Aventure commence

Avec un grand « A » dirait-on. Ces derniers jours ont été les plus excitants depuis bien longtemps. Je n’arrive pas à croire que j’étais encore cloitrée dans une cave il y a environ deux semaines. Bien sûr, j’ai un peu forcé le destin…

Comme toujours, tout commence par de nouvelles rencontres. Sans nouvelles de Watson depuis la tempête, je me suis décidée à arpenter la côte en direction de cette ville, Kamenka. « Arpenter »… Voilà encore un terme qui me colle à la peau. Je suppose qu’on peut me donner ce titre, comme à tous les membres de notre groupe de départ. Pour le meilleur et pour le pire, j’étais, je suis et resterai une Arpenteuse avant tout. C’est avec ses pensées en tête que j’ai rencontré Irwin, en parvenant à « Cherno ».
Irwin Kelor pour être plus précise. Pompier de profession, ce français m’a semblé de prime abord quelque peu lourdaud. Vous en connaissez beaucoup, vous, des gens qui traversent au passage piéton en pleine apocalypse, qui regardent des deux cotés de la route et qui essaient de dialoguer avec les Marcheurs ? Je me suis longtemps torturée l’esprit à essayer de le raisonner, à lui expliquer que notre monde, déjà corrompu à la base, était devenu un véritable enfer. A peine rencontré, j’avais déjà envie de le laisser en plan, de le laisser se débrouiller tout seul avec les zombies.
Mais quelque chose chez lui m’a retenu et au final, j’ai bien fait de rester à ses cotés. Je ne parle pas de ses manières raffinées ni de son côté charmeur, ni même de sa capacité à réparer puis à conduire tout type de véhicules. Non, tout ça, c’est du vent pour moi.
Il y a deux choses qui m’ont incité à rester auprès de lui : la première, c’est que notre crédo « Working to make a better tomorrow for all mankind » m’empêche de laisser ceux qui œuvrent pour le bien en arrière. La seconde et non la moindre, c’est que j’ai parié sur le fait qu’Irwin pouvait changer, s’adapter. Et je ne me suis pas trompée. En l’espace de quelques jours, Irwin a… « grandi », bien plus que ce que je croyais possible au départ. Peut-être l’ai-je influencé. A moins qu’il n’ait eu besoin que d’une impulsion pour se mettre en mouvement… Il s’évertue encore aujourd’hui à appeler les Marcheurs des « Malades » (alors que nous savons tous que ça fait belle lurette qu’ils sont passés de vie à trépas) mais c’est la seule mauvaise habitude qu’il a conservé.
Nous avons vécu de nombreuses péripéties ensemble ces derniers jours, la plupart dues à des véhicules réparés à la va-vite. Car aussi étrange que cela puisse paraitre, ce fameux « Ouragan de Portails » semble avoir eu pour effet de semer en Chernarus des bus, camions et autres voitures un peu partout. Et pas seulement des carcasses, mais bel et bien des véhicules parfois en assez bon état. En tout cas, si ces derniers étaient déjà là avant, ni mon Realder ni Normann Ross ne l’ont mentionné dans leurs journaux. Comme prévu, les choses deviennent de plus en plus étranges ici-bas.

Ces mésaventures ont finalement eu un coté positif : après plusieurs accidents (un arbre de direction démoli, une boite à vitesse qui saute, un pneu qui explose…) et des jours de marche au milieu des Grisâtres, nous avons finalement trouvé refuge au sein d’une petite communauté de survivants accueillants bien que cadrés par des règles extrêmement strictes. Une sorte de village, géré par un homme pour le moins… intrigant. Un mélange entre un cow-boy et un croisé, qui se fait d’ailleurs appeler « Le Chevalier ». Lui et ses compagnons semblent œuvrer à leur manière pour instaurer au sein de ce monde un lieu où il fait bon vivre. Et bien… je n’aurai jamais cru dire (ou plutôt écrire) ça un jour, mais je suis heureuse d’avoir pu m’établir ici, à Rive-bois (ce nom m’évoque quelque chose...), au moins pour quelques temps. Même avec ce règlement, me poser pendant quelques temps ne me fera pas de mal. Bien sûr, j’aurai souhaité disposer de mon entière liberté : être à Frontière d’Acier avec Realder, Widow, Cold et Eva - et aussi Irwin pourquoi pas ?… Mais c’est un rêve qui ne risque pas d’arriver de sitôt.
Je ne devrais pas me plaindre. Je suis en relative sécurité ici. Non seulement, je peux dormir sur mes deux oreilles, entre quatre murs mais je suis également protégée par la milice de Rive-bois. Le Chevalier bien sûr, mais aussi ce fameux « Crocodile Dundee », Syméon il me semble (et d’autres que je n’ai pas croisé assez longtemps pour me rappeler de leurs noms). Qui sont-ils et d’où viennent-ils, je n’en sais rien. Irwin Kelor ne leur fait pas entièrement confiance et je ne peux pas lui en vouloir : moi non plus je ne sais rien d’eux. Mais quelque chose me dit qu’ils ne sont pas comme ces survivants soumis à leurs pulsions les plus bestiales. Car ils abritent un enfant dans ce campement. Un gosse, Maurice Ravel, qui aurait apparemment une quinzaine d’années.
Quinze ans, c’est l’âge d’un adolescent, c’est vrai. Mais ça ne compte pas pour ce petit bonhomme. Apparemment traumatisé par la disparition de ses parents, son esprit semble être resté au stade de l’enfance. Et quand bien même ce ne serait pas le cas, jamais je ne tolèrerais qu’on fasse du mal à un gamin. Je ne sais quel instinct parle pour moi mais Maurice est à lui-seul, un symbole. S’il a réussi à survivre jusque-là, c’est qu’il y a encore un espoir. J’aimerais m’occuper de lui, reprendre son éducation ou au moins lui inculquer les valeurs que je pense justes. Mais je n’en ai pas le temps.

J’ai des tâches qu’il me faut mener à bien. Elles ont été commencées par un être qui m’a abandonné à mon sort et qui m’a laissé seule dans les Méandres de l’Apocalypse.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Riverwood

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 19:41

Riverwood

Qu’il est agréable de se reposer dans la relative quiétude de Kabanino, alias Rive-bois : une pause que j’estime méritée après ces péripéties aux cotés d’Irwin. Je m’acclimate peu à peu à cette vie : Le Chevalier nous a fourni de quoi nous loger, une grande tente militaire et une plus petite, douillette et confortable. J’ai déjà commencé à y stocker le produit de mes expéditions dans les villes alentours. Tout comme d’autres l’ont fait avant moi, je me suis lancée dans la collection de livres. C’est une course amicale que je pratique avec Le Chevalier puisqu’il apprécie aussi la lecture. Pour la première fois depuis bien longtemps, j’ai enfin l’impression de pouvoir profiter un peu de ce monde, bien qu’il reste hostile et dangereux dans l’ensemble. Ce village n’en est pas moins un petit cocon de tranquillité, à mi chemin entre l’immense tour radio de Green Mountain et le vaste aéroport militaire, l’Airfield, que Realder semble avoir traversé si souvent.
Je ne suis pas comme lui, même si je le comprends. Là où mon cher disparu préférait protéger son corps d’un lourd harnois balistique (ce que m’a indiqué Olikotora), je me contente d’un équipement plus léger et qui reflète bien ma nature. C’est toute de noir vêtue que j’arpenterai Chernarus - à l’exception des brassards orange des Arpenteurs : veste en cuir, jean ou cargo, converses aux pieds, gants de riders… Quitte à mourir, autant mourir avec style. Il ne me manque plus qu’à modifier ma radio pour émettre autre chose que des grésillements, comme savaient apparemment le faire les alliés de Real’.

Je me fais peu à peu ma propre idée sur ce monde et je me rends compte que je n’ai pas à suivre aveuglément les traces de Realder. Certes, un lien nous unit toujours, aussi fin soit-il. Mais rien ne m’oblige à me retirer loin de tout, près des froides frontières boisées de Chernarus ou bien au milieu des arêtes de pierre acérées. J’ai gardé mon libre-arbitre et je poursuivrai la voie du Catalyseur comme bon me semble. De toute façon, je crains de n’avoir pas le choix.
Car des rumeurs ont commencé à circuler à Kabanino : La R.E.D, l’une des factions les plus influentes de Chernarus (accessoirement le cauchemar de Realder et de son ami Ross d’après leurs journaux), aurait fini par se fractionner. De cette scission seraient nés deux groupes. Le premier, dirigé par le leader initial, Xia Wong Meïg, ne partagerait pas l’idéologie exacerbée du second. En résumé, le fanatisme de certains membres de cette faction aurait franchi un nouveau seuil. Je pense qu’il est temps de faire quelque chose à ce sujet. De telles entités doivent être mises hors d’état de nuire une bonne fois pour toutes ou doivent se ranger dans le camp de ceux qui essaient d’organiser le monde de manière pacifique. J’ai rencontré un des membres de cette équipe et j’ai entendu ce qu’il m’a dit : derrière ses belles parole, il m’a annoncé que Zelenogorsk était « sa ville » et qu’il se permettrait de réquisitionner tous les bérets et brassards rouges qu’il trouverait. Notre dialogue s’est déroulé sans violence, je lui accorde ce point. Mais qu’en aurait-il été si j’avais disposé d’une de ces marchandises ? Je refuse d’accepter ce genre de choses : l’Histoire a montré que ça ne pouvait que s’envenimer. En acceptant pareilles sornettes, on finit par jeter des livres au bucher et des gens au goulag. Ce n’est pas digne d’un monde sain, pas plus pour un survivant que pour un gosse comme Maurice.
Pire encore, des bribes de conversations sont parvenues à mes oreilles : on dit que la R.E.D est en partie responsable de la chute des Lost Riders. Fyfoo ! Si c’est vrai, il va falloir que j’aille enquêter sur place, voir ce qu’il en est de mes propres yeux ! Je me fiche de la façon dont Fyfoo et ses Losts produisaient ce fameux remède. L’important, c’est que ça marchait, plus ou moins bien, certes, mais ça fonctionnait ! C’est eux qui m’ont immunisée en partie contre le virus EXO et je sais que Realder les appréciait beaucoup pour ce qu’ils accomplissaient.

Encore une fois, je vais devoir prendre la route. Irwin m’accompagnera peut-être, ainsi que Watson si le cœur lui en dit (j’aimerais autant qu’il ne vienne pas si c’est pour me lancer son habituel regard noir). Une chose est sûre, je ne suis pas comme Realder : moi, j’ai choisi mon camp. Je ne chercherai pas le conflit, mais si je croise à nouveau ce Yinho Mokoto, je tenterai de lui tirer les vers du nez.
Je vais rester ici encore un ou deux jours je pense. Soigner mes bleus, m’occuper de mes affaires, et relire une fois ou deux les Journaux Apocryphes. Puis je partirai au Nord de l’Airfield, là où j’ai croisé Fyfoo pour la dernière fois. J’espère qu’il va bien. Le sort de Chernarus en dépend, et peut-être même celui du monde une fois que j’aurai trouvé le moyen de dissiper la brume.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Les réflexions d’Icesinger

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 19:43

Les réflexions d’Icesinger

J’ai relu plusieurs fois les Journaux Apocryphes de Realder Descendres. Il faut bien ça pour parvenir à percer les multiples strates de son écriture tortueuse et compliquée. Mais comment pourrait-il en être autrement ? C’est l’image même de son cœur qui transparait dans ces pages, un épais volume qu’il a pris soin de façonner à son image. Irwin ne l’aime pas beaucoup j’ai l’impression, mais je ne m’en soucie plus. Je le comprends tout à fait néanmoins: le nom de mon Ami est présent dans chacun des chapitres de mon propre journal. Même disparu, Realder fait toujours parler de lui et je ne peux m’empêcher de le citer ou de suivre le cheminement de ses pensées.
Il y a une raison à cela, et pas seulement due au fait que nous partageons la même idéologie. J’ai étudié ses textes les plus noirs et les plus ésotériques. Mon nom aussi y apparait souvent, et pas toujours d’une manière flatteuse. Je pense que c’est dans ces éclats de rages et ces mots chargés de passion qu’il a placé ses souvenirs les plus intimes et les plus forts. De ce que j’ai pu constater, Real’ n’était pas fou lorsqu’il écrivait ces mots, ni même drogué à la caféine. Au fond de lui, il a toujours été comme ça et tous les Arpenteurs le savent. Chacun des étranges paragraphes qu’il a rédigés m’évoque quelque chose, et ce n’est pas toujours agréable. Il ne me reste qu’une chose à faire pour en comprendre pleinement le sens. Et avec ce qui m’est arrivé… tout devient soudain beaucoup plus simple.

Comme toujours : Realder avait au moins trois longueurs d’avance sur n’importe lequel d’entre nous. Il avait compris qu’il était possible de se jouer de la mort, même s’il n’en avait pas détaillé les effets avec précision dans son journal. En ce qui me concerne, je me souviens de peu de choses et je m’empresse de les marquer ici avant qu’elles ne s’estompent. Par ou commencer…J’ai vécu ma mort par deux fois, à moins qu’il ne s’agisse que de cauchemars particulièrement détaillés. Partons du principe que ces horribles instants au sein du néant sont bien réels. Ma première mort, je la dois à la tempête, à cet Ouragan de Portails qui a ravagé Chernarus. Mais ça, je l’avais déjà mentionné auparavant. Ce soir, c’est à ma deuxième fin que je fais allusion. J’ai été tuée de sang-froid… Mais sans aucun doute l’avais-je bien cherché.
Un message m’est apparu dans le néant, et c’est en lui répondant que je me suis retrouvée quasiment nue sur la plage, trempée par les embruns et par une pluie battante. A nouveau moi-même, Fran Icesinger, la Chanteuse des Glaces : Frisca. C’est bien mon corps, pas de doute : jusqu’au tatouage sur mon épaule, jusqu’à mes yeux, qui luisent en ce moment dans la nuit. Le Grand Vide est capricieux aujourd’hui : il me rappelle que je ne suis finalement que le Bouclier de Realder - ou plutôt de celui qu’il était avant de tracer la voie de sa rédemption. Peut-être aurais-je dû répondre autre chose à cette étrange lumière… La mort définitive, existe-t-elle vraiment ? J’ai choisi de l’ignorer : il me reste quelque chose à accomplir ici-bas. Et je ne parle pas de ce qui m’a mené à ce point de non-retour.
Comme l’avait dit mon cher écrivain, qu’elles se débrouillent entre elles ces factions maudites. Pour venger un seul homme, j’ai pris d’énormes risques, j’ai fait de mauvais choix et voici le résultat. Trahie, mon essence brisée et ramenée malgré tout d’entre les morts pour honorer ce qui fait de moins une Arpenteuse. Alors que même Realder m’a laissé seule à diriger son navire dans la tourmente, à travers les flots affamés du temps et de l’espace. Avant de rendre mon dernier soupir pour la seconde fois cependant, j’ai senti quelque chose : une voix, d’où qu’elle vienne, a murmuré mon prénom. Pas celui que les Arpenteurs m’ont donné lorsqu’ils m’ont tendu la main, mais celui que j’ai reçu à la naissance : Fran. Je n’ai pas rêvé : il y avait dans cette salle d’interrogatoire quelqu’un ou quelque chose qui n’appartenait ni aux Arpenteurs, ni à la R.E.D, ni a aucune équipe encore active sur Chernarus. Ce n’était pas non plus les paroles lancinantes de Realder, ni celles de la brume qu’il entendait parfois.

Que diront-ils lorsqu’ils me reverront ? Aurai-je à nouveau droit à une ou deux balles bien placées ? Je ne peux que me l’imaginer. En ce qui me concerne, c’est du passé pour moi. Je ne regrette qu’une chose : j’ai entendu la voix de Maurice avant de sombrer et j’espère qu’ils ne lui ont rien fait. Mais même dans ce cas, j’ai peur qu’il ait assisté à mon exécution. Si c’est le cas, me rejettera-t-il si je parviens à retourner à Rive-bois ? C’est que j’avais fini par l’apprécier moi, ce gamin… Derrière le rempart de ses injures et de ses bêtises, il reste à n’en pas douter bien plus honnête et bon que n’importe lequel d’entre nous.
De tous les autres, tous ceux qui ont assisté à mon interrogatoire puis à ma mort de leur plein gré, aucun n’a eu la présence d’esprit de me poser les bonnes questions. Ils étaient trop contents d’avoir attrapé Fran Icesinger, pensant que j’étais une figure de proue de la lutte anti-R.E.D. Ils m’ont donné une importance que je n’avais pas ; ils verront bien en arrivant à Frontière d’Acier que je ne leur mentais en aucun cas. C’est trop tard pour eux maintenant. Cette histoire m’a convaincu d’éviter de chercher à nouveau à m’immiscer dans les affaires du commun des mortels. Ils me croient morte et c’est tant mieux. Je sais désormais qu’ils se fichent éperdument du stock de café que Realder a caché en Chernarussie et qu’ils ignorent tout de mes véritables desseins. J’en sais également plus long sur Irwin. Et à vrai dire, ça ne me fait ni chaud ni froid. Peu importe la raison pour laquelle il m’a vendu aux brassards sanglants. Je ne lui en veux même pas. A dire vrai, il m’a déçu, mais ce n’est qu’une contrariété parmi tant d’autre. Il a profité de ma solitude pour obtenir ce qu’il voulait puis m’a finalement vendue à ceux qui me recherchaient, sans doute contre rétribution ou pour satisfaire son orgueil.

J’ai la voie libre pour faire ce que je veux. De tous ceux que j’ai rencontré, c’est finalement avec Watson, alias Olikotora, que j’ai le plus le plus de chance de m’en sortir. Seule ou avec lui, je tracerai ma route en parallèle de celle de mon Realder. D’autres que moi se sont écartés du monde et pour ce que je compte obtenir, il me faut les retrouver : ou est ce Relic qui semblait savoir tant de choses sur les mystères du Fléau ? Je n’ai entendu parler de lui que très rarement alors que mon cher écrivain semblait lui accorder une grande importance. Peut-être qu’il sait ou est sa réserve de café ? Quoiqu’il en soit, à moins que l’on m’accepte encore à Kabanino, je n’ai nulle part ou aller : Il ne reste plus rien à Enclave de Plomb depuis la tempête et Frontière d’Acier va sans doute être prise d’assaut d’ici peu.
Je pense avoir retranscrit l’essentiel ce soir. Je suis épuisée mais ça en valait la peine : si je me réveille demain avec l’impression d’émerger d’un rêve, il me suffira de lire mon journal pour me rendre compte qu’il s’agit de la vérité - ou d’une vérité. Le multivers est vaste et ses possibilités sont infinies.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Un monde à part : Premier Flocon

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 19:46

Un monde à part : Premier Flocon

J’en ai vécu des aventures, mais les rebondissements qui ont suivi ma mort puis ma… renaissance sont dignes de figurer dans les archives des Arpenteurs. En l’espace de quelques jours, j’ai dû goûter à toutes les saveurs des émotions humaines : effroi, colère, soulagement, joie, tristesse… Ce banquet n’a laissé aucun repos à mon esprit et m’a laissé tremblante, incapable de faire autre chose que de rédiger ce journal qui commence à prendre la même forme que celui de Real’. Ces tournures de phrases, ces demi-mots et leur sens caché, ce sont les siens. Mais c’est mon histoire que je raconte sur ces pages, la mienne seule. Si tu en as le temps, Lecteur, Lectrice, alors viens, je t’en prie. Tu ne me rencontreras peut-être jamais car je ne sais pas combien de temps il me reste : après tout, je suis déjà morte au moins deux fois dans ce monde. Et d’autant que je m’en souvienne, mon  corps a également été brisé dans d’autres univers, à l’époque - pas si lointaine - où je parcourais encore le Grand Oignon Cosmique aux cotés de ceux dont j’ai oublié les noms.

C’est aussi simple que ça. L’oubli est le suprême refuge mais cette chance ne m’a pas été accordée. Lorsque je suis retournée à Rive-bois, je n’avais rien oublié de ma sinistre péripétie. Pourtant, on m’a accueillie à nouveau. Avec circonspection, certes, puis avec plus de chaleur lorsqu’on m’a reconnue. Je n’ai pas été chassée du village ni même rejetée par les Templiers alors qu’ils avaient toutes les raisons de me haïr. N’ai-je pas amené un conflit jusqu’à leur porte ? Et pourquoi ne me considèrent-ils pas comme une revenante, ou pire, comme ces Grisâtres qui hurlent dehors ? Je suis toujours la même mais ils savent ce qui m’est arrivé. Alors pourquoi m’accepter ? Je ne chercherai pas à le savoir. Ce dont je suis certaine, c’est que je ne me suis pas trompée à leur sujet : Le Chevalier, Syméon Zavos, Yuri… Ces gens sont tout simplement formidables. Qu’importent leurs excentricités ? Le Chevalier peut bien cacher son corps et son visage sous son lourd harnois… Syméon peut bien vivre dans sa mélancolie comme il le souhaite et adopter le style de Crocodile Dundee. Je me fiche de ce que les autres peuvent penser d’eux. Ils ont cent fois prouvé que leur cœur était bon et je ferai tous les efforts possibles pour en faire autant.
Je me sens tellement stupide. Pour ça et parce que  mon chemin a croisé celui de Yinho Mokoto une nouvelle fois. L’homme qui a tiré sur moi n’y est pour rien. Il n’est pas responsable de ma mort car il m’avait laissé le choix. Par orgueil et par défi, je lui ai tenu tête, alors que je n’étais pas en position de revendiquer quoique ce soit. Par ennui, j’ai pris part à un conflit qui n’était pas le mien, plaçant ma vie sur la balance, convaincue de mon retour parmi les vivants. En cela, j’ai fait confiance aux écrits de Realder… et heureusement, il avait raison, comme toujours. Mais là n’est pas le problème : Yinho ne pouvait croire en mon retour à Kabanino. Si j’avais continué à lui parler seule à seul, m’aurait-il à nouveau envoyée dans le néant ou serait-il devenu fou ? J’ai fait une terrible erreur : en refusant de travailler avec la R.E.D, j’ai mis Olikotora en danger. Et pourtant, c’est lui qui est venu débloquer l’impasse dans la laquelle nous nous étions enlisés. Car c’est bien Oliko qui a expliqué à ce Mokoto la raison de ma « résurrection » et toutes les théories qui en découlent. A force de traverser Chernarus aux cotés de mon cher écrivain, Watson a du troquer une partie de son esprit rationnel contre quelque chose de plus… spirituel. Pourtant, je suis intimement convaincue qu’il existe une explication à tous ces phénomènes. Je n’aurai jamais cru voir ça un jour mais Oliko va peut-être mettre quelques unes de ses compétences au service de la R.E.D. Je me suis sentie tellement idiote face à Yinho. Dans l’histoire, ce n’est pas lui le méchant communiste. C’est bien moi qui suis responsable de cette tension, du moins en partie. Je n’aurais jamais dû écouter Wong : je pensais œuvrer pour une noble cause alors qu’il ne s’agissait que de la vengeance d’un homme contre sa propre création. Yinho Mokoto et ses alliés me pardonneront-ils et accepteront-ils ma présence en Chernarus ? Je le constaterai par moi-même. Si je suis ignorée, je pourrai toujours essayer de finir mes jours à Rive-bois… à moins que je décide de rejoindre Realder dans la brume.

Lorsque j’ai rencontré Olikotora, je n’ai pas compris comment Real’ avait pu lui accorder sa confiance, et mieux que ça, sa considération. Je le sais maintenant : Watson a peut-être des défauts mais il est droit, juste, et bien plus réfléchi que moi. Ces derniers jours, je n’ai fait qu’accumuler les erreurs : j’ai fait confiance aux mauvaises personnes, j’ai joué avec le feu et j’en ai payé le prix. Mon moral est au plus bas : j’ai l’impression d’être un poids pour tous ceux qui essaient de faire changer les choses, en bien comme en mal. Comment auraient réagi les autres Arpenteurs ? Suis-je réellement digne d’en faire partie ? Je n’ai pu m’empêcher de remarquer le brassard orange sur le bras d’Olikotora. S’il savait… Il ne porte qu’une partie de nos couleurs. Orange sur fond noir, voilà ce qui nous différenciait des simples Veilleurs. Toutes ces choses me reviennent en tête avec un peu de ce café que j’ai trouvé sur la route. Ce ne sont pas les grains chargés de puissance de Realder mais ça fera l’affaire.
Je garderai cette boite près de moi en attendant de mettre la main sur la cache Lambda légendaire. Il me reste encore beaucoup de choses à noter dans mon journal. Des choses qui ont un rapport avec les deux personnes que j’ai rencontré dernièrement… Mira bien sûr, la nouvelle arrivante à Rive-bois, et cet étrange individu… Il y a quelque chose qui cloche chez lui, et je ne parle pas de son état mental. Il y a des auras qu’on n’oublie pas. Le Grand Vide laisse sa marque sur ceux qui prennent le risque de s’y plonger…
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Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 19:49

Un monde à part : Tempête de Neige

Au début de notre histoire, le monde a sombré dans la panique. Ce n’est qu’après la seconde mutation du virus EXO que des équipes de choc, les fameuses « Team Alpha » ont été envoyées ici pour faire leurs petites affaires. Comme toujours, c’est grâce à la mine d’informations laissée par Realder que j’ai appris qu’il restait peut-être quelques membres de cette équipe ici-même, en Chernarus. En suivant sa voie, je comptais les trouver. Et je n’ai pas été déçue.

C’est sur Roger que je suis tombée. Un américain malgré un nom typiquement français. Un homme étrange aussi, qui n’a pas voulu retirer son masque à gaz de son visage, ni la casaque de pompier qu’il portait sur la tête. Cache-t-il quelque chose sous ces lourdes protections de métal et de polymères ? Si c’est le cas, il n’a pas voulu me le montrer et je respecte son choix. Après tout, j’ai moi-même toujours une paire de lunettes d’aviateur sur moi, dans le cas où mes yeux voudraient encore me jouer des tours. J’ai cependant vite compris que le dialogue risquait d’être à sens unique : Roger est aussi peu loquace que Syméon « Sauce » Zavos. Si je lui ai imposé ma présence, c’est parce que j’avais mes raisons : je voulais noyer mon chagrin loin de Rive-bois, dans ce bar dont plusieurs survivants m’ont parlé et vers lequel il se dirigeait. Il existerait en effet un groupe de mercenaires reconvertis en vendeurs de boissons fortes vers l’ancien aéroport de Krasnostav. Ce soir encore, je me dis qu’il faudrait que j’aille y faire un tour. Je n’ai jamais vraiment apprécié l’alcool mais si je peux oublier mes malheurs ne serait-ce qu’un temps… cela vaudra bien un mal de tête carabiné au réveil. J’en ai assez de me réveiller toutes les nuits avec des sueurs froides, en repensant à la trahison d’Irwin… à son regard froid lorsqu’il est revenu lui aussi d’entre les morts… au souffle brulant de la balle qui a ricoché sur mon crâne et à celle qui a mis fin à mes souffrances en traversant ma nuque… C’est un fardeau trop lourd pour moi. J’ai toujours joué les dures à cuire face à l’adversité. Mais aujourd’hui, privée de mon soutien le plus cher, seule face à tous ces inconnus, je ne me sens pas de taille à lutter.

Pourtant, il a bien fallu que j’engage un spectre de conversation avec Roger. J’aurai pu lâcher l’affaire, surtout compte-tenu de mon état. Mais je ne l’ai pas fait. Parce que nous n’étions pas seuls sur le chemin que nous avons emprunté. A travers ses marmonnements et ses éclats de colère, j’ai cru comprendre que quelque chose rongeait l’esprit de l’ancien membre de l’équipe Alpha. Une sorte de lien, de fantôme… Une âme en peine à la limite entre deux mondes, un certain « Carl ». D’aucuns pensent peut-être que Roger est fou et je serais tentée d’aller dans leur sens. Mais quelque soit sa névrose ou l’entité qui l’habite, elle ne lui a pas moins permis de savoir des choses qu’il n’avait pas à connaitre. Mon nom par exemple, alors que je ne lui avais jamais dit. Et d’autres informations encore. Cet homme baigné de mystère, il me faudra le retrouver. Nous avons été séparés lorsqu’une meute de loup nous a attaqués dans les bois, alors que nous venions tout juste de trouver un vieux V3S décrépit mais fonctionnel. D’où venaient-elles ces bêtes sauvages ? Roger - et surtout son fantôme - semblaient les connaitre, comme s’ils avaient déjà eu affaire à eux. Dans ma fuite, poursuivie par la horde, j’ai cru entendre une voix les appeler : « Parle aux Ombres », « Œil de Nuit »… et bien d’autres noms encore. La même voix que celle qui a murmuré mon prénom avant que l’on m’exécute, j’en suis sûre.
Qu’est-ce que ça veut dire ? Je ne le saurai que lorsque j’aurai retrouvé Roger et son… parasite. Les loups m’ont écarté d’eux et m’ont finalement laissé partir après avoir essuyé quelques coups de mon canon scié. Avant de tomber dans l’inconscience, griffée, mordue, entaillée de toute part et percluse de fatigue, j’ai dû en tuer trois ou quatre, brisant ainsi la cohésion de la meute. Il s’en est fallu d’un cheveu… Aurais-je sombré une troisième fois dans l’au-delà ? Je préfère ne pas me poser la question. Ce soir, je m’estime heureuse d’être revenue à Rive-bois en vie. Il me reste encore à parler de la jeune fille fraichement arrivée ici et je ne veux pas m’attarder plus que ça sur ce qui s’est passé dans ces bois sanglants.

Elle s’appelle Mira. Mira Noskov, chernarussienne et militaire de profession du haut de ses 22 ans. Autant que je l’écrive tout de suite : elle est follement amoureuse d’Irwin Kelor, celui-là même qui m’a jeté en pâture à la R.E.D lorsque j’en avais encore quelque chose à faire. Je pourrai la détester pour cela mais tout ce que j’arrive à ressentir pour elle, c’est de la tristesse, et peut-être de la pitié. Le cœur a ses raisons que la raison ignore après tout. Et son histoire est si semblable à la mienne… Elle aurait pu retrouver Irwin si elle avait atteint Rive-bois il y a encore quelques jours. Tout comme pour moi et Realder Descendres. Si j’étais sortie plus tôt de ma cachette, rien de tout ça ne serait arrivé… Pourquoi devrais-je lui en vouloir ? Je ne l’ai pas encore jugé mais elle m’a tout l’air d’être une enfant qui a dû grandir trop vite au sein d’un monde de plus en plus ravagé. Et elle n’a jamais vu Irwin autrement qu’en photographie : d’après ce qu’elle m’a raconté, leur relation était plutôt platonique… En cela, son histoire s’oppose à la mienne, mais les sentiments demeurent inchangés. Qu’il soit consommé ou non, l’amour est une douce musique, une mélodie suave dont on n’entend plus que quelques notes ici-bas. En Chernarussie, rares sont ceux qui peuvent encore se vanter de compter un être cher dans leurs rangs.
J’ose espérer pour Mira qu’Irwin tenait vraiment à elle et qu’elle n’était pas son jouet. Irk devait l’aimer à en juger par ce que la jeune fille a retrouvé dans sa tente. Ni plus ni moins que son arme, sans crosse et avec son nom gravé sur la carcasse. La militaire m’a confirmé qu’il s’agissait bien de son arsenal qu’elle croyait avoir perdu suite au pillage de sa caserne. Irwin n’était peut-être pas l’homme enfermé dans le carcan des règles et des bonnes manières que j’avais rencontré au départ, ni l’être froid et calculateur prêt à trahir ses alliés selon son envie. Il était peut-être quelque chose entre les deux et devait avoir ses raisons…

Ce café me dit que je ne me trompe pas. J’entends presque Realder acquiescer de l’autre coté du lien qui nous unit encore. Est-il seulement toujours en vie ou est-ce l’ombre de son cœur que je sens battre à la limite de ma conscience ? Qu’importe. Tout comme Irwin, je suis sensée trainer nombre de casseroles derrière moi. Peut-être bien plus que tu ne peux l’imaginer, cher Lecteur, chère Lectrice. Je ne vois pas le passé de mon âme avec autant de clarté que ce que Real’ pouvait contempler ou entendre. Mais des bribes de souvenirs dansent tout de même au fond de ma mémoire. Et ces paroles que je vais jalousement enfermer ici, ce ne sont pas les miennes.

« Une tour se dresse dans le lointain. Un écho des plus odieux en est projeté par-delà le Grand Vide et la Vortessence se trouble d’images terribles. Cette cacophonie porte dissonance à la Musique des Sphères alors hâte-toi vers cette Aiguille de Fer, ma belle, et arrache quelques secrets à ce Monde Clé. »
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Un monde à part : Blizzard Tourmenteur

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 19:52

Un monde à part : Blizzard Tourmenteur

Je t’ai entendu et comme tu le désirais, j’y suis allée. Mais pas pour toi, Realder. Pourtant, chaque seconde qui passe, je ne cesse de penser à toi : tu me manques terriblement mais je te déteste aussi car tu m’as abandonné. Sans toi, les Arpenteurs sont livrés à eux-mêmes et tâtonnent dans le noir pour retrouver leur chemin. Là-haut, à Altar, je suis la seule Veilleuse à avoir vu ce qui s’est passé et par ta faute, je vais à nouveau devoir jouer en première ligne. Te rappelles-tu seulement de ce que tu avais écrit dans ton journal ? « Il y a quelque chose là-haut qui nous observe ». J’ai pris grand soin de tes écrits et de ceux de Norman Ross pour toi. Visiblement, je n’aurais pas dû. Ces ouvrages, je ne sais par quel noir rituel tu les as marqué, mais ils se réparent d’eux-mêmes. Le tien, « The Call of Cthulhu » dispose à nouveau de sa couverture et son encre semble pulser comme le sang d’un dragon endormi. Celui de ce Ross que je n’ai pas connu est encore en mauvais état mais peu à peu, son titre redevient lisible : « The Metamorphosis ». Je disposais déjà de deux artefacts dans ma tente mais le destin ou un quelconque coup du sort a voulu que je devienne la gardienne d’autres reliques, des choses qui n’appartiennent peut-être même pas au monde dans lequel j’ai échoué.
A la mort de Roger -car c’est bien de cela qu’il s’agit- une boite jaune est tombée quelque part. Elle a fini par atterrir près de moi, notamment grâce à Mira Noskov. Une intuition - ou peut-être plus que ça- et la boite était cachée dans mon sac, protégée par quelques épaisseurs de cuir et de tissu. Je cherche encore à quoi ces objets pourraient bien servir. Ce dont je suis certaine, c’est qu’ils ont traversé au moins une fois le Grand Vide. Roger… avais-tu seulement conscience du trésor que tu transportais dans ton sac ? J’ai nettoyé chacun de ces éclats, tous, sans exception. Au-delà de leur valeur et de ce qu’ils veulent nous murmurer, j’ai pu récupérer quelques grammes de poudre sépia. De la poussière de Portails. Rien de moins que l’un des plus grands cadeaux de Multivers.
Je ne sais pas d’où tu venais, Roger Troutmann. Peu m’importe si j’écorche ton nom. Tu répondais à plusieurs titres : Roger, « Tom le Chat », peut-être même Relic. Ta mort, dont je vais parler dans mon prochain paragraphe/monologue a été brutale et m’a profondément affectée. Nous ne nous connaissions pas bien, mais je comptais sur toi pour en apprendre plus sur les mystères de ce Cloaque. Tu as répondu à certaines de mes questions mais ta fin en a soulevé bien d’autres…

Ça s’est passé à Altar. Les deux tours d’acier ont longtemps chuchoté entre elles à travers nos radios, nos talkies-walkies et nos transistors. C’est là-bas que nous nous sommes rejoins. Olikotora et Mira étaient avec moi. Plus tard, les Anciens Survivants et même quelques membres de la R.E.D se sont présentés, ainsi que le Chevalier et des gardiens de Rive-bois. Roger s’est levé face à nous et nous a expliqué ce qui nous rassemblait là-bas.
Quelque chose vient vers nous. A grand pas. Mon cher écrivain ne regardait que le ciel et brandissait vers lui un poing rageur. Mais c’est de la Terre elle-même que nous devons nous méfier apparemment. Je l’ai bien vu : tout au long de son discours, le « vieux » militaire Roger Troutmann a tout fait pour nous ramener sur le droit chemin. Il a lourdement insisté sur la nécessité de créer un lieu communautaire, où chaque groupe de survivants, chaque individu pourrait travailler ou discuter librement avec ses pairs et ses semblables. Un lieu comme Kabanino mais équipé d’un centre de recherche. Car pour trouver des réponses, il faut bien des questions. Et pour répondre aux questions, il faut bien des gens qui réfléchissent. Peu importe qu’ils fassent partie de la Black Trinity, de la R.E.D, des Lost Riders, des Anciens Survivants ou qu’ils soient seuls. Nous avons besoin de ce complexe. Et j’y crois encore plus avec ce qui s’est passé.
Un héros est mort il y a quelques jours. Un second en si peu de temps. D’abord Fyfoo puis Relic -s’il s’agit bien de l’un de ses noms de code. Un tireur embusqué l’a fait chuter alors qu’il parlait de choses cachées, peut-être d’un peuple « sous la montagne ». C’est sans doute la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Tous ceux qui étaient à Altar ce soir-là se sont rués loin des deux antennes, la plupart suivant une étrange voix leur indiquant une position bien précise. La suite de cette inquiétante soirée est floue dans ma mémoire. Je me souviens que nous avons été ramenés sains et saufs en bus par un  certain Josef, un homme fort sympathique que l’on pourrait qualifier d’as du volant. Conduire un truc pareil sur de petits chemins de terre boueux sans s’enliser relevait plutôt du miracle à mon humble avis. Pourtant, nous sommes finalement parvenus en un seul morceau à Riverwood. C’est d’ailleurs là-bas que Wouff, l’énigmatique homme des bois, m’a donné un livre… Pas n’importe lequel : le dernier objet qui manquait dans la boite jaune de Troutmann. Pour la simple et bonne raison que ce livre était caché dans un ours en peluche, un petit Teddy Bear que nous refusions de donner à celui qui vit avec les loups.
Après mûres réflexions, je m’en veux un peu de n’avoir pas pris le temps de ramener ces peluches à Wouff également. Maurice est peut-être le seul « enfant » encore présent en Chernarus mais Wouff, même s’il est plus vieux, dispose également d’un esprit… libre, simple, et peu soucieux de nos turpitudes. Nous les jugeons simplets mais finalement, ce sont peut-être eux qui ont raison. Par ma faute, j’ai failli perdre l’un des artefacts de Relic (je commence à peine à comprendre ce jeux de mots) et c’est pour cela que j’ai vendu la mèche à ceux en qui j’avais confiance.

Olikotora tout d’abord : je ne pouvais l’écarter de mes confidences. Et les Lost Riders également. Ceux qui m’ont rencontré le savent, s’il existe un groupe en qui j’ai confiance, il s’agit bien des Lost. Je me fiche de leurs querelles avec les autres survivants. Pour moi, ils ont assez trinqué comme ça. Roberto n’est plus que l’ombre de lui-même et Stephen Cigale doit gérer à lui seul une équipe de plus en plus réduite. Ils auraient bien besoin d’un petit coup de main et si je peux leur fournir de l’aide, je n’hésiterai pas.
Mais plus de conflits. Je ne participerai plus à ce genre de chose. Pas avec les survivants de Chernarus en tout cas, à moins que l’on ne cherche à me stopper dans mes voyages. Car je reste avant tout fidèle à ce que je suis. Nous avons longuement parlé avec Olikotora et les Lost Riders encore présents. Ce centre de recherche, il nous le faut. Je compte sur Watson pour avertir la R.E.D avec diplomatie - ou ne pas la contacter du tout. De mon coté, j’ai déjà commencé à rassembler du matériel. Rien d’aussi lourd et meurtrier que ce que Realder avait pu stocker bien sûr. Mais je pense que je ne me débrouille pas trop mal…

De toute manière, il fallait bien qu’Oliko s’y attende. Et même si j’ai rencontré des gens formidables à Rive-bois, comme Mira ou le dernier en date, cet Alex Walker, il n’y a qu’un endroit où je me sentirai vraiment chez moi.
Un sanctuaire de paix dans le grand Nord, loin, très loin de tout. Une petite plaine à la limite de la brume, aux riches parfums de terre. Des souvenirs aussi, surtout pour Olikotora s’il accepte d’y retourner quelques temps. Il y flotterait presque une vague odeur de poudre à canon c’est vrai… Mais ce sont surtout les fragrances du café qui subsistent, et pas n’importe lequel, ça non ! Tu l’auras compris, toi qui a lu jusqu’ici : Frontière d’Acier, c’est chez moi aussi.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Un monde à part : Maelström d’Enfer

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 19:53

Un monde à part : Maelström d’Enfer

Je profite de ces quelques jours au sein de la quiétude de Riverwood pour réfléchir à tout ce qui s’est passé ces derniers temps. Les récents évènements d’Altar ne représentent que la partie émergée de l’iceberg, il s’agit bel et bien de changements qui vont impacter la vie de chacun des humains encore présents en Chernarus. Nous ne pourrons y couper, c’est certain. Mais ce soir, ce sont des sujets plus personnels qui me préoccupent.
Mira n’est pas revenue depuis notre dispute d’il y a quelques jours et je m’inquiète pour elle. En même temps, c’est elle qui a lancé ce sujet sur la table. Mais j’ai bien peur qu’elle n’ait raison : j’aimerais la revoir pour lui expliquer ce que je ressens. Je sais ce qu’elle me reproche : depuis que j’ai rencontré cet Alex Walker, je ne lui accorde plus vraiment ma compagnie. Pire encore, c’est comme si j’avais oublié… ce qui… ce qui a failli se passer entre nous. Nous avons toutes et tous besoin de chaleur et de tendresse de temps en temps, surtout dans ce monde brutal, hostile et décrépi. Les choses auraient-elles été différentes si nous nous étions avancées plus loin sur ce chemin ? Je ne peux que l’envisager. Est-ce un mal de désirer profiter de quelques instants de bonheur lorsque la nuit tombe ? Je ne pense pas trahir Realder de mon point de vue et je ne pense pas non plus qu’elle souhaitait salir la mémoire d’Irwin. Ce soir, j’ai seulement peur d’avoir perdu une amie…
Je ne peux pas en vouloir à Alex Walker. Ce nouvel habitant de Rive-bois est l’un des seuls à m’avoir vraiment écouté depuis que je me suis installée ici et c’est tout naturellement que je me suis prise d’affection pour lui. Quant-à lui, je ne sais s’il se comporte ainsi avec toutes les filles qu’il croise ou s’il a vraiment jeté son dévolu sur moi. L’avenir seul me le dira. Il est de toute façon encore trop tôt pour que je le mette dans la confidence. Ce que j’ai commencé à réaliser avec Olikotora et les Lost Riders restera secret tant que je n’aurai pas une entière confiance en lui.

Je ne sais plus vraiment ou j’en suis. Il me reste tant de choses à faire… Je pourrais tout laisser tomber et me contenter de vivre simplement, à Rive-bois ou ailleurs. Après tout, même si ce monde n’est pas des plus enchanteurs, j’estime que nous ne sommes pas les plus mal lotis. Ce qui se passe entre Mira et moi ou encore avec Alex en est la preuve : nous avons du temps et des sujets qui pourraient paraître futiles reviennent au goût du jour.
Mais je suis une Arpenteuse. Pour cette simple raison, je ne connaitrai probablement pas la paix tant que je n’aurai pas retrouvé Realder, qu’il soit vivant… ou qu’il soit mort. On dit que c’est le voyage qui est important, pas la destination et je suis de cet avis. Mais j’ai aussi besoin d’un peu de repos. Les Arpenteurs n’ont jamais travaillé seuls, à part peut-être Real’ à l’époque où on lui donnait un autre nom. C’est étrange. Comme pour lui, seul le café me permet de récupérer partiellement la mémoire, à moins qu’il ne s’agisse que de mensonges. Ce ne sont même pas des visions claires mais plutôt des bribes de rêves, un monde onirique et changeant qui prend forme à la limite de ma conscience. Toujours les mêmes images, toujours les mêmes mots chuchotés dans les méandres de mes souvenirs…
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Première Disruption : Sursaut Gamma

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 19:55

Première Disruption : Sursaut Gamma

C’est une nouvelle tâche que je me suis fixée et je l’accepte en dépit du bon sens. Le Chevalier est parti. Le colosse blafard au casque de fer cabossé a disparu et Riverwood ne tient debout que par sa propre inertie : tôt ou tard, des gens viendront et mettront ce petit coin de paradis à feu et à sang. Afin de retarder cette destinée tragique, j’ai choisi de respecter les derniers mots du créateur de ce sanctuaire, une dernière demande à laquelle je ne peux déroger. Je garderai donc Rive-bois pour lui, seule s’il le faut. Je ne suis pas naïve : quelqu’un profitera peut-être de mes déplacements pour abattre ce lieu saint en mon absence. Mais en ma présence, je jure de faire barrière à tous ceux qui voudront porter préjudice à Riverwood. Est-ce-que cela fait de moi la dernière Templière encore en vie ? Peut-être. Si c’est bien le cas, le village du Chevalier est maintenant l’un des Relais Lambda des Arpenteurs, au même titre que Frontière d’Acier, Enclave de Plomb ou Penumbra et à ce titre, j’y veillerai plus qu’à la grâce de Dieu. J’aime ce lieu : ce n’est pas le petit observatoire de Realder Descendres mais j’y ai tout de même trouvé ma place : la plupart des survivants qui y ont élu domicile sont aimables, compréhensifs et prêts à aider leur prochain. Certains m’apportent même des livres et d’autres trouvailles en tout genre comme Yvan… ou Alex bien sûr.
Je ne suis pas dupe : je vois bien que ce dernier attend une réponse de ma part, et je dois avouer que cela me rend encore plus nerveuse. Ce n’est pas Realder le problème : Alex a bien compris que Real’ serait toujours une ombre flottant à la limite de mon cœur. Parce que nos âmes sont liées, je ne peux m’en défaire, pas plus que Realder ne peut m’oublier. Même séparés par le Grand Vide, même noyés dans la Vortessence, nos esprits se jaugent et s’entrecroisent à travers le Chaos Vitreux des Origines jusqu’au complexe agencement du Vieux Noyau. Néanmoins je reste humaine et de fait, je ne peux nier ce qui est propre à ma nature. En d’autres circonstances, j’aurai sans doute cédé bien plus tôt aux avances d’Alex Walker…mais je ne peux lui offrir ce qu’il cherche : tout ce que je peux lui donner, c’est un pâle reflet de ce qu’il a perdu. Fonder une famille m’est impossible : pas sur le plan physique -tout fonctionne bien de ce côté, merci. Mais ce n’est tout simplement pas compatible avec ce que je suis. Sans les Veilleurs, je n’ai d’avenir dans aucune des réalités que j’ai eu l’occasion d’entrapercevoir. Au-delà d’un certain point, je ne vois que l’immobilité ou pire, le néant. Et je ne veux pas que quelqu’un souffre de mon mal-être ou de mon absence.

Depuis le début du cataclysme -sans doute lorsque cette météorite s’est écrasée sur Terre- j’ai l’impression que notre Monde-Clé est devenu… léthargique, du moins en ce qui concerne Chernarus. C’est comme si on nous avait placé ici comme dans une cage, avec juste ce qu’il faut de Rôdeurs, Grisâtres, Insomniaques ou Zombies pour nous tenir en alerte et nous empêcher de nous organiser en véritable communauté. D’où viennent ces carcasses d’hélicoptères que l’on a parfois la chance de trouver et comment peuvent-elles disparaitre ainsi du jour au lendemain sans que personne ne s’en rende compte ? Y aurait-il en Chernarus un ferrailleur quelque peu zélé collectionneur d’épaves ? Ces questions me taraudent depuis longtemps mais ce sont des détails que mon cher écrivain avait déjà relevé et classé dans la catégorie des « choses à prospecter plus tard ».
Il y a beaucoup d’évènements que je ne m’explique pas, comme ce dernier : plus qu’une intuition, c’est un écho résonnant dans ma tête qui m’a indiqué ce que je devais faire des reliques de Roger Troutmann. Sans doute ne suis-je pas la seule à avoir entendu cette voix d’outre-tombe mais c’est bien à moi  qu’il  incombait d’accomplir cette tache puisque les artefacts du vieux soldat étaient en ma possession. J’ai choisi d’écouter cette monition et c’est pourquoi une partie de ces derniers est désormais hors d’atteinte, enterrée au fond des bois là ou personne n’ira les chercher sciemment. Cette partie de l’histoire ne me concerne plus et même si ces éclats du passé abritaient encore quelques mystères, je ne les regrette pas : ils m’avaient sans doute fourni tout leur pouvoir et j’ai déjà assez à faire avec les documents que j’ai conservé et les horribles journaux presque vivants de Realder et de Norman Ross.

Il est temps de changer de registre et sans transition. Plus je pense à toutes ces questions qui demeurent sans réponses, plus je suis abattue. Au final, ce que je vais mentionner est encore pire et concerne Mira Noskov, la jeune militaire. Je ne pense pas la revoir un jour. Elle a disparu depuis trop longtemps maintenant et sa tente aurait été incendiée alors que je n’étais pas présente à Riverwood. A peine deux semaines après son arrivée, celle qui aurait pu devenir mon amie n’est déjà plus là. Je ne sais même pas ce qui a pu se passer : elle avait visiblement des ennemis, à moins qu’elle soit elle-même à l’origine de cet incendie. Peut-être a-t-elle décidé de partir à la recherche d’Irwin Kelor, l’homme qu’elle aimait. Pour la première fois depuis bien longtemps, aucune hypothèse ne me parait plus vraisemblable que les autres et je ne ressens qu’un cuisant sentiment de déception. Peut-être que si je lui avais témoigné plus d’attention, Mira serait encore à mes cotés en ce moment.

Combien de temps vais-je encore continuer à perdre ceux à qui je m’attache ? J’avais déjà tiré un trait sur ma famille bien avant le début du cataclysme et c’est grâce aux Arpenteurs que je n’ai pas  tout laissé tomber. Mais peut-être que c’est notre destin : peut-être œuvrons-nous chacun séparément pour mener à son terme une quête sans fin.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Seconde Disruption: Faisceau de Quasar

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 19:59

Seconde Disruption: Faisceau de Quasar

Que me reste-t-il à écrire? J'en viens à penser que nous ne pourrons jamais répondre à toutes ces questions, chaque jour plus nombreuses. C'est un travail de titan et une fille seule ne peut prétendre pouvoir le mener à son terme sans l'aide de ses alliés. Gérer ce qui reste de Riverwoood s'avère être une tâche éreintante, quoique j'en tire une satisfaction personnelle évidente. Mais j'ai malgré tout l'impression d'être abandonnée de tous cotés: d'abord Realder... Aujourd'hui et depuis quelques temps, c'est Olikotora, alias Watson qui manque à l'appel. Quant à Mira Noskov, mes doutes s'avèrent être plus que justifiés: je ne la reverrai jamais, sans aucun doute. Je n'ai plus aucun appui, aucune épaule sur laquelle me reposer, à part peut-être celle d'Alex. Même les Lost Riders se font moins présents, et d'une manière générale, j'ai l'impression que c'est tout Chernarus qui périclite peu à peu.
Ce monde, ou du moins cette région du Multivers, est-elle fatiguée, en fin de vie? Après tout, cette réalité se trouve peut-être à proximité du Vieux Noyau, là où toute chose finit par sombrer dans la torpeur et l'immobilité... Ces réflexions éparses, ces théories et ces élucubrations, il ne faut pas être devin pour en connaitre l'origine... C'est le café. Une âme chanceuse, l'adorable Vany Vanky, tenancière et fournisseuse du petit bar campagnard au Dispensaire a réussi à mettre la main sur une cargaison de cette merveilleuse denrée. Il ne s'agit certes pas du pétrole gorgé de puissance des Arpenteurs, mais la préparation de Vany me permet tout de même d'y voir plus clair. Encore aujourd'hui, je ne parviens pas à expliquer l'ampleur des effets du café sur mon esprit. Les autres survivants que j'ai rencontré y sont de toute évidence beaucoup moins réceptifs. Est-ce une malédiction en ce cas? J'en parlerai au "Maître", cet étrange personnage qui gère le Dispensaire: il aura peut-être une explication à me fournir.

Mes allers-retours incessants entre le Dispensaire, Rive-bois et Frontière d'Acier m'ont néanmoins appris quelque chose. J'ai la nette impression que les murmures de la brume blanche gagnent en clarté en fonction du temps que l'on passe à proximité. Hier encore, je ne l'entendais pas. Mais depuis que j'ai dormi là-haut, dans le grand Nord de Chernarus, je parviens presque à l'écouter. Realder ne se trompait pas finalement. Cependant, je ne ferai pas la même erreur que lui: qu'il chante donc pour moi aussi, ce maudit brouillard. Ces souffles sont peut-être des mots qui protègent, soignent et apaisent l'âme; mais ils peuvent également la détruire. La Brume m'a pris un être cher et je ne lui ferai confiance que lorsqu'elle me le rendra.

Mes pensées sont vaporeuses, fuyantes. C'est pourquoi je terminerai aujourd'hui ma rédaction par un évènement qui s'est bien déroulé et dont je peux vérifier sans conteste la véracité. J'ai fait la rencontre de Vizzini, Roman de son prénom. Tout comme la plupart d'entre nous, son passé n'est apparemment pas des plus roses, à tel point qu'il a fini par échouer dans les solitudes froides et humides de la prison que beaucoup nomment Alcatraz, celle-là-même qui se situe au Sud de Kamenka, sur une petite île. Nous avons discuté quelques temps, à distance respectueuse l'un de l'autre: après tout, on n'est jamais trop prudent en Chernarussie, surtout par les temps qui courent. Chose intéressante, Roman semble en savoir un peu plus long que moi sur l'épidémie elle-même. Sans entrer dans les détails, que je n'ai de toute façon pas eu le temps de noter avec précision, il aurait trouvé des documents ainsi qu'une seringue (malheureusement vide aujourd'hui) qui pourraient éventuellement nous permettre d'en apprendre plus sur le Fléau, ce que je ne cesse de faire depuis que je me suis décidée à sortir. Il faudra sans aucun doute que j'essaie d'en savoir plus si je le recroise, même si je doute de pouvoir faire quelque chose sans l'aide de Watson…
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Troisième Disruption : Éclat d’Hypernova

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:01

Troisième Disruption : Éclat d’Hypernova

C’est ainsi que vont les choses. Elles se transforment, changent de place, évoluent… mais persistent malgré tout. Des âmes errantes apparaissent pour être finalement bannies de cette réalité quelques jours plus tard. Pourquoi et comment, je n’en sais rien. Mais j’ai la nette impression qu’il y a quelque chose là-haut qui se joue de nous et qui cherche peut-être à nous guider de sa main de fer vers un but bien précis que je ne parviens pas à cerner. Tant qu’on n’abîme pas trop les rouages de cette machinerie infernale, la quintessence de cet univers nous permet de nous relever sur la plage à chaque fois. Mais lorsqu’on porte dissonance à la Musique des Sphères, la lutte est perdue d’avance. Roman Vizzini, récemment rencontré, semblait être de ceux-là : il cherchait à découvrir la vérité, tout comme moi, et ne s’en cachait pas. Mais que pensait-il ? Sans totem auprès de lui, sans café pour lui permettre de lutter contre ce qui se cache dans le Grand Vide, il n’avait pas la moindre chance. En tous cas, il a sans doute subi le même sort que Mira Noskov. Il semble avoir été effacé de cette réalité, tel un fétu de paille dans une tornade. Je me trompe peut-être : il a tout simplement pu quitter Rive-bois précipitamment, appelé ailleurs par d’autres affaires urgentes : peut-être avait-il des ennemis ou quelqu’un à retrouver ? Je serai la première à sourire s’il revient mais ce frisson que j’ai ressenti semble m’indiquer le contraire.
Olikotora m’avait expliqué que lorsque mon Realder s’était avancé dans la brume, le monde s’était… arrêté, mis en suspens le temps d’un battement de cœur. Un cri plaintif, celui d’une baleine à l’agonie, aurait résonné par-delà les Membranes de la matière. J’ai l’impression d’avoir ressenti quelque chose de semblable la nuit qui a précédé la disparition de Roman. Qui était-il, d’où venait-il et que lui est-il arrivé ? Encore des questions qui resteront sans doute sans réponses. La bibliothèque ne cesse de s’alimenter de mes interrogations.

Qu’à cela ne tienne… La connaissance, c’est le pouvoir. Je resterai peut-être coincée à jamais au sein de ce monde, au rythme de mes incessants réveils sur le sable froid de Chernarus. Mais je ferai tout pour donner à d’autres la chance de briser ces murailles d’ignorance qui nous emprisonnent ici-bas. Roger Troutmann, l’homme qui semblait en savoir si long sur les règles de cette réalité, transportait des livres avec lui. Qu’ils soient chargés de sens ou pas, je suis persuadée que la connaissance ne doit pas être perdue et c’est pourquoi j’ai décidé de rassembler tous les ouvrages que je pouvais trouver à Novy Sobor, une petite bourgade située un peu au Nord du Dispensaire. Il y a là-bas quelques cartons et quelques tentes remplis de récits, de traités, et de documents en tout genre. J’ai travaillé dur pour les obtenir et je ne cesse de les rassembler peu à peu. J’ai entendu dire qu’une force de police s’était organisée dans la région et j’aimerai leur demander de protéger ces livres à l’occasion. La plupart des survivants n’ont que faire de ces bouquins, je m’en doute ; au mieux, ils les ignoreront, au pire ils s’en serviront de combustible. J’ose cependant espérer que certains y trouveront leur bonheur. Et puis… je suis intimement convaincue qu’un peu de savoir peut avoir bien plus d’impact qu’une pluie de balles. Si le monde doit se relever, ce ne sera probablement pas dans le sang.

Une gorgée de ce fantastique breuvage pour continuer à écrire, baignée par les rayons de la lune et par le paisible éclat d’une lampe à gaz. Voyageur, Voyageuse, Survivant, Survivante, si tu lis ces mots, tu dois à présent savoir où je me trouve…
Frontière d’Acier : il y a ici un peu plus que la marque de Realder Descendres, mon compagnon, ami, mon guide et le responsable de la plupart de mes tourments. L’odeur de son café est toujours présente, ainsi que celle de la poudre à canon. Sa réserve de métal n’est plus, pourtant il reste encore un abri de toile noire qui dispose de ce type de matériel. La R.E.D n’est pas venue fouiller jusqu’ici, et quand bien même ce serait le cas, ses membres n’ont sans doute pas compris de quoi il s’agissait. Yinho Mikoto et ses alliés ne sont de toute manière plus concernés par cet équipement poussiéreux, entreposé ici depuis plusieurs semaines, voire plusieurs mois : rien de moins que l’ensemble des possessions matérielles de Xia Wong Meïg, le fondateur de la R.E.D, trahi par les siens. Ce sont les vestiges d’un temps où les survivants étaient encore nombreux en Chernarussie, une époque durant laquelle j’avais moi aussi choisi un camp.

Il me reste encore plusieurs choses à raconter et de nombreuses lignes à tracer au sein de mes journaux. Tôt ou tard, ils finiront par devenir aussi épais que ceux de Real’. J’aurai aimé écrire quelques mots au sujet de ma dernière rencontre avec les frères Colombier : des français, tout comme mon cher écrivain, particulièrement sympathiques et à qui j’ai proposé de s’implanter à Rive-bois. Notre premier contact s’est avéré… mouvementé, mais c’est une histoire qui sera contée par la suite.
Une discussion avec l’inquiétant Docteur également : ce qu’il m’a raconté pourrait paraitre dénué de sens, les délires et les divagations d’un esprit profondément meurtri. Nous savons tous deux qu’il n’en est rien : j’ai vu trop de choses pour ignorer la véracité de ses paroles. Je noterai tout ça plus tard et je ne doute pas que mes réflexions me tiendront à l’écart du sommeil… Je n’ai pas oublié ce qu’il m’a conseillé ; très bien Docteur : je noterai mes rêves. Mais ne vous plaignez pas si vous faites vous-même d’horribles cauchemars par la suite.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Quatrième Disruption : Convergence de Trous Noirs

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:04

Quatrième Disruption : Convergence de Trous Noirs

Mes lignes sont brouillées, auréolées de larmes. Ce sont les miennes. Chaque jour qui passe, je comprends un peu mieux ce qui m’arrive : je ne suis plus celle qui se battait aux cotés de Realder Descendres Le Voyageur. Je ne l’ai peut-être jamais été. Une partie de moi est restée là-bas… Dans l’Anauroch, l’Outreterre, en Oblivion ou sur les glaces de Cania… Sur Xen, dans les Terres Sombres ou dans le Paradis de Kamoran… Aux confins du multivers ou dans les solitudes glacées du Nether. Qu’importe ? Le tonnerre ne gronde plus dans mon cœur. Je ne suis plus que la petite Frisca, Fran Icesinger, dernière Templière de Riverwood et peut-être la dernière représentante des Veilleurs. Au fond, il n’y a plus rien qui me rattache à cette réalité : lorsque j’ai vu Olikotora mourir sous mes yeux - un coup fatal porté par un de ces horribles Grisâtres - et que je l’ai vu revenir quelques heures plus tard, choqué, paniqué, mais sans blessure apparente, j’ai compris. Nous avons beau tomber, nous nous relevons à chaque fois. Certains voient une lumière, d’autres un message inscrit dans le néant. Je connais la mort : j’ai pu en sentir la brulure lorsque Yinho Mikoto m’a exécutée. Je connais les règles de ce monde : il y a bien longtemps que j’ai appris que le trépas n’était qu’illusion ou du moins, temporaire. Je connais la peine et le désespoir : voir un ami mourir fait cet effet-là, même si son retour parmi les vivants s’avère inéluctable. Et je connais la douleur : à lire mes mots, l’on pourrait croire que ce monde ingrat est une aubaine, un défouloir au sein duquel il fait bon mourir pour revenir plus fourbe et sanguinaire que jamais. Pour certains, peut-être. Mais pas pour moi. Je ressens chacune de mes morts et mon âme elle-même en est meurtrie.

Relic… Docteur… Igor… Maître. Qu’importe son nom. Il se targue de venir d’un lieu qu’il m’est impossible d’atteindre, de savoir des choses que nul autre ne sait. Son intelligence n’a d’égal que son manque d’empathie. Il tombe ainsi sur Chernarus comme un cheveu sur la soupe, disséminant ses pensées aux quatre coins de cet Enfer. Je l’ai laissé dénaturer le corps sans vie d’Olikotora et pire encore, j’y ai participé, prenant ça et là ses os, afin qu’il puisse lui-même étudier ses propres abattis une fois revenu d’entre les morts. Dans la folie, le Docteur en connaît un rayon et je pense que c’est pour cela qu’il m’a demandé de noter mes rêves.
Des rêves ? Des cauchemars plutôt. Ce soir pourtant, ce n’est pas à lui que je vais me confier. Et ce n’est pas un cauchemar que je vais raconter ici mais la réalité - la mienne et celle de Nova Arstroska du moins. Oh, j’entends d’ici ce que dirait cet homme aux multiples facettes. Le Docteur chercherait à m’examiner, à faire subir à mon corps une batterie de tests avant de le jeter dans les oubliettes du temps. Quand à Igor… il le dissèquerait sans doute sans autre forme de procès.
Mes sanglots n’y changeront rien et nul autre que Nova ne me réconfortera désormais… Realder est parti, je n’ai plus aucune nouvelle d’Alex Walker et dans mon état, Olikotora ne me témoignera aucune pitié. Quant au Docteur, son cœur me semble d’une certaine façon aussi froid que le mien - mais pas pour la même raison. Je n’ai aucune excuse si ce n’est celle d’avoir agi sur un coup de tête. Mais ce cadeau empoisonné que m’a offert ce nouveau survivant que j’ai rencontré, Nova, c’est peut-être le sort que je méritais, la nature même de mon âme qui hurle pour être libérée de son carcan de fer ? Que suis-je devenue ? Cela ne peut être la réalité, pas au sein de ce monde-là. « Magister dixit », le Maître l’a dit : pour cet homme qui semble venir d’au-delà des étoiles - peut-être un Arpenteur perdu lui aussi, et non un de ces… Chuteurs - mon cœur bat bien dans ma poitrine et mon souffle est toujours bien perceptible. Et pourtant…

Frisca ? Un frisson, oui. Froide comme la mort, comme ton armure, mon Realder. Il y a de cela bien longtemps, lorsque tu portais un autre surnom et un autre titre. Realder le Voyageur et Half-Life le Catalyseur. Etais-je le produit de l’imagination de l’un ou de l’autre ? Ou bien es-tu toi-même le résultat de ma folie ? Ces mots, je les écris sans la moindre source de lumière, les yeux grands ouverts dans l’obscurité la plus complète, et j’y vois comme en plein jour. J’ai l’impression de n’avoir jamais été si proche de tes horribles et noires pensées, Realder : « J’ai fait un cauchemar dans lequel tu n’étais qu’un pantin de chair, de sang et d’os, une magnifique marionnette à laquelle on aurait donné une conscience. Bien réelle, certes, mais jamais vraiment vivante… Pas l’une de ces choses qui se promènent dehors mais pas l’une d’entre nous non plus ».
Ces mots, ce sont les tiens Realder, c’est la deuxième prose du Chant de la Salamandre, comme si tu avais vu dans un éclat de passé le futur qui m’attendait. Ton journal est rempli de ces phrases sibyllines  qui prennent peu à peu leur sens. Passé, futur ou présent ? Le passé sauvera-t-il le futur ? Rien n’est moins sûr, Dévoreur de Monde. En tout cas, je doute de pouvoir faire partie des héros qui y parviendront : ta Frisca, celle que tu connais, est au bout du rouleau je le crains. Une soif insatiable me ronge et je ne peux l’étancher sans défaire ce que j’ai passé tant de temps à construire. Nova Arstroska, cet homme que j’ai rencontré il y a si peu de temps, a su trouver les mots pour que j’accède à sa requête, pour que j’accepte sa proposition insensée. Il est trop tard pour faire marche arrière à présent : mon âme est corrompue et la nuit est devenue mon alliée.

Il n’y a que dans cette noirceur que j’y vois plus clair, comme si j’étais constamment sous l’influence du terrible café des Arpenteurs. C’est sous la lune, si chère à ce regretté Troutmann et à ce mystérieux professeur d’histoire que je me sens à nouveau presque vivante, grisée. Nova prétend qu’en rejoignant sa confrérie, les « Hellsing », il m’apprendra à dompter ma nature. J’ai accepté. Non pas parce que je voulais rejoindre un groupe ou lutter contre moi-même. Mais c’est ce que les Arpenteurs auraient fait. Peu importe l’individu tant que le Crédo est respecté : « Working to make a better tomorrow for all mankind ».
Néanmoins, Nova ne m’a pas détaillé toute son histoire et je me demande encore comment je me suis retrouvée à ses cotés si rapidement sans même me poser de questions. Ce qu’on racontait dans les vieux contes pour enfants sur ses semblables s’avère finalement être vrai. La coercition et le charisme de telles créatures sur l’esprit humain ne sont pas une légende, du moins pour ceux qui sont déjà brisés. C’est peut-être mieux comme ça… Après tout, même avant cette froide morsure, je vivais dans une sorte de non-vie. Rien n’a changé et peut-être que rien ne changera. Vaut-il mieux vivre au sein de la dure réalité ou accepter d’être l’esclave d’un agréable mensonge ?
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Cinquième Disruption : Flux d’Energie Noire

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:07

Cinquième Disruption : Flux d’Energie Noire

J’ai miré mon reflet dans cette eau limpide, que nulle usine ne souille plus depuis longtemps. Mon image pour le moins, n’a pas encore disparu, et je ne peux pas dire si j’apprécie ces changements ou si au contraire, ils me mettent mal à l’aise. Un peu des deux sans doute. De ce que j’ai pu voir, mes iris luisent désormais constamment de cette lueur rouge-dorée, que seul l’éclat du Vide peut encore estomper. La peau de mon visage et de mon corps n’a pas vraiment changé : j’ai toujours été particulièrement pâle. Ce qui plaisait à Realder ne sera peut-être pas au goût de ceux qui croiseront ma route mais au moins, on ne me posera sans doute pas trop de questions de ce coté-là. C’est bien sûr l’attribut le plus évident de ma nature qui risque de poser problème, celui qu’on retrouve depuis les contes pour enfants jusqu’aux légendes des temps jadis. De quoi poinçonner la chair pour en extraire la riche saveur de la vie, ces petits biseaux d’ivoire qui me donnent ce petit air sauvage. Un air qui aurait mieux convenu à la Frisca que j’étais - et pas à celle que je suis devenue.
Je ressens chacun de ces changements dans mon corps et dans mon esprit. Telle est peut-être l’évolution dont parlait Nova Astroska. Je n’oserai sans doute jamais l’avouer à quiconque - pas même à Nova ou à Olikotora - mais ces modifications sont plaisantes, réconfortantes et... sensuelles. Bien que je n’apprécie guère ce à quoi elles me destinent, il y a quelque chose d’étrangement libérateur à s’immerger dans ces flots d’obscurité et de magie. Ce n’est sans doute pas très différent de ce que mon cher écrivain devait ressentir lorsqu’il s’immolait dans l’essence du Macronivers. Néanmoins, aussi attrayante soit cette noirceur, elle ne cesse de réclamer son dû. D’après Nova, aujourd’hui installé à Rive-bois en ma compagnie, il est possible de la faire taire en consommant le fruit responsable de la chute d’Adam et Eve. La faune qui foisonne encore en Chernarus est également sensée nous apporter la paix : la vie fuyant le corps encore chaud d’une proie est devenue, je le crains, un parfum capiteux, un enivrant festin en perspective. Ces mets délicats pour le jeune Astroska me paraissent cependant bien fades au fil du temps et je ne parviendrai pas à m’en contenter très longtemps, c’est une certitude.

C’est là où le bât blesse : cette facette de moi-même, cette soif dévorante qui me taraude, je la déteste. Je honnis cet appétit odieux contre lequel je lutte à chaque instant et pourtant, je ne peux qu’y succomber. Je comprends Sébastien Colombier : lui aussi a accepté le cadeau de Nova et comme moi, il souffre pour tenir ce fléau en retrait, pour ne pas le laisser prendre possession de son cœur encore pur. Son frère a moins de mal et je ne peux l’expliquer.
Je n’ai pas voulu que ça finisse comme ça. Mais je n’ai pas eu le choix : ce que je me refuse à obtenir par moi-même, d’autres en auront peut-être le cran. C’est pour cette raison que j’ai lié mon existence à celle de ce chasseur de trésor implanté à Novy Sobor, une petite bourgade à quelques kilomètres de Riverwood : « Yngvar », ou peut-être « Yungvar », Iron Bear de son surnom. Pour peu qu’on y mette le prix, cet homme, qui aurait d’après ses dires, croisé plusieurs fois mon Realder, est prêt à dénicher à peu près tout et n’importe quoi. Initialement spécialisé dans le secteur des armes et des munitions, il m’a d’abord paru sur ses gardes lorsque je l’ai informé de ce que je recherchais. Néanmoins, quand je lui ai montré ce que j’avais pour lui en gage de bonne foi, il s’est ravisé et m’a assuré pouvoir me fournir tout ce que je désirais. Aussi doué soit-il en affaires, cet arrangement me convient. Peut-être est-ce ma nouvelle nature qui me permet de marchander ainsi ? Quoiqu’il en soit, j’ai besoin de gens comme Iron Bear, ceux qui pensent que tout s’achète et qui acceptent d’effectuer leurs tâches sans poser trop de questions. Cela ne me plait pas mais après tout… L’oubli est le suprême refuge.

Je recommence à écrire après une courte pause contre le mur de la grange, celle qui fait office de dépôt de nourriture à Kabanino. Je ne parviens pas à démêler mes pensées et ma réserve de café s’amenuise peu à peu. C’est d’ailleurs l’une des seules boissons « conventionnelles » que je parviens encore à avaler sans avoir l’impression d’avoir le ventre empli d’aiguilles. Le fait d’appartenir aux Arpenteurs transcenderait donc jusqu’à ma condition ? Je prononce ce titre comme un mantra, comme si le simple fait d’être une Arpenteuse pouvait changer quelque chose à cette dure réalité. Je ne cesse de me le répéter et je n’ai qu’à relire mes précédents écrits pour m’en convaincre : fût un temps où c’était peut-être effectivement le cas. Aujourd’hui, je n’ai plus que mes rêves, mes cauchemars, mes souvenirs et mes souhaits pour échapper à cette existence. Et peut-être des amis, qui sait ?
Olikotora semble avoir abandonné sa colère envers moi. J’ai l’impression qu’il a fini par accepter ce que je suis devenue même si je pense que notre relation en portera à jamais la cicatrice. Je le comprends. Je ne lui en veux pas : Watson est un scientifique après tout, spécialisé dans l’étude des corps, des gênes et de la vie en général. Comment aurait-il pu réagir autrement en apprenant que j’avais justement renié jusqu’à sa valeur la plus sacrée ? En suivant Nova sur son chemin, j’ai trompé la Nature une nouvelle fois. Voici ma manière de dresser un poing rageur à la face du Multivers, ou plutôt de ceux qui nous ont coincé ici, au sein de la Chernarussie. Real’, mon poète, tu serais heureux d’apprendre que j’ai finalement  adopté ton attitude : jusqu’à ton caractère un peu sombre, tes idées noires et tes éclats de folie. Mais tu es parti depuis bien longtemps maintenant alors ne m’en veux pas. Ce que je vais rédiger par la suite n’est pas une vengeance ni même une solution pour te faire revenir. Où que tu sois, vivant, mort, ou pire, tu auras toujours ta place avec moi. Tu l’avais écrit toi-même, noir sur blanc au sein de ton épais journal relié de cuir, cette monstruosité que j’ai caché dans ma bibliothèque à Novy Sobor : nous sommes liés et ce lien t’était sans doute bien plus profitable qu’à moi. « N’oublie jamais cependant que ma nature est de pouvoir puiser dans ton essence sans jamais craindre de m’y noyer ». Tels étaient tes mots… mais pourquoi ces guillemets s’ils s’agissaient bien des tiens ?

Il n’y avait plus que Nova et moi sur la plage. C’était il y a quelques jours ou quelques semaines - le temps est instable ici-bas… J’aurai bien voulu suivre Wouff, le Docteur et Bogdan Keyrt - pardon, Voyageur, Voyageuse, si je t’oublie - jusqu’à cette légendaire prison au-delà des bas-fonds de la côte de Kamenka, à l’extrême Sud de Chernarus. Mais le leader d’Hellsing m’a fait comprendre qu’il ne valait mieux pas. L’eau froide et salée au-delà de ces terres dissoudrait-elle notre âme comme la brume de Frontière d’Acier ? Je n’ai jamais rien lu de tel dans les livres et ceux qui ne disposent pas du don de Nova ne semblent pas être impactés par quoique ce soit, mis à part la température de l’eau. Ils en seront quittes pour un bon rhume, ce qui ne parait pas cher payé au vu de la mine réjouie de certains survivants lorsqu’ils sont finalement revenus de la petite île. Sans doute y a-t-il là bas des denrées qu’on ne trouve pas sur la côte, et encore moins dans les terres.
L’absence du groupe avec lequel nous étions partis en bus - un vieille machine remise en état par un Wouff de plus en plus intrigant - nous a néanmoins permis de parler librement, sans contraintes. Principalement de l’avenir d’ailleurs. Le jeune russe à la peau blême m’a ainsi fait part de ses sentiments à mon égard alors même que nous nous connaissions seulement depuis une semaine. Et pourquoi pas après tout ? J’ai accepté le don qu’il m’offrait en quelques heures… Derrière ses manières charmantes, j’ai peur que Nova Astroska ne cherche qu’à me garder auprès de lui pour faire de moi le miroir de ses désirs, pour modeler mon âme à sa convenance. La prophétie dont il m’a brièvement parlé est peut-être vraie mais si tel est le cas, alors elle patientera quelques temps. Les rares personnes qui s’attachent à moi finissent toutes par disparaître, parfois sans raison apparente : Mira Noskov, Alex Walker et même Irwin Kelor n’en sont que les exemples les plus récents. Mon cœur ne cesse apparemment de s’accrocher à chacun de ces fragments de vie alors que mon esprit les renie. Tout ce que je veux, c’est retrouver Realder. Peu importe les sentiments que je ressens pour lui : amour, haine, mépris, admiration, effroi… ces émotions n’ont pas lieu d’être entre nous et si Nova pense que je cherche Realder parce que j’en suis amoureuse, il se trompe. Celui qui s’est avancé dans la Brume a emporté avec lui mes origines et les secrets qu’il avait réussi à engranger jusqu’ici. Peut-être m’a-t-il également dérobé quelques fragments de mon âme au passage. Il fait partie de moi comme je fais partie de lui et sans aucun doute nous hantons-nous mutuellement.

Ce soir, le ruisseau d’encre s’est transformé en torrent. Ma plume semble animée d’une volonté propre, elle tisse elle-même la trame de mes souvenirs tandis que mon corps se réchauffe au coin du feu qui crépite non loin. Je suis seule : peut-être les rares habitants de Riverwood dorment-ils, à moins qu’ils ne soient partis chasser, vadrouiller dans la campagne alentour ou simplement nettoyer la zone des Grisâtres qui s’approchent toujours un peu trop près d’ici. Mes pensées se tournent vers Relic, non Roger Troutmann, imposteur malgré lui, mais vers le Docteur, le Maître, l’homme aux deux personnalités et sans visage. Cet être tombé des étoiles a réussi à enrôler Olikotora et à lui fournir du matériel, ancien et usé mais néanmoins fonctionnel. Pas étonnant qu’il ne soit pas à mes cotés en ce moment. Je doute qu’Oliko puisse trouver le sommeil sans avoir préalablement passé la nuit sur ses expériences, ses recherches et ses notes parcheminées. En vérité, j’ai peur du Docteur. A travers son lourd masque de fer et de polymères, je sens son regard perçant, comme s’il voyait le monde sous une autre forme. Une autre réalité ? Peut-être. Qui peut imaginer les ambitions qui se cachent sous ces verres ambrés ? Il semble fasciné par les mystères de l’esprit et de la chair, allant jusqu’à les dénaturer l’un et l’autre pour en extraire la connaissance. D’une certaine manière, il n’est pas très différent de moi : charmés, nous suivons tous deux les jupons de la Mort bien que nous ne soyons de toute évidence pas du même coté du Voile.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Sixième Disruption : Brèche Quantique

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:09

Sixième Disruption : Brèche Quantique

Qu'ils soient fiers et heureux de leurs actes, celles et ceux qui ont choisi de faire main basse sur ce qui ne leur appartenait pas. Rive-bois et ses rares habitants ont été cambriolés. Et je ne ressens absolument rien, si ce n'est un léger sentiment d'amusement. C'est du matériel lourd, destiné à tuer qui a disparu, comme d'habitude. L'humanité trouve donc encore l'extase dans l'autodestruction et en cela, je la considère encore plus vile et froide que moi. Ce n'est plus un secret pour mon journal: j'ai besoin de sang pour vivre, mais cela reste une nécessité plutôt qu'un plaisir... bien que celui de l'Homme me fasse désormais tourner la tête, une boisson digne de rivaliser avec le plus corsé des cafés. L'humanité cependant, a choisi de ne rien apprendre de la Catastrophe: elle se vautre toujours dans le doux nectar cramoisi dont je m'abreuve et je crains qu'elle ne puisse jamais changer.
J'ai goûté à ce vin merveilleux, j'ai trempé mes lèvres dans les ruisseaux de la vie. Le sang est chargé de souvenirs et de couleurs. C'est un fleuve rugissant, indompté, qui emporte avec lui mes peines, mes doutes et mes peurs. Là où le divin café de Realder nous permettait d'apercevoir la trame des réalités, le sang leur donne une saveur nouvelle. C'est l'un de nos desseins, un but sacré, partagé par l'ensemble des Arpenteurs, quel qu'il soit: pour peu que je parvienne à m'échapper d'ici, je pourrai à nouveau parcourir les plans le cœur léger, l'esprit apaisé et l'âme délivrée. Et même si ces pensées folles ne sont que l'illusion offerte par mon Realder, je n'hésiterai pas à m'y plonger. Qui sait? Peut-être reverrai-je aussi Widow, Cold, Eva... et tous les autres.

Cette nostalgie qui s'est emparée de moi, j'en connais l'origine. Je me sens seule, abandonnée. Ces derniers jours, aucun grésillement de radio n'a perturbé mes réflexions, aucune voix familière n'a résonné à mes oreilles. Je n'ai pas croisé une seule fois l'étrange Wouff, et encore moins son effrayant compagnon au pelage blanc... Le Dispensaire semble vide: l'inquiétant propriétaire des lieux et son serviteur Igor, l'ont visiblement laissé sous la garde des Grisâtres pendant quelques temps. Seul le petit passage généralement emprunté par Olikotora est encore sûr: preuve que mon camarade d'infortune est passé par là récemment. Même Nova n’a fait qu’une brève apparition aux portes de Kabanino ; sans doute a-t-il lui aussi quelques affaires en cours qui ne me regardent en rien.
J'ai finalement profité de ma solitude pour tenter ma chance plus au Sud, bien loin de mon trajet habituel, entre Riverwood et le grand Nord. Et c'est là-bas que le monde a basculé l'espace d'un instant. C'était là, sous mes yeux, écrit noir sur blanc à la place des lignes de Lovecraft. Msta. La minuscule bourgade au sein de laquelle Real' s'était réfugié au début de son histoire. Ce hameau en lui-même est son aventure, son point de départ. D'après son journal, il aurait souhaité en faire "L'Entre-deux-mondes", une petite communauté de survivants, un peu comme Rive-bois aujourd'hui. Et c'est bien vrai: il flottait là-bas une odeur bien connue. Du café, partout. Caché derrière les planches des murs, coincé dans les volets, empilé dans les vielles caves... Je n'ai pas pu tout emporter avec moi: quelques sacs tout au plus. La réserve de mon cher écrivain est moisie, pourrie. Pourtant, il en reste visiblement une quantité suffisante pour noircir la petite mare de Nagornoe pendant des jours. La terre de Msta en est spongieuse et le vent qui souffle là-bas est chargé d'autant de poussière que de sombre marc. Il m'a fallu plusieurs voyages pour transporter cette infime partie, mais c'est sous le dernier sac que j'ai trouvé ce qui aurait arrêté mon cœur si je ne m'y étais pas préparée.

L'équipement de Realder, celui qu'il a sans doute troqué contre quelque chose de plus pratique pour traverser la Brume. Je suis certaine que c'est le sien: je reconnais jusqu'à son odeur derrière celle du café: une vague senteur de terre, un soupçon de sable du désert, une note de roche chauffée par le soleil: un parfum minéral que j'aurais pu décrire entre tous. Roger Troutmann n'est plus là, mais si c'était le cas, il ne serait plus le seul à veiller sur des artefacts. Les lourdes possessions de mon poète ont visiblement traversé la tempête, l'Ouragan de Portails, tout comme son journal et celui de Norman Ross. Je les ai emportées avec moi, ces reliques. Elles feraient sans doute pâlir d’envie ceux qui ont pioché dans les stocks de Rive-bois. Et je reconnais bien là la volonté inconsciente de mon Catalyseur à la prose lancinante : cet équipement, c’est son armure, son harnois, son ticket contre la mort - dans ce monde-ci. Et c’est la dernière chose qu’il me reste de lui avec son journal et mes souvenirs ; je chéris chacun de ces objets avec toute la force de mes émotions contradictoires. Si Realder Descendres revient, ses affaires seront prêtes, bien que j’aie peu d’espoirs de le revoir un jour. Pourtant, tôt ou tard, je lui rapporterai ce qui lui appartient, dussé-je pour cela déchirer mon âme à travers le Grand Vide… ou finalement déposer ses dernières possessions sur sa tombe. Quoiqu’il en soit, ce brouillard affamé n’est pas impénétrable, c’est notre inconscient qui nous hurle de nous abstenir d’y entrer. Une barrière bien futile pour les Arpenteurs…
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Septième Disruption : Echo-retour du Vieux Noyau

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:11

Septième Disruption : Echo-retour du Vieux Noyau

Partir pour ne jamais revenir. Est-ce possible ? Je n’ai pas goûté à l’immortalité assez longtemps pour savoir si cette idée me séduit ou me révulse. Si ça se trouve, tous ceux qu’on ne voit plus ont réussi à s’échapper d’ici et coulent désormais des jours paisibles et heureux quelque part. Un autre monde, un autre temps… une autre vie. Tout ce que je veux, c’est retrouver la mienne, celle d’avant le Cataclysme. Je ne réclame ni richesse, ni gloire, ni pouvoir. Je veux juste m’échapper de cette île des morts, vivre mes rêves ou au moins un semblant de rêve aux cotés de ceux dont les noms résonnent à travers le temps et l’espace. Voyageur, Voyageuse, te voici prévenu(e). Si tu lis ces mots, c’est que tu m’as dérobé mon précieux journal et tout ce qu’il contient, que je t’ai laissé le consulter ou plus vraisemblablement que tu l’as arraché à mon âme puisque lui aussi semble me suivre à travers la mort. Saches néanmoins que les lignes qui vont suivre te sembleront dénuées de sens - et c’est peut-être effectivement le cas. Je sens la douce chaleur du café se répandre dans mon corps, le sang dont je me suis nourrie corrompre mon cœur et la Brume, à quelques pas de moi, envelopper ce qui reste de ma conscience. Voici peut-être quelque chose qui intéressera le Docteur, bien que j’en doute… C’est une bouillie de sons… de couleurs… de sensations. Des bribes de mon passé, de mon présent. Et peut-être de mon avenir. C’est…

Disruption. Et cet autre… un plus grand mystère. Un faisceau de lumière qui souille le repos de ma nuit sans fin. Je me souviens - ou je crois me souvenir. On t’appelait Half-Life, Le Catalyseur, la Lame du Vide, Le Dévoreur de Mondes. Tu étais un forgeron talentueux, l’artisan de mon cœur, le créateur de mon existence. Sous l’égide de Bortak Le Noir, tu sillonnais les réalités avec ceux qui étaient devenus tes alliés, tes camarades… puis tes amis. Anges ou Démons, peu t’importait tant qu’ils partageaient avec toi ta soif de liberté et de découvertes. Tu étais né au sein de ce Monde Clé, celui dans lequel nous sommes coincés actuellement. Mais c’est le Multivers tout entier qui était ton terrain de jeu. Tu te riais bien de ses règles, au risque de porter préjudice à ceux qui ne partageaient pas ton pouvoir, ignorant la souffrance que tu causais parfois. C’est ce qui a causé ta chute et aucune de nous trois n’a pu t’en protéger. C’est Elle qui a tout changé n’est-ce pas ? Ça n’aurait pas dû arriver. Pourtant, Elle a brisé ton armure et Half-Life est tombé. Laissant derrière lui l’Escouade des Terres Sombres se diviser et les Arpenteurs d’origine se retirer. Tout n’était pas fini cependant : ton cœur noir est devenu peut-être plus lumineux et tu t’es assagi. Tu t’es relevé, profitant du Grand Vide pour mener ta vie simultanément dans plusieurs Plans : Realder. C’est ainsi que notre histoire commune a débuté. C’est au Purgatoire que tu as moissonné les âmes de ceux et celles qui t’avaient suivi dans ton tourment pour nous donner une seconde chance et profiter des liens qui nous unissaient pour nous retrouver ici même, sur notre bonne vieille Terre. Et nous avons oublié…
Demain, ces lignes auront peut-être disparu de mon journal ou ne m’évoqueront que de vagues souvenirs. Pour le moment néanmoins, ces images s’imposent d’elles-mêmes aux limites de ma vision et portent en elles une partie de ma réalité. C’est peut-être l’Ouragan de Portails qui en est responsable. Le second, en si peu de temps.

Un écho du Multivers, venu tout droit du Vieux Noyau ou bien au contraire, de la bordure rugissante et sans fin de la Création Cosmique. La Grande Tempête a frappé une seconde fois et rien ni personne ne s’en est sorti indemne - sauf peut-être ceux qui se rient probablement de nous, là-haut, au-delà des solitudes glacées de la stratosphère. Elle a tout emporté : Rive-bois n’est plus. Il n’en reste rien. Du Dispensaire, il ne subsiste que les bâtiments décrépis, comme si aucun survivant ne s’y était jamais arrêté. L’arsenal de la R.E.D et celui des Anciens Survivants ? Anéantis. Tout comme la réserve de plomb de mon triste poète il y a déjà quelques mois. Frontière d’Acier n’a pas échappé à la déferlante : mes vêtements ont été dissouts dans le néant et j’ai senti le vieux fusil de cow-boy que j’avais fini par adopter se disloquer contre mon dos tandis que la nuée me ramenait sur la plage, entièrement nue mais néanmoins bien… vivante. L’odeur de la mer… La terre sous mes pieds. Et mon journal, toujours avec moi. Ainsi que deux pages parcheminées : l’une appartenant à l’épais volume de mon Realder, l’autre faisant partie du carnet de Norman Ross. Je ne suis pas idiote : d’ici quelques semaines, voire quelques jours, ces écrits atroces se seront alimentés d’eux-mêmes, ils auront retrouvé l’ensemble de leur prose. Je ne sais dans quelle obscure magie ces ouvrages ont baigné, mais une chose est sûre : tout comme l’équipement de mon cher écrivain, ils ont fait de moi leur gardienne.
Je n’ai pas perdu mon temps : j’avais déjà compris ce qui allait se passer lorsque l’air s’est épaissi. Chargé d’électricité, lourd, étouffant, comme avant un orage d’été. J’ai traversé la Tempête comme tout le monde, sans doute dans un état de semi-conscience. Mais la petite chauve-souris aux dents pointue s’est bien vite remise à voler une fois le calme revenu. Peut-être que l’étrange Wouff a fait de même de son coté : un éclair de fourrure blanche fonçant à travers la forêt lorsque le Néant a laissé place à la réalité dans laquelle nous sommes enfermés. Le Docteur et son épée ? Un pourfendeur de brume : les Etoiles qui luisent là-haut lui ont peut-être évité un réveil sur les galets humides de la plage.
Peu importe ce qu’ils feront de leur coté. Ded, Bogdan, Yvan, le Gitan, Oliko… leur aura est éclatante de bonté. Wouff, le Docteur, Le Chevalier… la leur est sur la balance, teintée de nuances de gris. Nova Astroska est le seul à avoir choisi de s’immerger dans l’obscurité. Et moi ? Mon cœur ne me dicte qu’une chose en ce moment. Je vais reconstruire Frontière d’Acier.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Huitième Disruption : CΛCDM ; Collapsed Lambda Cold Dark Matter - Frisson Précurseur

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:13

Huitième Disruption : CΛCDM ; Collapsed Lambda Cold Dark Matter - Frisson Précurseur

Cela pourrait bien être le cas : la fin de notre monde - non - de notre univers. Rien de ce qui s’est passé ces derniers jours n’a de sens si l’on y réfléchit bien. Des âmes que je croyais perdues à tout jamais ont soudain surgi du néant.
La boucle est bouclée : Xia Wong Meïg est revenu. Le fondateur de la R.E.D a finalement survécu à l’impressionnante machine de mort qu’il avait mis en place. Et dans son exil, il a perdu son aura. Il n’est plus que l’ombre de lui-même : derrière ses réflexions hautaines, pressantes et autoritaires, ce n’est qu’une épave rejetée par les flots que j’ai pu apercevoir devant moi. Et ce misérable n’a eu d’autre idée que de se diriger tout droit vers Frontière d’Acier, à peine revenu d’entre les morts. Que comptait-il trouver là bas ? Sans aucun doute la même chose que ce que Realder avait l’habitude d’entreposer : du plomb et de l’acier froid. Je l’ai cependant accueilli - pas très chaleureusement, je dois l’avouer. Après tout, c’est en partie à cause de lui que j’ai été exécutée. Je l’ai accepté malgré tout : à l’heure où j’écris ces lignes, sa tente me nargue toujours, à l’orée du petit bois de Frontière d’Acier. Wong s’avère n’être finalement qu’un esprit chaotique, obnubilé par son équipement perdu et surtout intéressé par sa propre survie. Il m’a d’ailleurs paru ignorer la plupart des étranges règles de ce monde, comme s’il ne s’était jamais réveillé sur la plage, comme s’il ne se rendait pas compte de notre sort : coincés, emprisonnés sur cette île des morts. Je doute qu’il puisse un jour comprendre ce qui se trame ici-bas. Yinho avait peut-être raison finalement. Xia Wong Meïg n’obtiendra rien de bon à rester ici et pire encore, son âme dissonante semble briser la quiétude de mon sanctuaire, ma méditation et ma tranquillité. Je ne mentirai pas : ce dont j’ai peur, c’est qu’il fouille dans mes affaires et qu’il m’empêche de mener mes recherches. Ma jolie garde-robe commence tout juste à ressembler à quelque chose et j’ai retrouvé une partie de l’équipement de mon Realder. Rien qui soit susceptible d’intéresser l’ambitieux fondateur des brassards rouges a priori… mais sait-on jamais. Je n’ai pas envie que Xia Wong découvre mon secret même si je doute qu’il soit assez curieux pour donner un sens à ce qu’il pourrait avoir sous les yeux. Et par-dessus tout, je ne tolèrerai pas qu’il touche à mes livres.

Ma bibliothèque a été dispersée à travers l’Ether suite à l’Ouragan de Portails. C’en est une nouvelle que je reconstruis peu à peu près de la brume. Mes bouquins et les grains de café des Arpenteurs : ces denrées sont des maillons. Ils forment la chaine qui permet à mon âme de ne pas sombrer tandis que j’abreuve mon corps aux fontaines écarlates afin de le faire tenir debout. Je l’admets, ici, au sein de ce journal : à travers mes lectures, j’espère découvrir comment mettre fin à ces tourments : je ne soignerai probablement pas mon esprit, mais je puis peut-être guérir mon enveloppe charnelle de cette noirceur qui coule dans mes veines. Nova m’a abandonnée, comme tous les autres. Pourquoi vouloir conserver son don et respecter le Crédo de son Ordre Hellsing ? Je suis Fran Icesinger, et je ne suis qu’une seule voie : celle de l’épée, celle des Arpenteurs.

Ma main tremble et mes doigts sont crispés sur le stylo que Wouff m’a donné l’autre jour. Un cadeau d’un ami. Sans doute pas le plus beau, pas le plus sophistiqué, ni même le plus utile. Juste un présent sans prétention de la part de l’homme-loup, celui qui ne voit ni le bien, ni le mal, l’homme pour qui le monde n’a jamais changé. Et pourtant, ce petit tube a infiniment plus de valeur à mes yeux que la plume dorée que je pourrais trouver dans un écrin de velours. Ce soir pourtant, je vais cesser de l’utiliser : je ne veux pas alimenter mon courroux de son encre. J’aurai le temps d’y réfléchir la prochaine fois que j’écrirai ; car un autre homme est revenu des limbes et son nom ne m’est pas inconnu : Alex Walker.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Neuvième Disruption : CΛCDM ; Collapsed Lambda Cold Dark Matter - Anéantissement Primordial

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:15

Neuvième Disruption : CΛCDM ; Collapsed Lambda Cold Dark Matter - Anéantissement Primordial

The War of the Worlds : La Guerre des Mondes. C’est la couverture que j’ai choisi pour abriter mes sombres pensées. Mon journal fait désormais concurrence à celui de Real’ et semble désirer gagner les mêmes propriétés que celui-ci. Je le sens presque pulser contre ma paume, sans avoir rien fait pour parvenir à ce résultat. Je suppose que l’attachement viscéral que je porte à ces trois ouvrages y est pour quelque chose : The Metamorphosis et The Call of Chtulhu ont déjà retrouvé leur entièreté et mon journal suit visiblement la même voie. Qui sait ? Peut-être que mes écrits me survivront et resteront à jamais inaltérables, coincés dans les couloirs du temps.
Les Couloirs du Temps… Encore ce mantra qu’Oliko a utilisé tant de fois au cours de notre violente dispute il y a quelques jours. Maudit soit-il, lui et son esprit étriqué, convaincu de pouvoir trouver une solution à tous nos problèmes de son coté ! C’est moi qui devais poursuivre cet objectif ! En l’espace de quelques semaines, il a non seulement réussi à me rattraper mais il a également posé un pied plus loin que moi, au-delà d’une limite que je croyais infranchissable. Il m’a retiré toute raison d’être et a humilié la mémoire de Realder, le faisant passer pour le méchant de l’histoire. Tout ça pour sauver ces survivants cupides et pleins de morgue et pour retrouver sa femme, restée au Canada. Grand bien lui en fasse ! Il a encore moins de chances d’y parvenir que moi de mettre la main sur mon cher écrivain.
Que Watson se rassure… il n’est pas le seul à m’avoir fait mal. Ce soir, je m’en rends compte, j’ai perdu ceux que je considérais comme de véritables amis. Wouff aussi m’a profondément meurtrie. En vérité, je pourrais énoncer tous ceux qui m’ont déçu mais la liste s’avèrerait bien trop longue et pénible à énumérer. Et bien qu’il en soit ainsi… Je remercie Olikotora d’avoir pris le temps de me confectionner un remède. Je ne suis plus tributaire de ce dernier à présent. Nova Astroska et son cadeau empoisonné ne m’ont apporté que des soucis. Des épreuves de plus que j’ai dû traverser inutilement. Tout s’effondre autour de moi : Wouff m’a accusé à tort d’avoir cherché à lui voler son meilleur ami, cet étrange loup blanc que j’ai cru apercevoir près de Frontière d’Acier il y a quelques temps. Trop de fois on s’est joué de Frisca. Nova, Alex, Mira, Irwin… ils se sont servis de moi puis m’ont finalement abandonné sans aucun remord une fois parvenus à leurs fins. Je me sens sale, souillée. Mon cœur paye le prix de ces tourments. Il est temps de reprendre les choses en main : les masques tombent.

Je vais poursuivre mes recherches puisque c’est la seule chose à laquelle je peux encore me raccrocher. Cette brume qui chantait pour Realder me murmurera ces secrets, j’en fais le serment. Olikotora peut bien s’appuyer uniquement sur la science pour tenter de résoudre tous nos problèmes ; je reste persuadée qu’on nous a manipulés pour nous enfermer en ces lieux comme dans une cage au milieu des fauves. Wouff, Watson… ils ont choisi d’ignorer la douleur qu’ils m’ont causée au moment ou j’avais le plus besoin de compassion. Les autres s’en fichent : ils ne voient en moi que Fran Icesinger, la gentille aventurière du Nord, la jeune fille timide dotée d’un sérieux penchant pour le café bien corsé… C’est d’écoute et de compréhension dont j’avais besoin, pas de coups de poignard dans le dos !
Cette encre noire coule comme mes larmes sur les pages immaculées de mon journal. Ce sont des sanglots amers, corrosifs, des perles de tristesse et de rage. Je sais ce qu’il me reste à faire puisqu’ils m’ont prouvé que je ne représentais rien à leurs yeux. Je n’ai plus à me soucier de ce qu’ils penseront de moi… mes recherches et mes expériences n’en avanceront que plus vite. Peut-être qu’un jour, ils comprendront ce qui m’a poussé sur cette voie… Pardonnez-moi…

Je vais avoir besoin de temps, et de matière. Les volailles stupides que j’ai envoyé dans la brume meurent de faim et de soif au bout de quelques jours sans que je puisse en conclure quoi que ce soit, lorsqu’elles ne s’échappent pas après avoir picoré la corde à laquelle elles sont attachées. Je dois mettre la main sur quelque chose de plus gros, de plus résistant, et de plus intelligent. Et je remercie Wouff de m’avoir donné cette idée : lorsque je l’aurai mise en œuvre, il aura au moins une raison valable de me craindre et de me détester. En attendant que je capture Grrr - ou un autre loup, ils sont tous semblables en vérité - il va falloir que je prenne mes précautions. Depuis que Ded s’est aussi installé près de ce brouillard dévoreur d’âmes, je n’ai plus toute la marge de manœuvre nécessaire à mes travaux à l’éthique douteuse. La jeune fille que j’ai rencontrée récemment, Avaleah me semble-t-il,  ne me simplifie pas la tache non plus. Mais si les choses tournent mal, qui sait ? Peut-être que ces deux-là se rallieront à ma cause. Et si ce n’est pas le cas, il sera toujours temps de les emporter avec moi de l’autre coté de cette barrière d’Ether.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Dixième et dernière Disruption : CΛCDM ; Collapsed Lambda Cold Dark Matter - « Dans le Silence des Univers Effondrés »

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:20

[Les pages qui suivent sont constellées de taches de sang bien que la calligraphie de Fran Icesinger soit parfaitement reconnaissable. L’épais papier de première qualité est également gondolé par endroits ; Frisca a semble-t-il beaucoup pleuré en écrivant ces lignes, à moins qu’elle ne les ait rédigé sous la pluie.]

Dixième et dernière Disruption : CΛCDM ; Collapsed Lambda Cold Dark Matter - « Dans le Silence des Univers Effondrés »

Les Réalités s’entrechoquent.

J’ai échoué en Chernarus par hasard, une simple touriste venue fêter l’obtention de son diplôme et de son premier travail au sein d’une entreprise prestigieuse avec ses amis les plus proches. Un avenir prometteur, une vie tranquille pour une fille normale. Une belle maison, une belle piscine, une ou deux belles voitures. Un yacht, qui sait ? Sans doute assez d’argent pour qu’on crache sur moi dans mon dos, mais pas assez pour perdre tout contact avec la réalité. Un ou deux enfants peut-être : une descendance que j’aurai chéri, pas forcément le choix le plus judicieux quand on voit le mal que l’humanité est capable d’infliger à notre planète, mais la satisfaction d’avoir suivi l’instinct de la Nature. Une vie paisible, aux cotés de Realder ou d’un autre, puis une mort tout aussi paisible, de préférence durant mon sommeil. Et le retour à la Terre parmi les asticots et les racines, en toute modestie.
Non. J’ai été envoyée ici par les Arpenteurs, l’Escouade des Terres Sombres, ces êtres, humains ou non, qui ont voué leur existence à la découverte du Multivers. Modelée par leurs esprits, construite à partir de ce que la Nature avait réalisé de plus beau dans le seul but d’attendrir le cœur de leurs ennemis. Liée au sang du Catalyseur et à son âme noire, rien de plus qu’une outre de vie et de pouvoir à laquelle il pouvait s’abreuver à volonté. La première des trois, la plus complète des marionnettes de la Lame du Vide, sa Poupée d’Argile. J’aurai fait barrière de mon corps pour lui, non par choix mais parce que telle était la raison de mon existence. Frisca : c’était mon nom, celui d’une créature aussi belle que froide, insensible aux assauts du temps et incapable d’éprouver la moindre douleur ou la moindre caresse. Condamnée à servir à jamais les Arpenteurs, une âme sanglotante et effrayée, emprisonnée dans un corps qui n’était pas le sien. Une abomination contre nature à laquelle on refusait son droit le plus précieux : la mort. La paix.
Non. Je suis venue en Chernarussie de mon propre chef : je faisais partie des Arpenteurs. Ils étaient mes alliés, à défaut d’être mes amis. Ensemble, nous parcourions les plans, plongeant au travers des flots déchainés de l’Ether pour émerger plus loin dans les tumultes de la Vortessence. Le Grand Vide était l’abîme au-dessus duquel nous naviguions et seul Realder était parvenu à le dompter. Il était rêveur et nostalgique mais je l’admirais. A ses cotés, nos rêves prenaient forme, il était le peintre de notre réalité, l’orfèvre de nos aventures, le forgeron de nos vies.

Me suis-je fourvoyée ? Frisca est-elle dans l’avant ? Ou déjà dans l’après ? Je sais quel est mon présent ; mais je ne suis finalement certaine ni de mon passé, ni de mon avenir. Voilà, Voyageur, Voyageuse. Ces mots peuvent te laisser présager ce que j’endure à chaque seconde de mon semblant de vie. Tu n’en sauras rien cependant, tant que je garderai ce journal avec moi. Et même si tu me l’arrachais, tu ne saurais probablement me croire. Ce ne sont que trois existences qui hurlent dans les couloirs de mon esprit, mais je puis parfois entrapercevoir les autres, celles qui se cachent au plus profond de ma mémoire, celles qui transcendent les Réalités.
Nos passés sont peut-être aussi nombreux que les possibilités de nos futurs. Mais tous, sans exceptions, nous ramènent ici, à cet instant présent, en Chernarus. C’est un puits qui nous a tous happé, quelque chose que ni les Arpenteurs, ni les Z-Team Alpha, ni les plus éminents scientifiques de notre monde n’avaient prévu. Quelque chose de plus fort que nous s’amuse aux dépens de ceux qui ont eu le malheur d’entrer ici. Je ne sais toujours pas si le temps poursuit son cours au-delà de la Brume, mais dans son enclave, il s’est arrêté. Vois donc ce qu’on y rencontre, Survivant, Survivante : des communistes venus tout droit de la Guerre Froide, pourtant terminée depuis longtemps. Des chevaliers, pour qui le maniement de l’épée va de pair avec celui des armes à feu de l’âge de l’information. Des êtres sortis de contes et de légendes ainsi qu’un nombre impressionnant de militaires et paramilitaires de toute nationalité. Si c’est ça qu’on a envoyé pour nous sauver, je préfère encore tenter ma chance de l’autre coté de Frontière d’Acier, tout comme Realder l’a fait.

Et Wouff. Il s’en est allé lui aussi. Il a traversé. Encore aujourd’hui, adossée contre l’énorme chêne de Nagornoe, je médite sur ce que sa disparition représente pour moi. Je ne parviens même plus à comprendre ce que je ressens. Je suppose que c’est une peine sans nom… et pourtant, dans les tréfonds de mon cœur noirci, une petite voix me rappelle que je ne l’ai pas retenu. Je l’ai laissé partir, pas après pas, dans cette immensité. Je l’ai regardé s’avancer, seul, insouciant, alors qu’il venait de me présenter ses excuses… Je... Ma colère contre lui n’a plus lieu d’être maintenant. Et pourtant, dans un dernier éclat, j’ai choisi de franchir le point de non-retour. Aucune rédemption n’est envisageable et je ne mérite aucune pitié, aucun pardon. Je ne peux m’empêcher de parler poliment aux inconnus, d’afficher ce masque avenant, pétri de faux-semblants que j’ai fini par haïr… Si je pouvais me trancher les veines pour ne jamais revenir, je n’hésiterai pas. Mais dans cette prison, je ne cesserai de me réveiller sur la plage, encore et encore, sans doute jusqu’à la fin des temps.
Je me méprise pour ce que j’ai fait. Mais c’est dans l’ordre des choses : au fond de moi, cette âme corrompue supplie qu’on lui fasse du mal, qu’on la saigne comme une vulgaire bête envoyée à l’abattoir. Ce sort est encore trop bon pour moi…
J’ai tué Grrr, le loup blanc. Emprisonné par Waam, une bien étrange survivante d’un an ma cadette, dans ce petit chalet à Nagornoe, il avait l’air fou de rage. Nos regards se sont croisés l’espace d’un instant : un jugement entre deux esprits, celui d’une fille modelée dans les mœurs complexes et futiles de l’Homme et celui d’un avatar de la Nature, le seul véritable ami de Wouff. J’ai commis l’impardonnable : coincé dans cette pièce étroite, je l’ai frappé… frappé… frappé jusqu’à sentir un feu lancinant brûler les muscles de mes bras. Couverte de sang, j’ai taillé dans sa chair… j’ai senti ses os céder un à un… ses grognements et ses gémissements se faire de plus en plus faibles et lointains tandis que je labourais son corps de mes coups… Pas une seule fois cette créature magnifique et sauvage n’a tenté de me mordre, comme si Grrr savait déjà que mon âme était perdue et qu’elle ne méritait que le dédain.
Avant qu’il n’exhale son dernier souffle, j’ai récupéré son sang. Sous les yeux de cette Waam que je ne connaissais ni d’Adam ni d’Eve, j’ai embrassé le visage de la sauvagerie, laissant toute pensée consciente se dissoudre dans cet océan de fiel que j’abrite au fond de moi. A l’heure où j’écris ces lignes, j’essaie toujours de me convaincre que mon geste aurait servi à quelque chose. J’avais ce qu’il me fallait : le sang est mémoire et la Brume en est friande. C’est assez ironique et tragique quand on y pense. Je voulais poursuivre mes recherches et me venger de Wouff en me servant ce qu’il avait de plus cher. D’une pierre deux coups en somme… Mais je n’aurai jamais pensé en arriver là. Wouff disparu, je n’avais plus aucune raison de m’en prendre à son loup. Et pourtant, c’est ce que j’ai fait. La jolie Waam n’est pas consciente de son erreur. Elle semble vouloir demeurer à mes cotés, tout comme Avaleah Brooklyn, belle comme un cœur elle aussi. Je ne veux pas qu’elles souffrent par ma faute… Et je ne veux pas m’attacher à elles. Je ne mérite ni leur pitié, ni leur amitié.

J’ai fait ce qui devait être fait mais ça ne suffira pas. Pour sauver ce monde, il faudra peut-être le détruire.

Les Réalités s’entrechoquent.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Nos Bienfaiteurs

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:23

Nos Bienfaiteurs

Je n’ai plus rien - ou presque. Une autre tempête, un autre Ouragan de Portails s’est abattu sur Chernarus, nettoyant ses recoins jusqu’à la trame, ne laissant quasiment aucun signe de la présence de survivants en ces lieux. Tout ce qu’il me reste, bien entendu, ce sont ces trois feuilles de papier froissées, couvertes de mots sombres et lourds de sens : trois pages qui peu à peu retrouveront leur grain souple et délicat avant de croître, de se développer pour donner naissance une nouvelle fois aux journaux de Norman Ross, de Realder Descendres… et au mien.
Cette fois-ci cependant, il y a quelque chose de différent. Les choses ou les êtres qui nous inondent de ces Tempêtes d’Ether ont visiblement un peu trop tiré sur la corde, au point de perdre l’espace d’un instant leur contrôle total sur notre Réalité. Ces changements sont subtils mais bien décelables pour qui fera l’effort de tendre l’oreille ou de scruter l’horizon. Celui qui voit et entend ne se rendra compte de rien. Mais celui qui regarde et écoute ressentira peut-être quelque chose. Les forêts de Chernarus, autrefois avares de sons, résonnent désormais du chant ininterrompu des oiseaux. La Nature elle-même semble chargée de vie, les arbres ploient sous la force du vent qui murmure et des branches craquent sous le passage des habitants de la forêt.
Et chacune de ces tempêtes me ramène un peu plus de cette poussière sépia dont je ne sais que faire mais dont je connais l’immense pouvoir. Sans doute est-ce là un rappel du Multivers à chacun d’entre nous ; même ceux qui se jouent de notre détresse ne sont que les pions d’une mécanique bien plus vaste et subtile. C’est avec ces pensées en tête que je continuerai de rédiger mon journal.

C’est fait. Je pense que les ponts sont désormais définitivement coupés entre Olikotora et moi. Je n’ai plus vu de lumières aux fenêtres de son dispensaire depuis la tempête qui a fait rage et ma radio est restée silencieuse. Sans doute a-t-il compris que nous n’avions plus rien à nous dire, qu’il nous était impossible de continuer à travailler de concert. Notre approche, nos convictions, nos objectifs et le chemin que nous empruntons pour les atteindre, tout cela est bien trop différent. C’est fini, terminé. Le respect que j’éprouve pour lui n’effacera pas les mots que nous avons échangés.
Si je parviens à mettre la main sur ce que je cherche, tout cela n’aura plus aucune importance de toute façon. Realder avait déjà envisagé cette possibilité, je le sais. Sans doute n’en avait-il touché mot à personne, pas même à Watson. Je ne suis pas comme mon cher écrivain disparu : je n’ai aucun pouvoir sur le temps, aucun pouvoir sur l’espace. En vérité, mes possibilités d’action sont quasi-nulles. Tôt ou tard, il faudra bien tenter le tout pour le tout. Couper l’herbe sous le pied de nos bourreaux pourrait bien faire empirer les choses mais c’est une possibilité que personne n’a jamais tenté de mettre en pratique semble-t-il. Dans le pire des cas, que risquons-nous ? Nous nous réveillerons sans doute sur la plage et la plupart de ces pauvres âmes n’auront même pas conscience de ce qui leur sera arrivé.
Je me demande néanmoins quel sera l’aspect de notre prison lorsqu’elle aura été purifiée par le feu nucléaire… et si un simple Ouragan de Portails sera capable de réparer les dégâts.

C’est un homme surnommé Ozone qui m’a lancé sur cette voie. D’aucuns pourraient le considérer comme l’une des pires ordures qui soit au sein de notre petit bout de territoire. J’ai frayé trop longtemps aux cotés d’âmes sombres pour oser émettre un jugement : Ozone est peut-être fou, mais il en sait apparemment très long sur une partie de ces mystères. D’après lui, l’une des mutations du virus EXO pourrait avoir eu lieu ici-même, en Chernarus. On menait selon ses dires, de sanglantes expériences au sein d’un lieu profond, enterré, sous les lourds bâtiments en béton armé de la base militaire de Tisy. Un lieu tenu secret, probablement géré par une organisation paramilitaire, qu’il a lui-même appelé « Le Tunnel ». J’étais accompagnée de Waam lorsque ce survivant à l’esprit tortueux nous a énoncé ses connaissances sur le sujet. Il faisait apparemment partie d’un groupe de sécurité au sein de cette organisation, le « Maintien ». Rien d’autre qu’un tas de muscles destinés à effectuer les sales besognes du Tunnel à mon humble avis… En d’autres circonstances, j’aurai sans doute tenté d’en savoir plus. Les documents qu’Ozone m’avait fourni ont malheureusement disparu, avalés par l’Ouragan de Portails. Peut-être que notre ennemi commun ne voulait pas que quelqu’un puisse en prendre connaissance.
En vérité, je me fiche désormais éperdument du responsable de ce pandémonium. L’Homme a été assez bête pour vouloir transformer ce virus en arme afin de l’utiliser contre lui-même. Par sa bêtise, l’humanité s’est condamnée ; peut-être qu’en ce moment même, une cinquième, une sixième - une centième - mutation prend forme. Demain, il ne restera peut-être plus rien de mes pensées… Deviendrais-je l’une de ces créatures déformée ou bien une autre Réalité m’offrira-t-elle le salut ? Je vais continuer à faire ce que j’ai toujours fait, cette-fois-ci libérée des barrières que je me fixais autrefois. La fin justifie les moyens.

Tu l’auras compris, Voyageur, Voyageuse. Je me suis écartée du reste du monde à Frontière d’Acier, et malgré tout, je ne cesse de faire de nouvelles rencontres. Waam est sans doute celle qui me donne le plus de fil à retordre, celle qui perturbe mes pensées, et pour cause. Je ne parviens à déterminer ni ses objectifs, ni sa nature, ni quoi que ce soit la concernant. Tout ce que je sais d’elle, c’est ce qu’elle a bien voulu me raconter, et pourtant je pourrai sans nul doute remplir les pages de mon journal d’hypothèses la concernant.
Mais pas ce soir. Décrire ne serait-ce que la première strate de sa personnalité nécessiterait un chapitre entier. La nuit tombe et je n’ai qu’un petit réchaud à gaz pour m’éclairer. Demain peut-être, si je parviens à mettre la main sur un nouveau stylo.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Deuxième Chanson : Les Corridors de la Ruine

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:26

Deuxième Chanson : Les Corridors de la Ruine

Premier couplet.

Fort bien. Cette fois-ci, c’est un retour dans le temps qui a frappé de plein fouet notre petit bout de terre, sans signe avant-coureur. Les pouvoirs de ceux qui nous ont enfermés ici, ceux de nos bienfaiteurs ou ceux d’une tierce partie ne cessent de m’impressionner tant ils s’avèrent retors. Je ne sais même pas s’ils sont véritablement dirigés contre nous ou s’il s’agit d’un simple effet secondaire ayant pour origine les récents Ouragans de Portails. Mais quand bien même, je suis sidérée de constater que nos geôliers ne prennent pas en compte ce petit détail : à chaque fois que nous subissons leurs tourments, de nouvelles fissures semblent se former à travers les membranes du Multivers. Sans doute est-ce la source d’énergie dont s’abreuvent les ouvrages que je garde jalousement en ma possession. Et bien entendu, c’est le journal de Realder qui profite en premier de ce festin inespéré : The Call of Chtulhu est encore légèrement abimé, râpé par endroit, mais les textes de mon prédécesseur ici-bas sont parfaitement lisibles et me somment de les consulter une nouvelle fois.
Voici ma théorie : ces Tempêtes d’Ether, ces remises à zéro, ces Ouragans de Portails ou quel que soit le nom qu’on leur donne, ont deux effets. Le premier, celui de ralentir, voire de bloquer ceux qui s’immiscent un peu trop dans les mécanismes de notre purgatoire. Le second, sans doute non prévu à la base, entraine l’apparition de failles, de microfissures, probablement à travers les réalités. Et quelque chose de bon en sort parfois.
C’est cette hypothèse qui me donne la force de continuer. A pied ou en véhicule, je ne cesse de parcourir la frontière Nord de Chernarus à la recherche de mon équipement perdu. C’est du moins ce que je faisais jusqu’à maintenant et ça a plutôt bien réussi. Jusqu’à aujourd’hui.

La base militaire de Tisy, celle-là même que mon cher Realder avait découvert totalement par hasard, était l’un de mes points de chute. Je prenais toujours garde d’y parvenir par des chemins détournés et d’y passer le moins de temps possible. Les armes ne m’ont jamais intéressée mais j’y trouvais parfois ces vastes tentes en toile verte doublée de kevlar ou de plomb. De quoi fabriquer le squelette de mon chez-moi, Frontière d’Acier. Ce ne sera plus possible à présent. A moins de prendre beaucoup plus de risques qu’avant.

Voilà qui justifie le titre de ce chapitre. J’éprouve une certaine satisfaction à penser que personne ne lira jamais ces lignes pourtant chargées de vérités toutes plus horrifiantes les unes que les autres, même si quelqu’un y mettait la main dessus. Perdues dans cette masse d’informations, noyées au sein de cet océan de pages, mes paroles pourraient coûter très chers à de nombreuses personnes, moi y compris. Mais j’ai peu de craintes de ce côté-là. Mon épais journal est son propre bouclier, mon pavois contre les ennuis.

Second couplet.

Nous sommes tous fautifs, à des degrés divers. Falcon, ancien camarade d’Ozone (retrouvé mort et bel et bien disparu cette-fois-ci) pour nous avoir mené jusqu’à la Porte Maudite, guidé vers un destin plus sombre. Waam pour nous avoir accompagné et donné les moyens d’entrouvrir la Boite de Pandore. Moi-même pour avoir fait détoner sa bombe, entrebâillant de ce fait l’Huis des Enfers. Et même Olikotora : l’homme qu’il faut là où il ne faut pas fait parfois toute la différence.
Je n’ai pas pu combler mon âme avide de vengeance en traversant la lourde paroi d’acier : malgré toutes les connaissances de Waam et les cadeaux de ses amis, nous ne sommes parvenus qu’à entailler l’épaisse barrière de métal du bunker. Le seul accès au « Tunnel » est toujours condamné. Seule une fine brèche témoigne de nos efforts et c’est par celle-ci qu’un nouveau Fléau s’est échappé.
Je ne vais pas mentir, pas ici, sur ces pages si chères à mon cœur. J’étais venue chercher quelque chose dans cette partie du Nord. Pas de tentes ni d’armes cette fois-ci. Pas au sens où l’on pourrait l’entendre du moins. Quelque chose de bien plus gros. Je ne me cacherai pas puisque j’en ai déjà écrit quelques mots : une ogive - atomique, toute modestie mise à part. Cet objectif et ma curiosité sont les seules choses qui m’ont poussé à suivre Falcon et Waam jusqu’à ces terres abandonnées. Par notre faute, une atmosphère poisseuse, corrosive et grésillante stagne désormais là-bas. Un amas de poussières, de gaz et d’autres particules, qui a obscurci le ciel et fait jaunir les nuages, comme un bon vin qui tournerait au vinaigre. Cette chose, quelle qu’elle soit, est retombée depuis et semble ne pas vouloir disparaitre de sitôt. C’est un pan entier de notre prison que nous avons empoisonné. Un masque à gaz et d’épais vêtements semblent être des mesures de protection appropriées mais je ne suis pas dupe : la nature de ce panache, de cette vapeur, de cette fumée m’est inconnue. Mais le petit compteur Geiger dont j’ai récemment fait l’acquisition ne laisse guère de place au doute. Ce brouillard est radioactif et ce n’est pas quelques épaisseurs de tissu et de cuir qui arrêteront bien longtemps ces rayonnements ionisants. Quant aux autres effets de ce poison, je préfère ne rien imaginer.

Troisième couplet.

Ce n’était pas mon but. Je pourrai crier victoire bien sûr, mais ce Mal que nous avons semé en Chernarus n’est pas celui que j’espérais. Je comptais souffler d’un coup toutes les étincelles de vie qui se cachent encore dans cette partie du monde pour offrir à l’humanité survivante une chance de renaître purifiée. Et si ça n’avait pas été le cas, au moins aurais-je mis fin à tous ces faux-semblants. Même un simple retour sur la plage aurait été préférable, ne serait-ce que pour obliger nos bourreaux à forcer à nouveau sur leur infernale mécanique.
Mais tout ce que j’ai réussi à faire, tous ce que Nous avons fait, c’est de réduire encore les limites de notre enclave en libérant un nuage tuant sans doute à petit feu tous ceux qui osent s’y aventurer. Bien que cela m’écorche la paume des mains de l’écrire, je rejoins Watson, Waam et Falcon sur ce point : il ne faut laisser sortir personne de ce brouillard, du moins personne qui s’y soit aventuré sans protections.

Je crains pour ma part de commencer à payer le prix de mes ambitions. Lorsque j’ai insisté pour que Waam, Falcon et Oliko s’enfuient ensemble, j’avais une bonne raison de le faire. Je suis retournée sur mes pas, face à la porte endommagée et j’ai longtemps tenté d’agrandir la brèche, veillant à bien garder mon masque verrouillé sur mon visage.
Sans doute ai-je pu tromper les vapeurs délétères et les miasmes de ce Fléau, mais les radiations ont été moins clémentes. Je connais le mal des rayons pour avoir travaillé aux cotés de ceux qui arrachaient à la Terre son précieux combustible chargé d’énergie et j’en présente nombre de symptômes.
Je ne sais pas combien de temps il me reste avant de me réveiller sur la plage. Mes recherches et les notes que j’écris dans ce journal vont s’en trouver retardées et il va falloir que j’anticipe ce temps perdu, quitte à malmener mon organisme, à le pousser dans ses derniers retranchements.
Quelle importance au fond… puisque ce n’est pas le mien.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Can tah, can tak… Il existe d’autres dieux que les vôtres.

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:28

Can tah, can tak… Il existe d’autres dieux que les vôtres.

Mais aucun d’entre eux ne pourra m’aider cette fois-ci. Voilà qui permettra sans doute à Olikotora de poursuivre la mission qu’il s’est donné sans craindre de sabotage de ma part. Mais pourquoi m’abaisserais-je à de si viles actions ? Pour me venger ? Non… il me reste encore quelques miettes d’honneur : ce qui m’importe au fond, ce n’est pas de mettre Watson hors d’état de nuire, c’est de parvenir à obtenir des résultats avant lui, à ma manière.
Je l’ai croisé récemment près de chez-moi, rôdant à proximité de mon sanctuaire. Je n’aurai jamais pensé qu’il oserait y remettre les pieds mais je m’étais visiblement trompée sur son compte. L’âme d’Oliko est sans doute devenue plus noire elle aussi, puisqu’il n’a pas hésité à faire main basse sur deux de mes caisses isolantes. A sa décharge, il me l’a avoué quelques temps après m’avoir interceptée. Je puis l’accuser de bien des maux mais le docteur Watson n’est pas un voleur : j’ai pris soin de transformer ce larcin en échange. Un peu de son sang en paiement de mon matériel : c’est à mon sens une transaction acceptable pour les deux parties. C’est un accord que nous avons passé dans les règles et je compte sur lui pour le respecter… Olikotora n’est pas conscient du poison qui circule - je le crains - dans mes veines. Mais il est prévenu : si je le surprends à nouveau près de Frontière d’Acier sans avoir eu vent de sa visite, je jure que je prendrai les dispositions nécessaires pour le briser. Œil pour œil, dent pour dent. Il existe d’autres blessures que celles du corps.

Je comprends la délicate position de Waam dans cette histoire : la mystérieuse survivante à la voix aussi étrange que le fil de ses pensées doit se sentir oppressée en notre présence, comme prise entre deux feux. Elle s’efforce de nous aider l’un comme l’autre, tout en se tenant éloignée de nos divergences. Je ne lui en veux pas ; en d’autres temps, Waam aurait pu devenir une amie, une personne sur qui j’aurai compté. Mais c’est impossible en ces circonstances. Au moins a-t-elle été honnête avec moi : elle retournera d’où elle vient une fois sa mission terminée. Une partie de moi l’apprécie tandis que l’autre n’éprouve que du ressentiment à son égard. Waam n’est pas très différente de nous tous en fin de compte : elle éprouve des émotions et sa logique est pareille à la nôtre. Elle est en tout point notre semblable, seules sa sagesse, ses connaissances et ses capacités en font un être à part.
Pourtant, malgré son art, elle ne nous abandonnera pas moins ici et seul le souvenir de l’avoir rencontré perdurera. Chacun d’entre nous - Watson, Falcon, Ozone, Gitanos, Ded… ne sera finalement rien de plus qu’une série de données, de dossiers qu’elle pourra fournir à ses supérieurs. En cela, son essence est indubitablement humaine : c’est dans notre nature d’être égoïste. Visiblement, Waam et les siens partagent ce trait de personnalité avec nous.

Ne me juge pas Voyageur, Voyageuse. Si tu disposes de l’ensemble de mes écrits et que tu les as lus depuis que je me suis décidée à sortir de cette cave à l’odeur douceâtre remplie de pommes de terre, tu as bien compris que j’étais la championne toutes catégories lorsqu’il s’agissait de manier les mots sur le papier. Cette encre cristallise mes sentiments, mon ressenti et porte en elle l’essence même de ce que je suis et de ce que je ressens. Ce n’est pas un dialogue entre nous, pas même un débat entre les différentes parties concernées : c’est mon journal, ma réalité mise à nue, exposée à ton regard inquisiteur. Alors je t’en prie, ne te hâte point dans ton jugement… Parce que c’est mon cœur que tu tiens entre tes mains.
Dis-moi, Voyageur, Voyageuse. Si j’arrachais son reflet de ma poitrine pour le jeter dans la Brume avant que le froid voile de la mort ne m’enveloppe, quelle voie suivrait mon journal et qu’adviendrait-il de moi ? Serais-je réveillée par le bruit des vagues et l’odeur de l’iode marin ? Serais-condamnée à errer sans fin dans le Brouillard Affamé tout comme Wouff et Realder ? Ou bien serais-je réduite à moins qu’un fantôme, coincée entre les Membranes des Plans ?

Les loups ne m’ont apporté aucune réponse jusqu’à présent. Je n’ai aucun moyen de les marquer, ils succombent à leurs blessures avant que j’ai le temps d’en tirer quoique ce soit. Seuls leur sang et leur cœur sont susceptibles de servir à quelque chose. Mais pour l’instant, je n’ai aucun résultat exploitable. Il ne me reste plus beaucoup de choix. Si je poursuis sur cette voie, je sais où tout cela va me mener et je n’ai pas spécialement envie de me salir les mains de cette manière. Je ne suis pas biologiste et même si je parvenais à obliger Olikotora à travailler pour moi, il préfèrerait sans doute tout perdre que de renier ses principes. Pauvre âme perdue, emprisonnée dans son carcan de chimères…
La solution de l’ogive est la plus prometteuse mais à supposer qu’il y en ait bien là-bas, il me faudrait encore m’aventurer dans le panache toxique, traverser les vingt centimètres d’acier blindé de la porte (au bas mot), et disposer d’un corps en parfait état, ce qui n’est plus le cas du mien si je ne m’abuse. Je pourrai bien sûr choisir de mettre fin à mes jours ici-même mais j’ai peur que tôt ou tard, cette combine ne fonctionne plus.
Il me reste Waam et ses secrets. D’une manière ou d’une autre, je veux sortir d’ici. Et elle en connait le moyen.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Mi him, ah lah, him en tow. Viens à moi et écoute.

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:31

Mi him, ah lah, him en tow. Viens à moi et écoute.

Mi him, en tow, Dorro, mi him. Ou qui que tu sois. Frisca implore ta présence car elle a besoin de ton aide. Si em, tow en can de lach. Pour toi, je parlerai le langage des Morts. Tak ah lah ! Waam en tow. Tak ah wan !

Une fois de plus, ces terres ont été balayées par un nouvel Ouragan de Portails et le compte à rebours a été remis à zéro. J’ai tout perdu et je me sens pourtant étrangement calme. Sans doute n’ai-je plus grand-chose à espérer de mes recherches. Les longues heures passées à parler avec Waam, à essayer de la comprendre, ont finalement porté leurs fruits. En partie du moins car je dispose d’un début de piste : si je parviens à suivre ce chemin, tout ce sur quoi j’ai travaillé depuis mon arrivée à Frontière d’Acier deviendra caduque. Je me doutais qu’elle en savait bien plus que ce qu’elle voulait bien me dire. C’est chose faite à présent.
Je suis satisfaite mais je ne m’en sens pas heureuse pour autant, bien au contraire. Et à dire vrai, une partie de moi regrette même cette conversation que nous avons eue. Je ne suis pas stupide : je pourrai immortaliser ici ce dont je me souviens, solidifier ma mémoire pour que quelqu’un d’autre reprenne le flambeau s’il devait m’arriver quelque chose. Mais ce serait trahir Waam en quelque sorte. Parce qu’elle ne peut tout simplement pas imaginer que je choisisse une voie qui n’aille pas dans son sens. Cette discussion doit donc rester secrète mais je me dois tout de même d’en garder une trace. En cela, je fais confiance à ma prose tortueuse semée de métaphores et de comparaisons : c’est un champ de mines pour l’esprit qui n’a pas l’habitude de s’y aventurer.

Ma jolie camarade aux cheveux blonds-argentés est persuadée de servir une cause louable, de faire partie d’un Grand Tout et surtout de contribuer à l’équilibre ultime du Macronivers. Le sort de notre espèce lui est bien égal mais c’est compréhensible : s’il convenait de sacrifier une planète pour en sauver des centaines, que feriez-vous ? Voici l’ironie de toute l’histoire : je pense que Waam n’a rien à voir avec ce qui s’est passé ici. La chute de la comète Runkha EC564, l’apparition du virus EXO, le déploiement des Team Alpha… Tout ce qui a eu lieu depuis qu’on nous a privés de nos paisibles existences lui est totalement égal. Elle a été envoyée ici-bas au sein d’un corps qui n’est pas le sien, comme nous tous, mais c’est un esprit dix fois, cent fois, mille fois plus évolué que le notre qui l’habite. Sa mission est la seule raison de sa présence comme je l’ai déjà écrit il y a quelques soirs de ça. Pour elle, nous ne sommes que des singes, de vulgaires macaques. Pour ceux qu’elle sert, nous sommes encore moins que ça : des puces.
Si Waam daigne dialoguer avec moi et me faire part de ses confidences, ce n’est peut-être que parce qu’elle me considère comme un bon animal de compagnie : je lui ramène ce qu’elle recherche et en échange, elle me fournit des informations au compte-goutte, un peu comme un chien qui rapporterait le bâton et à qui on donnerait un sucre en échange.
Elle m’a fait remarquer plusieurs fois que je voyais tout en négatif, que je devrais essayer d’être heureuse. Je l’étais, mais plus maintenant ; telle est ma nature. On m’a privée de ma liberté, mon bien le plus précieux, puis j’ai échoué dans cette cage pour être jugée par une âme en tout point supérieure à la mienne. Waam est ma tourmenteuse, et pourtant j’aime palabrer avec elle. Sans doute est-ce là un paradoxe de mon esprit corrompu : quelle délicieuse douleur que de confronter mes pensées plates et grossières à celles de cette créature raffinée et si sage…

Et pourtant, je ne partage pas l’avis de cette guerrière venue d’ailleurs. Sans doute ma nature humaine m’empêche-t-elle de saisir la vérité ? Quel mal y a-t-il à vouloir retrouver ce qui nous revient de droit ? Je parle au nom de tous ceux qui ont perdu des êtres chers, de tous ceux qui ont du abandonner leurs rêves - ou les deux ! Et pour quoi ? Pour contribuer à l’équilibre cosmique ?
Avant que le Cataclysme ne survienne, je marchais dans les pas des Arpenteurs en catimini, veillant à ne pas abimer la fine trame du Multivers. Je pinçais les cordes des Réalités avec des gants de velours, prenant garde à ce que leur musique ne soit pas altérée. Et lorsque je ne cartographiais pas les Plans que nous traversions, je menais une vie paisible sur cette planète bleue chère à mon cœur.
Grâce à Waam, j’ai appris qu’une nouvelle voie pouvait m’être proposée, une voie qui pourrait me permettre de retrouver cette existence chérie.

Je ne veux pas la trahir. Mais je n’en attends pas moins un signe. Et si des lames doivent être tirées de leur fourreau, alors qu’il en soit ainsi. Tuz Kren Lein. La Lame du Vide.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty The Longer Road: Départ de Toril.

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:39

The Longer Road: Départ de Toril.

Un soupir. Je puis enfin retirer ce lourd masque à gaz de mon visage, respirer l'air frais du Nord de Chernarus plutôt que l'immonde atmosphère viciée de mes propres poumons. Ce soir, je troque enfin mon fusil à répétition contre une autre arme, bien plus meurtrière. Un petit stylo, pour souiller les pages encore immaculées de mon journal.

Les loups sont là, eux aussi. A quelques pas de moi, pourtant je n'ai pas peur d'eux. Et ils ne me craignent pas non plus. Nous partageons au moins cela: ils n'aiment pas la Brume derrière moi. Cette limite derrière laquelle je me trouve, ces quelques mètres de terre entre Chernarus et le Brouillard Maudit représentent une zone de cessez-le-feu. Que l'un de nous s'avance d'un mètre ou deux et le carnage commencera. Mais pas aujourd'hui; demain peut-être, s'ils sont encore là.

Ils jouent ensemble pour le moment, tout en me jaugeant de leur regard froid. Ils savent ce que je suis, ce que j'ai fait. Deux loups blancs, trois jeunes loups gris et le chef de la meute - me semble-t-il : plus gros que ses congénères, couturé de cicatrices et une longue estafilade sur le flanc droit, guérie depuis longtemps. Peut-être m'a-t-il déjà fait sombrer par le passé. Il mérite sans doute un nom mais à quoi bon puisqu'il ne sera bientôt plus qu'un tas de viande sanguinolente? Il gronde en m'observant. Sans doute veut-il que je continue à écrire pour me remémorer ces souvenirs douloureux. Qu'il en soit ainsi.

Que décrire de plus que ce que j'ai sous les yeux? Je reconstruis Frontière d'Acier peu à peu, par habitude plus que par besoin. Mon entêtement n'a pas de limite et mon chez-moi disparaitra peut-être dans quelques jours suite à une nouvelle Tempête d'Ether. Mais je continue, envers et contre tout. Je mène quelques travaux par-ci par-là, étudiant les effets de la Brume sur les organismes vivants, analysant du mieux possible les roches de la carrière de Severograd et de la mine de Kamensk, peut-être dans l'idée très floue de construire moi-même un jour, ce que je n'ai pu obtenir à Tisy. Je décode également les transmissions que Waam m'a fourni et je parle parfois aux Dorros et Ulodos, espérant sans y croire obtenir une réponse, un signe...une impulsion.

Je n'obtiens aucun résultat. Je sais en revanche qu'ils cherchent à m'entendre et à me voir. La vitesse à laquelle je les retrouve est une preuve suffisante de leur intérêt, pour le meilleur ou pour le pire. Sans doute le pire. Fidèle à ma promesse, je sers Waam en l'assistant dans sa mission, sachant très bien que je ne fais que précipiter l'inéluctable.

Waam. J'ai bien failli la perdre, par bêtise, ingratitude...abandon! Pourtant, c'est ce que je voulais et c'est toujours ce que je veux au fond de moi. C'est que j'ai fini par l'aimer cette petite étincelle vibrante de vie... Sa nature même et sa méconnaissance de la nôtre nous emmène parfois dans des conversations sans queue ni tête et dans des situations plutôt cocasses. J'ai souhaité m'en écarter, parce que je n'ai pas envie d'en souffrir lorsqu'elle retournera chez elle. C'est ainsi, tel est le fardeau de ma nature: je suis humaine et pour préparer le présent, il me faut analyser le passé et envisager l'avenir.

J'ai su que j'étais allée trop loin lorsque je suis retournée à Frontière, il y a plusieurs jours de ça: mon campement était toujours là, mais pas celui de Waam. Elle était partie. Mais elle est finalement revenue - avec ce pauvre homme, Hal. Je ne sait que penser de lui, mais je m'en occuperai plus tard. Il m'a l'air bien trop honnête pour me porter préjudice, à moi ou à mes installations. Je le surveillerai néanmoins.

J'ai longtemps dialogué avec la belle guerrière, en évitant d'éclater en sanglots devant elle. Je lui ai expliqué le pourquoi du comment... et elle a accepté mes excuses. Ce n'est pas un souvenir agréable mais c'est un soulagement bienvenu. J'essaierai de faire comme si je ne pensais pas au futur: je suis bien consciente que notre temps côte à côte est compté - et j'en suis responsable en grande partie - mais Waam à raison; je ne peux pas vivre focalisée sur le présent mais je peux essayer de profiter des bons moments, même en sentant l'ombre de l'avenir planer au-dessus de moi. Et peut m'importe qu'elle me considère comme son égal ou comme son animal de compagnie. Au moins y a-t-il un semblant de lien entre nous.

Tant que je n'ai pas plus d'informations, mes autres objectifs sont mis en pause, en stand-by. Je ne vois pas ce que je peux faire de plus, à moins de reprendre contact avec Olikotora contre mon gré pour procéder à un échange de matériel ou plus vraisemblablement de connaissances. J'ai donc un peu de temps devant moi. Et entre mes livres, mes crayons, mes recherches... et l'éradication de la malédiction des loups blancs en Chernarus, j'ai de quoi faire.

Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Dessin10

"Un point de chute, Toril, pour rayonner au-delà des Membranes du Macronivers. Des Relais pour étendre nos racines au travers des Réalités. Et cet autre, un plus grand mystère: le Purgatoire, le Bagne de l'Esprit où ton Dieu travaillera avec celui qui travaille, où de chaque épine doit sortir une rose. C'est là-bas que nous étions sensés échouer si la Mort devait nous surprendre. Une Solution Alternative, le pied-de-nez des Arpenteurs à la face de ce Multivers soi-disant Inaltérable.
Nous avons fait erreur en pensant que nous étions les seuls à nous jouer des Règles de la Matière. Nous sommes au cœur d'un conflit qui n'est pas le nôtre dans la Réalité que nous avions choisi mais au sein duquel nous avons peut-être pris parti Ailleurs. Ou que vous soyez, Veilleurs, Arpenteurs, faites profil bas."
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty The Longer Road: Blackmesa; Sector F, Lambda Reactor Complex

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:42

The Longer Road: Blackmesa; Sector F, Lambda Reactor Complex

En théorie, nous n'avions plus besoin de cette vieille casserole rouillée. Pas dans cette partie du Multivers du moins. Je ne m'y suis pas aventurée très souvent et pour cause; il est de ces lieux non seulement dangereux mais également chargés de sens et de souvenirs, angoissants, odieux et dérangeants. A l'image de la base militaire de Tisy et de son bunker condamné, du périmètre bouclé autour du réacteur de Tchernobyl, de la Zone 51 en Amérique - chez moi - et de bien d'autres endroits, rien que sur notre bonne vieille planète Terre.

Le Complexe Lambda est l'un de ces lieux et ce qui est arrivé - ou ce qui n'est pas arrivé - a sans aucun doute eu des répercussions majeures au sein de plusieurs réalités. Je pars du postulat suivant, mis en relation avec ce que Waam m'a raconté: ces songes qui perturbent sans arrêt mon sommeil et qui m'empêchent de fermer l'œil plus de quatre heures d'affilée ne doivent être que des échos en provenance d'autres Réalités Alternatives - ou quelque chose du même acabit. Dans ce cas, c'est bien mon histoire que je raconte au sein de ce journal: la mienne et celles de plusieurs "moi", perdus quelque part de l'autre coté des Membranes, au sein d'autres bulles dimensionnelles. Je suis tourmentée, pour la simple et bonne raison que je suis peut-être on ne peut plus proche de la vérité. Je suis également susceptible de me trouver complètement "à côté de la plaque".

Soit. Certains des secrets que j'ai gardé en tête sont peut-être inexacts, voire complètement faux. D'autres sont parcellaires mais dans les grandes lignes, il est possible d'apercevoir un ou plusieurs fils rouges à travers cette pelote hérissée d'épingles; Waam nous considère comme des êtres primitifs et elle n'a pas tort. Néanmoins, je pense qu'elle nous sous-estime.

A la base, le Réacteur Lambda avait été construit dans un tout autre but que celui qu'il sert actuellement - du moins qu'il servait avant que la comète ne s'écrase sur Terre. Realder en savait bien plus long que moi, j'ai pu le constater en disséquant chaque ligne de son journal. En ce qui me concerne, je ne me rappelle de rien, ou presque. Quand bien même ce serait le cas, je n'aurais pas grand chose de plus à dire. Ce que je sais, c'est que les installations du Complexe Lambda et l'histoire des Arpenteurs sont étroitement liées, peut-être pas au sein de cette réalité, mais probablement dans d'autres. Pas étonnant lorsqu'on sait ce qui se tramait là-bas. Téléportation, recherches sur la mécanique quantique, la génétique et l'existence de vies extra-terrestres... Olikotora aurait eu sa place à Blackmesa. Mais le destin en a semble-t-il décidé autrement.

Veux-tu savoir ce que je pense, Voyageur, Voyageuse? Oui? Tant mieux. Non? Tant pis. Il existe plusieurs moyens pour qui désire briser les barrières qui relient les univers entre eux, pour qui souhaite emprunter les ponts construits au-dessus des tumultes de l'Ether. L'un d'entre eux porte son nom, affiché en grandes lettres orange sur ses murs de béton de trois mètres d'épaisseur, sur ses multiples panneaux d'acier et de plomb. De ses blessures s'écoule la lumière qui tue l'Homme et il vomit sans cesse un flot de particules délétères - les mêmes qui hantent désormais l'atmosphère empoisonnée au Nord-ouest de notre enclave.

Le Café de Realder est une autre clé, destinée à ouvrir d'autres portes. Les Réalités fonctionnent différemment de par leur nature, ce qui implique d'adopter d'autre méthodes toutes plus invraisemblables les unes que les autres pour parvenir à s'y infiltrer.

C'est l'histoire des Arpenteurs, un combat de tous les instants pour cartographier le Macronivers. Ne cherche aucun sens à cela, Voyageur, Voyageuse. C'était ma vie et je l'aimais. Les plaisantins diront que je ne suis rien de plus qu'une Touriste de l'Hyperespace, une Visiteuse du Cosmos; et ils auront raison. Parmi nous, certains n'aspiraient qu'à ce but et d'autres nourrissaient sans doute de plus sombres desseins. Je veux retrouver mon passé: est-ce trop demander?

C'est l'histoire des Arpenteurs, et elle n'a rien à voir avec ce présent au sein duquel nous sommes coincés: nos "bienfaiteurs" ont envoyé des âmes en Chernarus, intégrées dans des corps qui ne sont pas les nôtres pour mener à bien une mission que nous avons oublié. Il y a pire: nos pensées elles-mêmes ne sont peut-être que des constructions de notre esprit pour faire face à une réalité qui nous échappe ou des éclats de conscience assemblés par ceux qui nous ont fait échouer dans ce Purgatoire. Et si mes passés n'étaient que pure invention? Nous sommes au moins deux à les partager: mon cher écrivain, Realder Descendres; et moi-même. S'il s'avère en fin de compte que ma vie n'est qu'une supercherie, je ferai tout pour la rendre réelle, quitte à repartir de zéro avec ou sans Realder. Je suis immortelle: l'éternité travaille à mes cotés.

Je lève mes yeux de mon journal et de sa couverture au titre bien choisi: The War of the Worlds. Ils sont rougis par le manque de sommeil et de lumière, pourtant je dois continuer d'écrire. Ce n'était que la première partie de mon texte: des éclats de mon passé ou des pensées crées de toutes pièces, remontés des profondeurs de ma mémoire à l'aide du doux Café des Arpenteurs. Je me sens mal à l'aise, malgré le cadre idyllique qui m'entoure: Narod Lessa, une petite communauté de survivants qui s'est récemment implantée au Sud de Grishino, près d'un petit lac. Je devrai m'y plaire, m'y sentir en sécurité, tout comme les poissons que nous avons pêché hier soir et qui tournent désormais dans leur tonneau, en attendant de manger - ou d'être mangés. Sam Détemps, le gestionnaire de ce petit village, se repose près d'un feu à quelques pas de là. Il pourrait venir me parler mais je pense qu'il a compris que je préférais rester seule ce soir.

Je reprends lentement contact avec Watson - Olikotora pour les intimes. Nous ne parlons pas beaucoup de notre longue dispute: si c'était le cas, l'un d'entre nous pourrait se retrouver victime d'un regrettable accident. Nous avons tous deux nos méthodes, notre mode de fonctionnement et notre regard sur le monde n'est pas le même. C'est pourquoi nous avons convenu d'en rester là. J'aiderai Oliko autant que je le puis dans ses recherches et en échange, il me fournira ce dont j'ai besoin. Notre amitié s'est étiolée, peut-être fleurira-t-elle à nouveau ou peut-être est-elle fanée à jamais. Ce n'est pas très important.

J'ai perdu un ami et je n'aimerais pas perdre la dernière qu'il me reste: je parle de Waam. Petite Citrouille m'en veut parce que je lui ai promis de m'installer avec elle dans un petit coin de paradis, or je n'ai pas encore eu le temps d'y emmener quoique ce soit. J'aurais pu, c'est vrai, mais il m'aurait alors fallu abandonner ma bibliothèque à Frontière d'Acier, mon petit trafic d'armes à Narod Lessa, et parcourir Chernarus du Nord au Sud avec une ou deux tentes attachées à mon sac à dos. Non, je refuse de presser les choses. Pour passer plus de temps avec elle, j'ai déjà abandonné l'ensemble de mes recherches mineures - mes travaux concernant les effets de la Brume, la dissection des loups, la création d'explosifs... J'ai jeté quelques tentes à travers le Brouillard, du matériel, des ressources rares, tout ça pour les beaux yeux de cette gamine boudeuse et quelque peu ingrate sur les bords. Nous avons tant fait l'une pour l'autre! Est-ce vraiment le moment de tout gâcher? Pour une race plus évoluée que la notre, je trouve que la sagesse de Waam n'est pas si développée qu'elle le laisse entendre. Le temps qu'elle passe à me culpabiliser, c'est du temps perdu que nous ne passons pas ensemble. Je pourrai décider d'en gagner en me bridant: après tout, c'est moi qui lui ai rapporté l'immense majorité de sa collection de Dorros et d'Ulodos! Finalement, ce n'est pas pour elle que je travaille, mais pour ses supérieurs! Me voient-ils en ce moment? Observent-ils la petite humaine qui se démène à accomplir la mission que leur guerrière n'a pas le courage de respecter? J'en viens à penser que ce n'est pas Waam qui devrait revêtir sa combinaison avant de quitter ce trou à rats. Laissez-là ici, vous m'entendez? A quoi bon vous encombrer d'une guerrière incapable d'accomplir votre objectif? Qu'elle demeure ici avec nous! Prenez vos saletés de Dorros et d'Ulodos avec vous et fichez le camp. Ce n'est pas votre monde, ce n'est pas votre univers, ce n'est pas votre histoire. Enlevez vos sales pattes de Waam et disparaissez de Ma Réalité!

"Car on dit qu'ils sont devenus pareil à ces étranges démons qui habitent la matière, mais n'abritent aucune lumière."
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty The Longer Road: Xen, Monde-Frontière

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:47

The Longer Road: Xen, Monde-Frontière

De l'eau. Des grains de Café. De la Poussière d'Ether. Ce soir, sous un ciel plombé cachant les étoiles, j'ai empoisonné mon corps et mon esprit avec une casserole entière remplie de cette mixture aux délicieux arômes. Sans nul doute me permet-elle de veiller au-delà de mes limites: je pourrai tenir des jours et des jours sans fermer l'œil. Le Café des Arpenteurs exacerbe mes sens; le chant des oiseaux devient plus audible, la caresse du vent sur ma peau est une langoureuse étreinte. Des parfums boisés près de Frontière d'Acier jusqu'aux vapeurs d'essence du garage de Grishino, c'est une explosion de senteurs, un véritable déluge de fragrances qui m'enveloppe. Les nécroïdes - tel est le terme employé par Olikotora pour parler des Grisâtres - me semblent bien lents avec ce flux qui parcoure mes veines. Même les blessures qu'ils m'infligent me paraissent insignifiantes en comparaison de ce brasier qui consume mon âme.

J'ai pu constater de mes yeux l'effet de ce divin nectar sur Watson. Sans doute est-il plus réceptif que Waam aux murmures du Grand Vide. Pourtant, aussi puissant soit-il, ce Café n'est qu'un pâle reflet de celui de Realder: un ingrédient manque - de la roche lunaire broyée - mais ce n'est pas tout: je n'ai tout simplement pas les compétences nécessaires à sa préparation, et c'est tant mieux. Il est des secrets qu'il vaut mieux ne jamais déterrer. Ma préparation fait néanmoins son travail: le rythme de la Chanson s'en trouve modifié et j'entends de nouveaux échos en provenance des tréfonds de la Matière. Ils brouillent mes pensées les plus noires - en tout cas, ils en altèrent l'éclat. C'est une bénédiction pour mon âme meurtrie. Des souvenirs émergent comme de vieux navires remis à flots: ont-ils pour origine l'une de mes incarnations passées? Sont-ils la résultante de mon esprit fatigué de se poser toutes ces questions sans jamais obtenir de réponses? Ou sont-ce des graines implantées au cœur de mon inconscient, pour que je mène à bien une mission qui n'est finalement pas la mienne? Encore une fois, le silence est le seul à me répondre.

Si j'apprends un jour que ces pensées, ces souvenirs, ces mémoires ne sont que des mensonges, mon principal regret sera de ne pas avoir posé le pied sur le seuil de mondes tels que Xen.

Je vois dans les vapeurs de mon Café, l'immensité vide d'une nébuleuse, les fragments d'une planète depuis longtemps détruite. C'est un océan de quiétude maintenant que Nihilant n'est plus. Un homme libre dont nous ne nous soucions plus depuis longtemps a accompli un superbe travail là-bas, il y a de cela bien des lunes, libérant la voie pour les Arpenteurs, se frayant un chemin à travers les îlots lithiques à grand coups de pied-de-biche. Le premier Relais a été construit là-bas. Le premier d'une longue série, bien avant que Realder n'en ai connaissance, bien avant qu'il n'apprenne l'existence du Réacteur Lambda et des secrets du Multivers.

Je pourrai presque sourire en me remémorant les moments passés aux cotés des Arpenteurs - ceux dont je parviens encore à me rappeler. Pourtant, ce soir, mon esprit immergé dans la tempête, je m'autorise une réflexion qui me rend tout sauf heureuse. Je ne changerai pas, c'est un fait: ce que je veux retrouver, je le retrouverai, et si ce n'est pas le cas, je préfère encore m'abandonner au Néant. Quand bien même ça n'aurait jamais existé, je ferai tout pour mener tôt ou tard mes objectifs à leur terme. Et si je n'y parviens pas, retour à la case départ. Néanmoins, je m'interroge: la voici la petite piqure qui nous démange mais qu'on ne parvient pas à atteindre, celle qui nous empêche de profiter de quelque chose alors qu'on avait justement tout prévu...

Qu'avons-nous fait au Macronivers? J'aime à penser que les Relais Lambda n'étaient que des sortes de générateurs de distorsions locales et pas de dangereuses bombes capables de briser l'entièreté d'un Plan. Même plus tard, lorsque Realder traçait lui-même sa propre voie, quel impact pouvait-il avoir sur la Réalité? Il y a déjà quelques semaines de ça, Waam m'a expliqué que c'était aller contre le fonctionnement de toutes choses que de modifier le continuum à des fins strictement personnelles. Car c'est bien le cas au final et d'autant que je me souvienne de mon passé, aucun Arpenteur n'a jamais prétendu le contraire. Je n'ai jamais rien compris à la technologie employée à Blackmesa - je suis géologue à la base, pas experte en fission de l'atome, en mécanique quantique ou en modification de l'espace temps. Même Realder devait probablement se contenter d'utiliser l'existant sans remettre en cause son fonctionnement. Mais... si une étoile devait s'éteindre dans le ciel pour chaque balle tirée, continuerions-nous à nous faire la guerre?

J'ai perdu mon épée, celle à laquelle j'avais donné le nom de Tuz Kren Lein, La Lame du Vide. Un nouveau réveil sur la plage, encore une fois. Je ne compte plus le nombre de mes morts... Cette fois-ci, c'est ma maladresse qui en est la cause et je couche dans ce journal ces quelques mots, qui pourraient paraître honteux de prime abord: je suis passée sous les roues de mon propre bus tout à l'heure, celui que je comptais justement ramener au garage de Grishino. Une mort stupide que j'attribue à mon épuisement - épuisement que je ne ressens plus avec le Café qui coule dans mes veines. C'est une situation risible, une mort absurde pour qui pourrait lire ces lignes. Pas plus absurde que nos vies ici-bas. Avant de t'esclaffer, Survivant, Survivante, peux-tu prétendre t'être avancé(e) aussi loin que moi sur les chemins de la connaissance? Non, tu ne peux pas. Alors si tu lis ces lignes, ne me juge pas, parce que j'œuvre à comprendre la raison de notre présence ici - la mienne comme la tienne. Peux-tu en dire autant?

D'autant que je puis le constater, nous ne somme que trois de ce coté du miroir. Olikotora, Waam et moi-même. D'autres peut-être mais soit ils ne sont plus là, soit ils se terrent quelque part en attendant leur heure. L'hommage ne sera pas long: Le Docteur et Igor, deux esprits dans un même corps; Fyfoo et ses Lost Riders, paix à vos âmes mes amis. Et même Irwin Kelor, Mira Noskov et Yinho. Où êtes-vous à présent, misérables tas de viandes? Vous m'avez trahie, abandonnée... exécutée. Et vous brillez maintenant par votre absence, peut-être morts et bien morts ou perdus comme mon Realder dans le Grand Vide. Je suis toujours là, je me tiens bien droite face à votre tombe. Je vous ai survécu et le Macronivers continue peut-être de tourner sans vous.

Ce soir, je suis retournée sur Dragonia pour terminer d'écrire ces lignes, après avoir croisé Watson à Svetlojarsk - près du poste de secours d'un certain Ecureuil. Un drôle de surnom pour un survivant que je n'avais jamais rencontré jusqu'alors. Très gentil, peut-être un peu débridé sur les bords. Après tout, tant mieux: il m'a invité à venir visiter son campement et m'a expliqué qu'il comptait aider ceux qui étaient dans le besoin - autrement dit, ceux qui se réveillent parfois sur la plage. Non sans m'avoir fait quelques plaisanteries grivoises, nous avons pris congé. Je retournerai sans doute le voir un de ces jours, ne serait-ce que pour le remercier de son accueil et pour lui présenter Olikotora: le biologiste et le secouriste au grand cœur pourraient peut-être travailler de concert dans le futur.

Quand à moi, ma route à court terme est toute tracée: je vais retourner à Frontière d'Acier avant de m'aventurer une nouvelle fois au sein des Malterres, dans l'atmosphère délétère de Tisy. Cela ne m'enchante guère mais j'y vais plutôt avec le sourire. Le souvenir d'une Waam heureuse de me voir à Dragonia m'aidera à arpenter ce lieu maudit, repère de crocs et de griffes.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty The Longer Road: Un Purgatoire d'Ossements; les Huit Cercles de Larmes sont le Ventre de Pluton

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:52

The Longer Road: Un Purgatoire d'Ossements;  les Huit Cercles de Larmes sont le Ventre de Pluton

Je n'ai pas pour habitude de tenir mon journal aux petites lueurs de l'aube. Pourtant, c'est ce que je fais en ce moment et je n'ai pas besoin de raisons. Il est étrange de constater à quel point ce monde peut nous faire oublier les petits détails de notre réalité, celle d'avant la Catastrophe - si c'est bien d'une catastrophe qu'il s'agit et pas d'une supercherie savamment orchestrée pour nous faire croire que tout est parti à vau-l'eau. Par exemple, j'avais presque oublié cette salamandre sur mon épaule: elle cherche à rejoindre ma nuque mais ne pourra jamais l'atteindre. Aussi réussie soit-elle, il ne s'agit que de quelques gouttes d'encre sous ma peau. D'après ce que je sais, je ne devrais pas la voir puisque je ne suis que la locataire d'un corps qui ne m'appartient pas. Un corps qui, a priori, ne dispose certainement pas des mêmes attributs que celui que j'habitais par le passé. Je regrette presque d'avoir jeté mon matériel à travers la Muraille d'Ether et de ne pas disposer d'Olikotora sous la main: sans doute aurait-il pu étudier ces tissus et m'annoncer s'il y voyait la même chose que moi.

Et voici que j'éclate d'un rire nerveux alors que je rédige les présentes lignes: ce petit paragraphe, juste au dessus, je l'ai écrit hier, avant de partir pour Dragonia avec Waam. Si j'avais su, je serais restée cloîtrée à Frontière d'Acier comme Le Gonarch dans son antre. Il est arrivé tant de choses... Je vais devoir trouver un moyen de les organiser au mieux dans un coin de mon cerveau avant de les coucher sur les pages de mon journal.

Tout a commencé lorsque nous sommes retournées sur la côte: avant cela, nous coulions des heures paisibles à Dragonia, si l'on excepte quelques bris de verre et quelques flèches plantées un peu partout - troncs, barils, nécroïdes, poulets... rien ni personne n'échappe à l'œil avisé de Waam et à l'œil un peu moins exercé de Fran Icesinger. Quoiqu'il en soit, je ne crois pas me tromper lorsque j'affirme que la tension a commencé à monter une fois parvenues à Kamenka, tout en restant néanmoins dans un ton calme et bon enfant. C'est d'ailleurs là-bas que nous avons fait la connaissance de Grygor Krasky: pas un mythe à mes yeux comme je l'ai laissé entendre mais bel et bien une légende urbaine personnifiée. Cela faisait des mois que j'avais entendu parler de lui - guère plus qu'un nom - et quelques semaines que j'avais remarqué ses affiches, décrivant son installation sur l'île que nous nommons parfois Alcatraz. Visiblement, l'ancien lieutenant de police a préféré établir sa petite retraite à Kamenka; sans doute n'a-t-il pas eu le courage de transporter son matériel de l'autre coté du rivage. Grygor semble être un survivant à l'écoute, réfléchi et peut-être quelque peu morose - tout comme moi. Ce n'est pas l'un de ces agités de la gâchette que l'on rencontre parfois au détour d'un chemin. Du peu que j'en ai vu, c'est un homme droit, bienveillant qui s'est apparemment donné comme objectif d'enquêter, voire de traquer un soi-disant groupe de cannibales déguisé en cirque. J'ai également la nette impression que l'ancien policier a vu des choses - autres que les simples résultats d'une apocalypse engendrée par un horrible virus - et c'est pour cela qu'il est désormais sur ma liste. Je vais garder un œil braqué sur lui et une oreille tendue dans sa direction, quitte à donner une double ration de graines à certains moineaux...

La nuit commençait à poindre lorsque nous avons pris congé de Grygor Krasky: il avait apparemment une transaction à effectuer avec Gitanos et son homme de main, Maxence. C'est Waam qui m'a proposé de patienter près de son campement jusqu'à son retour mais comme je pouvais m'en douter, il n'est pas revenu et nous sommes donc reparties en direction du Nord, en passant par le nouveau Narod Lessa, près de Vybor cette-fois-ci. A vrai dire, il s'agit toujours d'un camping aux allures de camp fortifié à mes yeux, et pas d'un village. Mais peu m'importe: c'est exactement ce dont j'ai besoin et il convient de saluer la patience du maître des lieux pour l'organisation de sa communauté. Tout y était bien rangé, à sa place... Sauf ma tente et les armes que je destinais à de fructueuses transactions. C'était un véritable pandémonium là-dedans, comme si on avait jeté mes possessions en vrac plutôt que de les disposer soigneusement. Le cran de sécurité de mon AKM n'était même pas enclenché et des boites entières de balles trainaient ça et là. Ce qui n'a pas arrangé mon humeur déjà passablement entamée par les piques de Waam concernant le nombre de pommes que je suis capable d'ingurgiter et par notre longue attente à Kamenka. Le matériel que je réserve à l'échange n'est peut-être pas neuf, mais j'ai pris le temps de le customiser, de l'équiper de ce que l'humanité a fait de meilleur - en terme de technologie, pas en terme d'éthique. Et voilà comment on traite mon équipement! Je toucherai deux mots à Sam Détemps et son comparse: j'espère qu'il auront d'autres arguments que le plomb pour m'expliquer la raison de ce foutoir!

J'aurai aimé que la journée se termine autrement. Jusqu'à maintenant, je n'ai fait que noter les diverses péripéties de ce voyage mouvementé. Je n'aurais jamais pensé que nous en arriverions là: encore une fois, c'est à Frontière d'Acier que nous nous sommes violemment disputées avec Waam. A croire que ce lieu ne l'aime pas et cherche à m'isoler du reste du monde.

Il n'y a jamais qu'un seul fautif dans ce genre de cas, en l'occurrence il s'agit ici de deux fautives: Waam et sa nouvelle personnalité... moi et mon caractère irascible. Cela pourrait paraitre risible mais c'est bien plus que ça en vérité. C'est un combat entre ce qu'elle est, la nature humaine qui commence visiblement à la corrompre et la mienne. Et c'est aussi parce que j'estime être la seule à pouvoir émettre un jugement sur la question "Realder Descendres". D'après Olikotora, qui m'a tendu plus tard dans la soirée sa main secourable - encore une fois - notre altercation est peut-être due à un quiproquo. Cela ne changera rien au fait que j'ai frappé Waam, et pas d'une petite claque mais bel et bien d'un poing ganté sans retenir mon coup. Et je m'en veux bien entendu. Mais ce qui est arrivé ce soir-là se serait de toute manière probablement déroulé dans les prochains jours. La Waam qui parcoure Chernarus à mes cotés n'a plus rien à voir avec celle que j'ai rencontré un jour au Marché de la Sobor, vêtue de peaux de bêtes tannées et de fourrure et armée de son épée d'acier. Lorsqu'elle ne pense pas à sa mission et qu'elle parvient à se défaire de sa véritable nature, elle est pareille à une enfant qui commencerait tout juste à découvrir notre monde. Une enfant à qui on aurait donné d'effroyables pouvoirs et des idées préconçues.

Waam ne sait rien de Realder, de Watson, de moi - de personne. L'absence de lien psychique entre les humains ne veut pas dire qu'il n'existe rien entre nous: que sont les sentiments et les émotions? Voici nos liens à nous: infiniment plus riches et complexe qu'un esprit commun. Nous ne pouvons comprendre entièrement Waam et elle ne peut nous comprendre. Mais je n'ai pas envie de m'attarder sur ces questions maintenant. Olikotora m'a appris quelque chose sur moi-même, quelque chose qui pourrait être une réalité comme le pire mensonge qu'on n'ait jamais osé proférer à mon égard - ou encore une illusion collective, ce syndrome dont parlait parfois le Docteur, Relic. Je vais l'écrire ici, pour en garder une trace moi-même, mais pas au sein de ce chapitre.

C'est une ligne parallèle à notre histoire: une quête que j'aurai peut-être suivi un jour ou l'autre, même si je n'avais pas été coincée en Chernarus. Olikotora aurait pu choisir de ne pas m'en faire part, mais il a finalement plongé avec moi dans l'abîme. Je t'aiderai donc, Oliko, je m'efforcerai de t'aider à retrouver Anna si je le puis et si elle existe bel et bien.
En contrepartie, aide-moi à comprendre qui je suis, ce que je suis. Humaine? Pantin de chair, de sang et d'os? Ou encore autre chose? Fournis-moi la réponse cette question qui n'a jamais véritablement franchi mes lèvres et reprenons la route. Il nous reste beaucoup de choses à accomplir.

"Dans sa demeure de R'lyeh la morte, Cthulhu rêve et attend".
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty The Longer Road: Dans l'Ombre de la Tour Sombre; Can'-Ka No Rey, The Red Fields of None

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 20:59

The Longer Road: Dans l'Ombre de la Tour Sombre; Can'-Ka No Rey, The Red Fields of None

Bienvenue dans Ma Réalité. Ces feuilles sur lesquelles je distille mon essence ne sont pas celles de mon journal, et peut-être n'y prendront-elles jamais place. Waam m'a dérobé ce qui comptait le plus à mes yeux: mes écrits et - maudite soit-elle - les journaux de Realder. Sans oublier le carnet de Norman Ross. Ce n'est rien de moins que mon cœur et que mon âme qu'elle a volé, et elle le sait. Peu importe ce qui s'est passé entre nous, peu importe ce qu'elle a pu conclure de mes paroles, ce qu'elle a entendu de ma conversation avec Olikotora. Elle n'avait pas le droit de faire ça, elle n'aurait même pas dû en avoir la possibilité. Ces écrits sont des artefacts, des anomalies bénies par le Grand Vide et gorgées d'Ether. Sans eux, je ne suis rien, je perds ma cohésion, mon intégrité, ma raison d'être.

Je ne toucherai pas aux Dorros et aux Ulodos, non seulement parce qu'elle tient bien plus que ma vie entre ses mains mais aussi parce que lorsque je fais une promesse, j'essaie toujours de m'y tenir. Allez... sans rancune: je puis rédiger ces lignes à présent, puisque je n'ai plus à la ménager. Depuis le départ, j'œuvre a achever sa mission, sans forcément la comprendre. Je comptais agir une fois que les Dorros et les Ulodos auraient été réunis: trois choix auraient pu s'offrir à moi. Elle ne sait rien de mon vrai visage: trois facettes de moi-même pour au moins trois réalités. Je n'aurai peut-être pas réussi à mettre mon plan à exécution mais j'aurai au moins essayé. C'est fini maintenant. Il n'y a pas de combat. Il n'y a pas de vengeance. Il n'y a que le sommeil.

J'ai perdu Waam parce que je l'ai trompée, tout comme d'autres m'ont trahie par le passé. C'est donc cela que l'on ressent dans ce genre de situation? Quel gâchis... Elle s'est tirée une balle dans la tête devant moi; je devrai être prostrée dans un coin à pleurer sa mort, à me lamenter sur mon sort... à me détester pour ce que j'ai fait. Mais non. Ce n'est qu'une farce, rien qu'une farce, un dommage collatéral, rien de plus. A l'heure qu'il est, Waam doit être en route pour un autre horizon, toujours en Chernarus cela dit. Je vois d'ici ses petits pieds martelant le bitume près de Berezino. J'entends son souffle, je vois la colère et la déception dans ses yeux. A moins qu'elle n'ait déjà compris qu'elle me tenait à sa merci. Que peut-elle m'infliger de pire que ce qu'elle a déjà fait? Raser Frontière d'Acier? Nos amis communs s'en occuperont très bien tous seuls. Je verrai bien si la petite lame tombée des Etoiles cherche la vengeance. Je lui aurais néanmoins donné ce conseil si elle n'était pas partie si vite: l'Oubli est le Suprême Refuge.

Dans cette prison, il ne me reste désormais plus que Watson, celui-là même qui m'a finalement en partie pardonnée mes actes odieux. J'en viendrais presque à espérer qu'il se venge de ce que je lui ai fait subir. Ce ne serait que justice et peut-être cela arrivera-t-il un jour. Mais pour le moment, je vais reprendre mes recherches - à ses côtés.

Je ne les mènerai pas à Frontière d'Acier - trop dangereux et surtout trop loin du dispensaire. De nouvelles questions frappent aux portes de mon esprit: Olikotora a disséqué mon corps - celui qui était passé sous les roues d'un bus il y a quelques jours de ça. Ce qu'il prétend y avoir trouvé, j'aurai préféré ne jamais l'entendre. Privée des connaissances de Waam, je reprends mon tâtonnement. Nous ne serons pas trop de deux, aussi aiderais-je Watson autant que je le puis.

Je dois retrouver ce qui m'appartient. Mon passé, mon présent. Mon avenir.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty The Longer Road: Le Repos d’Evangelyne ; Sur l’Arche, la Rôdeuse observe le Ciel.

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:01

The Longer Road: Le Repos d’Evangelyne ; Sur l’Arche, la Rôdeuse observe le Ciel.

C’est un bien triste fardeau que tu souhaites me faire porter, Fragment d’Etoile. Si tes paroles sont vraies, alors j’accepte mon sort… et celui que tu réserves à l’humanité. Je ne doute pas que les tiens ont les moyens de mettre tes paroles à exécution et peut-être le feront-ils. Mais laisse-moi te poser encore quelques questions cette-fois-ci. Obéis-tu vraiment à ce soi-disant esprit collectif dont tu te targuais d’être un maillon… ou écoutes-tu les paroles de ton cœur meurtri, prête à tout pour assouvir ta vengeance ? Quoiqu’il en soit, tu devais t’en douter, jolie Waam : tu t’es trompée d’interlocutrice lorsque tu es parvenue au Dispensaire d’Olikotora. C’est un message que je t’adresse mais tu ne pourras sans doute jamais le lire - puisque selon toute vraisemblance, je serai probablement réduite en nuage de particules éphémère d’ici peu. Tu es venue à moi le corps en lambeaux, à peine capable de tenir debout. Sans doute désirais-tu que je te donne la mort moi-même cette-fois-ci. Encore une fois, tu t’es fourvoyée : je ne suis pas une meurtrière, pas encore, et bien que tu m’ais promis l’Enfer, je te remercie de m’avoir rendu ce qui fait de moi ce que je suis. Mes journaux et ceux de mon très cher écrivain : j’avoue ne pas comprendre ta logique. Peut-être les as-tu piégés ou peut-être sais-tu que mes heures sont comptées. Dans ce cas, ça n’a plus vraiment d’importance effectivement. Mais tu mérites tout de même mes remerciements sincères, aussi futiles et fugaces soient-ils à tes yeux.
Qu’à cela ne tienne, sache-le Waam, je me fiche de ce qui pourrait arriver à l’humanité moribonde. Depuis longtemps, j’estime qu’elle est déjà condamnée. Je regrette néanmoins que tu ne réfléchisses pas plus que ça aux conséquences des actes que tu prévois. Il y a des Hommes qui méritent d’être sauvés ici : Oliko, Hal, Gitanos pour ne citer qu’eux. D’autres se doivent en effet de retourner au Néant - Nova Astroska, Ozone… et la dernière encore debout : moi-même. Malgré tout, je ne me sens pas réellement concernée par tes caprices : Si le docteur Watson a dit vrai, ce n’est pas en brulant ce qui reste de notre monde que tu te vengeras de moi. Réfléchis quelques instants. Supposons ne serait-ce qu’une fraction de seconde qu’Olikotora ne m’ait pas menti ou que son esprit n’ait pas été trompé alors qu’il disséquait mon corps. Si tu lis ces mots, un jour, peut-être feront-ils résonner une funeste mélopée à travers ta mémoire. Ou peut-être pas. Aucune certitude n’est permise en cette Enclave. Mais toutes les Réalités sont possibles sur l’Île des Morts.

C’est un homme au cœur d’or et à l’esprit aiguisé qui a choisi d’ignorer les tourments que je lui ai infligé par le passé. Oliko est l’un des seuls qui semble être parvenu à cerner mon esprit névrosé, chose que je n’ai pas réussi à réaliser moi-même. Outre ses compétences techniques, à qui d’autre que lui aurais-je pu donner l’autorisation de fouiller mes entrailles, d’en extirper os et tendons, de jouer avec mes nerfs - au sens littéral du terme - et d’étudier mon cerveau et mon cœur sans aucun respect pour ma dignité ? Il n’y avait que lui qui était en mesure d’accomplir ce travail et c’est avec brio qu’il l’a mené à son terme.
Ce soir, enfermée à double tour dans le petit chalet dont j’ai fait ma résidence secondaire, me voici à nouveau voguant sur un océan de questions, avec pour seules rames, ma mélancolie et mon regret. Cela fait plusieurs jours que je ne suis pas sortie hors du Dispensaire, que je n’ai pas enfoncé ma lame dans le crâne d’un nécroïde… et que je n’ai pas posé mon regard sur la Brume Blanche à quelques kilomètres au Nord. J’ose difficilement écrire sur ces pages encore vierges, l’objet de mon désarroi. Le doute m’envahit et encore une fois, les Réalités me rattrapent pour me broyer au sein de leur étau. Qui suis-je et que suis-je ? Je reprends mon stylo pour garder en mémoire ce que le docteur Watson a été le premier à découvrir. Mensonge éhonté, tromperie collective ou vérité absolue... Peut-être les trois à la fois. Voici finalement ce que j’ai trop tardé à rédiger ces derniers jours. Mais maintenant que Waam œuvre contre moi et que le temps nous est compté… A quoi bon choisir le silence ?

Mon corps - celui que je parasitais avant de finir écrasée sous trente-trois tonnes d’acier - ne dispose pas exactement des mêmes attributs que ce qu’à découvert Olikotora sur celui des nécroïdes ou sur celui d’autres survivants. Pourtant, je suis faite de chair, de sang et d’os, sans aucun doute, tout comme eux. Assez en tout cas pour que seul l’un des plus grand scientifique dans son domaine y découvre la raison de mon tourment. En cela, et si nous ne sommes pas victimes d’une farce en provenance de nos bourreaux, je ne suis pas plus humaine que Waam et pas plus vivante que morte. Là où aurait dû se trouver la mécanique parfaitement huilée et organique d’un corps en parfait état, ce n’est qu’un entrelacs de câbles, d’engrenages et de rouages que mon dernier allié a découvert. Mon cœur n’a pas échappé à l’inspection - si l’on peut encore comparer cette sculpture de chair hérissée de pistons à ce qui est sensé caractériser l’Homme. Je n’ai pas cherché à comprendre plus loin ce que m’annonçait Olikotora ; d’ailleurs nous n’en avons pas reparlé depuis ce jour. Mais le mal est fait. Je me sens sale, trompée, souillée. Pourtant, pourquoi devrais-je ressentir du dégoût ? Ce corps n’est pas le mien, ce n’est qu’une enveloppe sans importance, qu’on m’a soi-disant fourni pour accomplir une mission dont je ne connais pas la finalité. Un écho résonne cependant : voici la sombre prose qui se dérobe à mon regard mais que j’entends résonner dans un coin de mon esprit, même lorsque je lui supplie de me laisser en paix. Toujours la même voix, toujours le même auteur… toujours les mêmes paroles.

« Tourmente ceux qui se dressent devant toi, Frisca, mon pantin aux yeux rouges, protège-moi de cette lie par ton corps car telle est ma volonté. Tu es la première des trois, mon chef-d’œuvre et la clé de ma survie… N’oublie jamais cependant que ma nature est de pouvoir puiser dans ton essence sans jamais craindre de m’y noyer. »
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty The Longer Road: La Prison d’Aubépine ; Dans la Carrière de Pierre Noire veinée d’Argent, la Derviche s’est immergée dans ses Souvenirs

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:04

The Longer Road: La Prison d’Aubépine ; Dans la Carrière de Pierre Noire veinée d’Argent, la Derviche s’est immergée dans ses Souvenirs

J’ai besoin d’un souffle d’air, besoin de respirer, mais c’est dans cet Enfer que l’on m’a enfermée.

Waam l’a très bien compris, et sa vengeance ne pourrait être plus parfaite que celle qu’elle m’inflige : Elle est partout autour de moi et ne me laisse pas en paix avec moi-même. Cette dernière soirée a sans doute été la pire. Elle m’attendait là où mes pas me portaient et même lorsqu’elle n’était pas physiquement là, les traces de sa présence étaient palpables. Si Oliko avait été à mes côtés, peut-être que les choses se seraient déroulées différemment. Je pourrai me débarrasser de Waam, temporairement du moins. L’arsenal dont je dispose me permettrait de la faire taire des centaines, voire des milliers de fois. Mais il n’y a qu’à voir comment elle a réagi lorsque je l’ai menotté pour comprendre que cela ne servirait à rien. Waam se complait dans le courroux que les autres lui portent, dans le désespoir et dans la folie qu’elle engendre. Ce ne sont pas des balles qui l’arrêteront - et au risque de me répéter, je ne suis pas une meurtrière. Etrangement d’ailleurs, j’éprouve une certaine réticence à tirer sur un survivant alors que j’étais prête - et je le suis toujours - à faire détonner une ogive atomique en Chernarus.

Je ne suis pas dupe : tôt ou tard, il faudra bien que j’agisse de la sorte, ne serait-ce que pour gagner quelques instants de répit. Jusqu’à maintenant, je suis parvenue à ignorer mes opposants systématiques, à un tel point qu’ils ont finalement sombré dans l’oubli. Ça ne fonctionnera pas avec la guerrière venue d’ailleurs. Aucun survivant actuellement présent en Chernarus ne peut prétendre pouvoir rivaliser avec Fragment d’Etoile. Waam... j’aurais mieux fait de lui tourner le dos lorsque je l’ai rencontré pour la première fois, à l’ancien marché de la Sobor. Ce qui se déroule entre elle et moi n’est pas un conflit, ça n’en a jamais été et ne le sera jamais : dans cette histoire, je ne suis qu’une fourmi qui s’apprête à se faire écraser sous le pied de l’Homme.

Je n’ai jamais souhaité la guerre : mes ardeurs ont été définitivement refroidies lorsque la balle de Yinho Mokoto a traversé mon crâne il y a déjà quelques mois de ça. Aujourd’hui pourtant, mon avenir en Chernarus apparait encore plus flou que mon passé. Pour un cœur brisé, c’est tout mon futur qui risque de s’effondrer. Et que devrais-je dire du mien ? J’ai été trahie, trompée, ignorée par ceux en qui j’avais confiance. Mais finalement, ce n’est pas le pire n’est-ce-pas ?
Car mon existence elle-même n’est peut-être qu’un mensonge. La pire trahison dont je suis la victime n’est pas celle d’Alex Walker, pas celle d’Irwin Kelor, encore moins celle de Nova Astroska ou de Mira Noskov. Non. A l’origine, il n’y a que Realder Descendres, mon poète, mon cher écrivain comme j’ai pris l’habitude de l’appeler. Je ne connaitrai probablement jamais le fin mot de ce récit puisque Waam se trouvera forcément en travers de ma route aux instants cruciaux de mes projets – je n’en doute pas une seconde. J’éprouve un étrange sentiment, un horrible méli-mélo d’émotions contradictoires qui a le goût et l’odeur d’un plat très certainement raté, négligé et abandonné pendant bien trop longtemps au fond du réfrigérateur. De la culpabilité pour ce que j’ai fait à Waam - et à Watson par le passé -, de l’orgueil lorsque j’observe mes possessions matérielles et l’étendue des connaissances accumulées… mais surtout une profonde tristesse lorsque je scrute le regard que me renvoient les éclats de miroir du Dispensaire.
Olikotora n’a pas tort en un sens : la vie vaut la peine qu’on se batte pour elle. Même cloisonnés en Chernarus, coincés dans cette cage froide et austère, poursuivis par des lames venues d’autres planètes, observés et placés ici-bas comme sur un échiquier par des êtres ou des choses dont nous ne savons rien, la vie reste un cadeau qu’il serait sage de ne pas négliger.

Mais il faut parfois lâcher prise et savoir se dérober à cet appel. Ici plus qu’ailleurs, la vie a pris une tournure malsaine. Elle n’est que fange et poussière, de la boue que des hommes comme Watson ont cependant transmuté en or. Pour que cette réaction ait lieu cependant, une étincelle est nécessaire. Sans elle, la chair froide se décompose, l’esprit s’envole pour hanter un nouveau corps et le cycle recommence. Mais c’est toujours la vie : la boucle est bouclée, le point de départ est le point d’arrivée, le train repart pour un nouveau voyage. Qu’en est-il de ce qui n’a jamais vécu cependant ? Une âme peut-elle être fragmentée, modifiée, modelée dans un but précis ? Une conscience peut-elle être crée de toute pièce, placée dans un corps pour lui permettre de se tenir debout et d’agir ? La mort est belle aussi, et sans elle, la vie n’existe pas. Qu’en serait-il si les deux plongeaient ensemble dans l’inconnu, se laissaient glisser dans les bras l’une de l’autre comme deux amantes enfin réunies ?
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty The Longer Road: Dans les Sables de l’Anauroch, Nemesis veille sur les Mémoires d’un Héros Disparu.

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:06

The Longer Road: Dans les Sables de l’Anauroch, Nemesis veille sur les Mémoires d’un Héros Disparu.

Encore une fois, je profite de la quiétude de ces bois austères pour disséminer mes pensées dans ce clair-obscur, les immerger dans cette onde silencieuse que seul le bruit du vent et le mouvement des branches vient troubler. Le crépuscule : ce moment où tout s’arrête, comme si la matière gorgée de lumière retenait son souffle dans l’attente de la Longue Nuit, la dernière, celle dont personne ne se réveille jamais.
Ce sont ces instants que je préfère, les seuls qui me permettent d’oublier mes préoccupations lorsque je suis seule, en tête-à-tête avec moi-même. Ici-même, en cet instant précis, je pourrais choisir de tout effacer, de tout abandonner. D’un côté, la Brume, la Plaine Infinie, La Rouille dévoreuse d’âmes m’appelle, et ses volutes m’enveloppent comme une couverture de soie – douce étreinte à laquelle je succomberais volontiers. De l’autre, Chernarus, une contrée verdoyante dont la plupart des terres sont encore vierges de pas humains, une région qui a encore tant à offrir pour celui qui souhaite disposer d’une seconde chance, pour celui qui désire changer de vie. Dans un cas comme dans l’autre, j’y trouverai le repos que je recherche tant. Fran Icesinger est fatiguée de lutter contre des ennemis invisibles, épuisée de se battre contre le vent, exténuée de chasser des chimères. Son passé lui a été volé, son présent n’est qu’une boucle, un circuit sans fin hérissé d’épines. Quant à son avenir, il n’existe plus – plus depuis qu’elle a foulé pour la première fois le sol de l’Île des Morts.
Mais ça n’a plus d’importance désormais. Parce que Frannie est morte il y a longtemps déjà. C’est au sommet de ces marches de béton froid qu’elle a véritablement choisi de s’abandonner dans mon essence, d’embrasser le rôle d’une Arpenteuse plutôt que la vie qu’elle pensait avoir mené. Ce n’est qu’en doutant de tout, même de sa propre réalité qu’elle est devenue ce que je suis, ce que nous étions depuis le départ – et même auparavant.
Je suis Fran Icesinger, je suis Frisca. Voici mon identité, celle que je me suis donnée du moins, et c’est bien là ma seule certitude. La voie que suit mon âme va peut-être à l’encontre du Bien Commun, de la Nature et des Règles du Multivers. Je n’en ai cure. Parce que telle est ma volonté, parce que c’est ce que je suis, ce que je décide d’être. Peu importe les détours que je prendrai, peu importe ce qu’il en adviendra, je n’envisage cette-fois-ci que deux possibilités : mon anéantissement, plus que probable, ou l’atteinte de mes objectifs, bons ou mauvais. Mon échec ou ma réussite. Mes buts ne sont pas louables comme pourraient l’être ceux de Waam ou d’Oliko. Je ne recherche finalement qu’une sorte de satisfaction personnelle, j’en suis bien consciente. Je grimperai sur une montagne de cadavres, je précipiterai un Plan tout entier dans la Masse Vitreuse des Origines s'il le fallait. Le Chaos n'existe pas pour celui qui parvient à le dompter. Et si je réussis à reconstruire la Réalité que je vois au plus profond de mes rêves, tout ça n'aura plus d'importance: les Arpenteurs, j'ose l'espérer, feront en sorte de réparer les dégâts, d'effacer toute trace de ce cauchemar au sein duquel nous sommes coincés. Rohiro retrouvera la personne qu'il cherche, Watson sera de nouveau réuni avec Ana. Gitanos récupèrera son frère disparu. Chacun d'entre nous retrouvera son passé ou sera libre de choisir une nouvelle voie. Les barrières qui nous retiennent ici seront brisées.

Si vive! Je pourrai presque entendre la voix de Waam tenter de m'expliquer encore une fois mon erreur. Aux termes d'une longue et âpre discussion avec elle, il y a environ deux jours, elle m'a annoncé avoir finalement choisi de me laisser en paix dans le Nord. A l'en croire, je ne dois plus craindre de trouver des traces de son passage là-bas. Sans doute a-t-elle finalement jeté l'éponge, accepté le fait que je n'étais pas celle qu'elle croyait. Je suis sincèrement désolée de lui avoir laissé miroiter le contraire. Ce n'est pas grave: si tout se passe comme elle l'avait indiqué par le passé, son temps en Chernarus est compté, non pas en mois, non pas en semaines, mais en jours - voire en heures. J'aurais tenu ma promesse: à l'heure où j'écris ces lignes, il ne me reste plus qu'un seul Dorro ou un seul Ulodo à récupérer. Je suis une bien piètre amie mais je ne crois pas me tromper en affirmant que je suis loyale et efficace dans mes réalisations. Une fois que j'aurai récupéré le dernier, je n'aurai plus à me soucier de Fragment d'Etoile. A moins qu'elle choisisse de demeurer ici ou de me permettre de parlementer avec les siens, elle fait déjà partie de mon passé. Mon regard est déjà braqué vers d'autres horizons.
Rohiro Takesha. Un homme mystérieux, rongé par le doute - tout comme moi - qui aurait peut-être un plan, un début de solution concret pour nous faire sortir d'ici. Il s'agit à n'en pas douter d'un génie dans son domaine, au même titre qu'Olikotora. Là où le docteur Watson a choisi d'étudier la chaude et vibrante essence du vivant, Maître Takesha a préféré s'immerger au sein de la froide logique de l'informatique, dans les méandres des appareils interconnectés et de la communication. Le doute n'est plus possible à ce niveau: ces deux avatars du savoir sont destinés à se rencontrer. L'avenir seul me dira s'ils sont capables de travailler ensemble et de parvenir à une solution. Ils n'ont pas la condescendance de Waam, aussi ai-je bon espoir. J'aimerais les aider et faire autre chose que simplement les surveiller, mais j'ai moi-même choisi de me plier à certaines... restrictions... et je doute d'avoir les connaissances nécessaires à la réalisation de ces potentiels travaux.
Je n'entrerai pas dans les détails, de peur d'en dire trop. Ce que m'a appris Rohiro est enregistré dans un coin de mon cerveau, enterré sous les strates de mes pensées tumultueuses. Je sais ce dont il a besoin et j'ai déjà commencé à œuvrer dans son sens, tout comme je l'ai fait pour Waam. Cette fois-ci cependant, je n'ai pas à faire à un Gardien Cosmique, à un protecteur du Multivers ou que sais-je encore. Je ne suis donc muselée par aucune règle, aucun avis. Un rayon d'espoir ne serait-il pas en train de percer ces nuages noirs ?

Je m'autorise pour cette fois à imaginer autre chose que des Cendres. Sentez-vous cette odeur? C'est la Liberté.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty The Longer Road: Des Ruines de son Paradis Brisé, le Regard de Kamoran s’est perdu une Dernière fois dans les Etoiles.

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:12

The Longer Road: Des Ruines de son Paradis Brisé, le Regard de Kamoran s’est perdu une Dernière fois dans les Etoiles.

Je n’ai pas repris ma plume depuis quelques temps. Trop de choses à faire sans doute, bien que je sache déjà qu’il ne s’agit que d’excuses, des mensonges que je me raconte à moi-même pour ne pas accepter la réalité. L’installation de mon troisième point de chute - à Vybor cette fois-ci - m’a néanmoins pris plus de temps que prévu, et pour cause : c’est l’ensemble de ma bibliothèque que j’ai dû déplacer de Frontière d’Acier jusqu’à là-bas et tout un dépôt d’armes en tout genre que j’ai érigé à partir de rien. Mais je ne crois pas me tromper en affirmant que ça en valait la peine : peu à peu, que ce soit en vendant la mort à ceux qui acceptent de l’acheter ou en m’immergeant au sein de mes lectures, je fais mon nid au sein de cette petite communauté qui se construit en douceur. Cela me rappelle quelque peu Rive-bois, à l’époque où les survivants étaient encore nombreux à parcourir la campagne de Chernarus. C’est à croire qu’ils se sont tous échappés avant moi. Mais je ne suis pas dupe : personne n’est sorti d’ici de son propre fait. Certains se terrent peut-être quelque part, loin de tout, au fond des bois ou dans une cave à l’abri des regards. Les autres font probablement partie du Néant désormais, et d’une certaine manière, ce sont eux les plus malins. Ce que je ne parviens pas à expliquer, c’est qu’il en apparait toujours de nouveaux et que certains que l’on pensait perdus depuis longtemps finissent par revenir comme si de rien n’était. Et pour une fois, je ne m’en plaindrai pas.
Parce que l’un de ces revenants n’est autre que Yungvarr Ironbear, l’homme qui a choisi de redonner à Vybor sa gloire d’antan, l’homme qui m’a tendu la main par le passé, l’un des seuls à m’avoir connue sans me trahir, un être solide, droit et dont j’ai beaucoup appris.  Je dois bien l’avouer, je me suis surprise à penser à autre chose qu’à mes soucis lorsque je l’ai croisé, dialoguant avec l’un de ces nouveaux-venus, un ancien major de l’armée française, Stiven Downie. Yungvarr était là, exposant ses réflexions à ce dernier, discutant de l’avenir de la ville de sa voix flegmatique et posée. Tout comme Oliko, mais pour de toutes autres raisons, je le considère probablement comme un ami, si c’est bien là le qualificatif qu’on donne à ceux auprès de qui la joie n’est pas seulement une illusion.
Je suis bien placée pour savoir que le bonheur est éphémère  cela dit. C’est dans notre nature, celle de l’Homme, de penser que des concepts peuvent perdurer à travers le temps. Pour ma part, je suis déjà heureuse d’apprendre qu’il reste bien quelque chose de nous après notre mort. Et je ne parle pas de cette forme d’immortalité propre à Chernarus mais plutôt de la survie de l’âme, de l’esprit qui subsiste au-delà de son enveloppe de chair et d’os. Malgré ce que j’ai vu, malgré les images qui hantent mes rêves et les bribes de mes souvenirs, j’ai toujours un peu de mal à accepter le fait que nous ne soyons pas seulement un tas de matière organique pourrissante, destinée à nourrir une petite planète bleue perdue dans le Macronivers pour donner forme à d’autres corps voués au trépas.

Aussi inaltérable soit notre essence cependant, nous n’en sommes pas moins condamnés à commettre sans cesse les mêmes erreurs. Autant choisir de plonger dans la Brume, tout comme Real’, de se dissoudre dans l’Ether pour en terminer une bonne fois pour toute. Néanmoins, je reste persuadée que cela ne règlerait pas le problème. Il doit exister dans cette Infinité de Possibles, une Réalité au sein de laquelle Chernarus n’est plus qu’un désert dévoré par les rayons, purifié par le Feu Nucléaire - l’œuvre d’une Frisca un peu plus téméraire que celle qui écrit ces lignes actuellement. Mieux encore, il doit en exister une Autre au sein de laquelle Realder n’est jamais parti et travaille de concert avec Watson, Rohiro et… moi-même. Peut-être aurait-il même déjà trouvé une solution et dans ce cas, ce n’est plus qu’une question de temps avant qu’il ne décide de disloquer un Plan ou deux, simplement pour montrer à des êtres comme Waam que les humains non plus ne doivent pas être pris à la légère, spécialement les plus rancuniers d’entre eux.
Mais je me trompe d’ennemi. Fragment d’Etoile n’y est pour rien et n’est d’ailleurs pas concernée par notre malheur. La seule chose que je pourrai lui reprocher, c’est d’avoir les moyens de jouer en notre faveur et de ne pas les utiliser. Pourquoi le ferait-elle d’ailleurs, puisqu’elle est persuadée que l’Homme ne vaut rien. Même si ce n’était pas le cas, elle refuserait de m’aider, maintenant qu’elle prétend connaitre ma véritable nature. L’affection qu’elle me portait a laissé place à une colère acide qui semble se transformer peu à peu en une froide indifférence teintée de mépris. Une réaction on ne peut plus humaine et somme toute logique, comme j’aurai pu le prévoir. J’espère sincèrement que Waam parviendra à m’oublier; le fait de garder en mémoire des souvenirs douloureux est notre apanage, pas celui de son peuple. Quoiqu’il en soit et malgré tout ce qui s’est passé entre nous, je ne lui dois plus rien. Ma promesse est tenue et j’estime que ma dette est remboursée ; Waam dispose aujourd’hui de tous les Dorros et Ulodos dont elle avait besoin et même d’un surplus que j’étudierai plus en détails si elle ne l’envoie pas chez elle. Elle ne semble cependant pas pressée de rentrer parmi les siens puisque cela fait déjà plus d’une semaine qu’elle aurait pu quitter notre cage. En demeurant ici, à chaque seconde, le risque qu’elle perde tout devient plus important : il suffirait d’un Ouragan de Portail, d’une seule Tempête d’Ether pour que tout ce qui a été construit disparaisse. Retour sur la plage pour tout le monde et remise à zéro générale. Je ne doute pas pour ma part de me retrouver avec quelques feuilles froissées dans les poches - les germes de mes journaux, de ceux de Realder et de Norman Ross, qui grandiront et fleuriront bien vite une fois gorgés d’Ether, l’une des seules choses que les Tempêtes ne parviennent pas à arracher à cette Réalité.

Je ne prétends pas savoir ce qui retient Fragment d’Etoile ici mais je suis certaine en revanche que sa présence ne m’apportera rien de bon. Rien par rapport à mes projets en tout cas. Tant qu’elle hantera ces terres, j’ai peu d’espoirs de pouvoir œuvrer sans craintes. Et j’ai un autre souci. Il n’y a qu’à observer Rohiro la dévorer des yeux pour comprendre qu’il a autre chose en tête que nos objectifs communs en ce moment. Mais qui suis-je pour le juger ? Aujourd’hui, mon cœur n’est peut-être bien qu’un savant mélange de chair et de métal barbelé mais j’aime à penser qu’il n’en a pas toujours été ainsi. Je ne suis pas idiote, pas à ce point en tout cas : une partie de moi-même est heureuse pour Rohiro Takesha, heureuse de constater que malgré ce qui se passe, la vie peut encore faire feu de tout bois pour éclaircir cette Nuit au sein de laquelle nous sombrons peu à peu. Et pourtant ça ne change rien. C’est trop tard pour moi.

J’ai choisi d’écouter cette petite voix qui m’obsède, qui me susurre à l’oreille les idées les plus noires. Ici, au sein de mes journaux, je n’ai pas à craindre que l’on me juge et quand bien même ce serait le cas, tant mieux.  Voici ce que mes doutes et mes peurs ont fait de moi, voilà ce qui reste de l’âme lorsqu’elle s’use et s’épuise à force de tourner en rond dans son bocal. Je prétends ne craindre aucun mal, ne pas être atteinte par quoique ce soit. Ma volonté de vouloir transpercer la Brume n’est pas une finalité, c’est le but auquel je me suis raccrochée pour pouvoir me complaire dans la rage et la souffrance, probablement parce qu’en fin de compte, je ne me sens vraiment vivante que dans la douleur. Mais serai-je véritablement heureuse lorsque les murs de cette prison s’écrouleront ? La Réalité que je désire rejoindre n’est peut-être pas celle qui empoisonne mes rêves finalement. Aurai-je le courage de m’arrêter une fois ces remparts abattus ?
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty The Longer Road: Realder y voyait Les Champs Rouges de Personne, L’Oiseau en Cage et La Princesse Disparue. Et vous, qu’observez-vous dans les Etoiles ?

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:15

The Longer Road: Realder y voyait Les Champs Rouges de Personne, L’Oiseau en Cage et La Princesse Disparue. Et vous, qu’observez-vous dans les Etoiles ?

Olikotora a raison. Plus rien n’avance… ou si peu. Notre objectif premier est comme bloqué, mis en suspens. Pourtant, d’autres questions nous taraudent l’un comme l’autre, et sans aucun doute pourrions-nous répondre à la plupart d’entre elles. Mais elles n’ont pas la même saveur que la quête que nous avons choisie.
Watson n’a pas ma patience. Il ne sera sans doute pas capable d’attendre encore très longtemps avant de faire quelque chose d’inconsidéré, j’ai eu l’occasion de m’en apercevoir lorsque Waam et lui se sont retrouvés ensemble dans la même pièce – le petit chalet au sein duquel j’ai élu domicile à Vybor. Olikotora était à deux doigts de donner à la guerrière tombée du ciel un ticket pour Chernarus-plage. Nous n’avons pas beaucoup parlé de cette altercation par la suite, peut-être parce que ce n’était tout simplement pas le moment. Waam doit se douter que je n’aurai pas empêché Watson d’appuyer sur la détente. Après tout, nous avons tous deux les mêmes griefs contre elle, bien que je comprenne une certaine partie de son raisonnement. Comprendre quelque chose ne veut pas dire l’accepter cependant, et il est bien entendu que je n’ai que faire de l’avis de Fragment d’Etoile. Ses paroles pourraient paraître sages aux oreilles des plus crédules mais il n’en est rien. Elle prétend ne pas vouloir se mêler des affaires des humains, qu’elle considère comme de vulgaires poissons rouges dénués d’entendement. Ce discours, je le crains, n’est qu’à moitié vrai. Si notre sort lui importait si peu, elle aurait très bien pu choisir de nous aider à démolir la porte du bunker de Tisy  afin d’accéder au Tunnel et à tous les jolis pétards qui s’y trouvent peut-être. Mais elle ne l’a pas fait. Pas plus qu’elle n’a aidé Oliko à comprendre le fonctionnement de l’antenne radar, pas plus qu’elle n’a tenté de contacter ses supérieurs.
Parce qu’elle a peur. Peur de leur dire que sa mission est un succès. Cela signifierait pour elle un retour à la maison, un effacement de tout ou partie de ses souvenirs et une nouvelle affectation. Et elle ne le souhaite pas. Il est également possible qu’elle ait une autre raison… Une seconde mission, qu’elle nous aurait cachée depuis le début ? Parfois, pour tenter de cerner une personne, je joue à un petit jeu. J’envisage le pire. Quel but odieux et atroce Waam pourrait-elle bien servir ? La destruction de l’espèce humaine ? Non. Non seulement ce serait donner trop de crédit aux humains, mais ce serait même probablement leur offrir la libération.
Voici la pensée qui peut parfois émerger de l’esprit retors d’une fille qu’on a trop souvent considéré comme un jouet et dont on s’est trop souvent servi: Pourquoi Waam et les siens ne seraient-ils pas finalement la cause de nos malheurs ? Le piège serait terriblement bien pensé : enfermés dans ce Cloaque, Fragment d’Etoile est envoyée ici pour nous surveiller, récupérer de précieuses informations concernant notre espèce et prendre des notes. Elle est peut-être notre Fléau, une créature qu’on ne peut ni tuer, ni torturer ni manipuler, la gardienne de prison parfaite, dénuée d’émotions derrière son masque de blonde extravertie. Les créateurs des Dorros et Ulodos eux-mêmes ne sont peut-être qu’une invention, à moins qu’ils tentent depuis le début de nous sortir d’ici… Il n’y a qu’un détail qui m’empêche de croire à cette hypothèse que mon esprit malade a échafaudé : Waam m’a proposé de la suivre par le passé, et j’ai refusé.

Je n’ai que très rarement ressenti la peur, la vraie.

Du fond de mes rêves, de mes vies passées ou de mes « moi » alternatifs, j’ai l’impression d’avoir tout vu, tout fait, d’avoir abattu à force d’efforts tous les obstacles qui se dressaient sur mon chemin, que ce soit seule ou avec l’aide des Arpenteurs, sans jamais vraiment comprendre ou ressentir quoique ce soit. Le sol sur lequel j’ai laissé ma trace aux cotés de Realder est gorgé de larmes, vallonné par les corps des dracosires que les Arpenteurs ont fait chuter de leurs aires. Un navire pourrait voguer sur le sang qu’ils ont - que nous avons - versé à travers le Multivers, toujours sous prétexte de le rendre meilleur.
Nous nous mentions à nous-même et je ne suis même pas certaine que notre vieille casserole rouillée puisse nous sortir d’ici aujourd’hui. Le Hochet des Frivolités blesse si profondément l’Ether… Pensions-nous vraiment dompter le Grand Vide, être les seuls à nous en servir à notre guise ? Comment avons-nous pu être si aveugles ?  

Le Café des Arpenteurs ne me réconfortera pas ce soir, j’en suis persuadée. Aucun remède ne peut guérir ce sentiment. Je suis terrifiée.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty The Longer Road: Au Sommet de la Haute Tour de Fer, Bortak, Sarevok et Necratim contemplent les Fragments du Passé.

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:21

The Longer Road: Au Sommet de la Haute Tour de Fer, Bortak, Sarevok et Necratim contemplent les Fragments du Passé.

Nova Astroska  est revenu(e). Un grain de sable de plus au sein de la machinerie, une petite miette d’espace et de temps que je ne puis retirer de l’équation. C’est une âme perdue, tout comme la mienne, qui occupe désormais un corps relativement semblable au mien. Je parlerai de Nova au féminin puisque sa forme physique est à présent celle d’une sculpture d’ivoire aux cheveux de jais. Aussi éclatante et désirable soit sa beauté cependant, elle a quelque chose de triste ; Nova porte bien son nom, qui lui sied bien mieux qu’auparavant. Aucune vie ne l’habite, le brasier ardent qui devrait la consumer est aujourd’hui silencieux. Sa nature est ainsi faite : son cœur a cessé de battre, tout comme le noyau d’une étoile morte.
J’accepterai Nova telle qu’elle est, mais je ne succomberai pas une seconde fois à son sanglant appel cependant. Afin de faire face aux évènements présents et futurs, j’ai besoin de garder l’esprit clair et ce n’est pas en trompant la Mort de cette manière que j’y parviendrai. Je ne suis même pas certaine que ce soit encore possible de toute façon. Entre le remède qu’Oliko m’a administré il y a déjà bien longtemps et ma propre nature plus que douteuse, je ne pense pas qu’une… transformation complète puisse avoir effectivement lieu. J’en suis confuse et désolée, mais je crains que Nova se trompe lorsqu’elle prétend que je fais encore partie des rangs de la Nuit. Mes pensées aussi sont peuplées de créatures fantastiques et bien que cela puisse encore paraitre puéril, je ne remets pas en cause leur existence. De mes yeux ou au sein de mes songes, j’ai contemplé assez de dragons, de goules et autres légendes pour ne pas être étonnée lorsque je suis confrontée à l’une d’entre elles. Et quand bien même aurais-je été aveugle, ce qui se passe actuellement en Chernarus entamerait probablement le plus terre-à-terre des esprits.
Nova… Elle prétend avoir parcouru la Brume Blanche pendant tout ce temps, à la recherche de mon très cher écrivain. Sa forme intangible l’aurait protégée en partie de la brulure causée par ce brouillard maudit et je dois bien avouer que je suis incapable de me convaincre qu’il s’agit de la vérité. Je sais qu’il est possible de lutter contre la Brume. Pour Realder - et moi-même - une rasade de Café permet de se jouer pendant quelques temps de son fractionnement. Impossible pour nous cependant de garder notre intégrité plus de quelques heures, à moins de disposer de sacs entiers de grains torréfiés. Nova a tenu bien plus longtemps mais malgré ses dires, elle n’en est pas ressortie indemne. Son âme déjà passablement assombrie semble accuser le coup ; elle est devenue plus froide, plus impulsive et probablement plus maligne qu’avant, succombant de ce fait entièrement à sa nature. Et pourtant, c’est un Mal que je connais, contrairement à celui que des êtres venus d’ailleurs sont probablement capable d’engendrer. Je préfère considérer Dame Astroska comme une alliée, un nouveau rempart derrière lequel m’abriter si les choses tournent en ma défaveur. Jusqu’au prochain Ouragan de Portail, qu’un je-ne-sais-quoi dans l’air me dit relativement proche, j’ai de quoi lui permettre d’assouvir ses désirs, en partie du moins. Qu’elle s’amuse à apposer sa marque sanglante sur Chernarus si cela lui chante… Je serai ravie de l’y aider tant que je pourrai compter sur l’effroi qu’elle inspire à ceux et celles qui croisent sa route. La peur engendre le mouvement. Elle pousse parfois ceux qui en sont victimes à commettre des erreurs et les erreurs engendrent le chaos.
Le chaos n’est pas un précipice. Le chaos est une échelle. Nombreux sont ceux qui échouent en tentant de la gravir et qui n’ont plus jamais l’occasion d’essayer. La chute les brise. Et certains ont l’occasion de la gravir, mais s’y refusent ; ils s’accrochent à leur réalité, ou aux Dieux - ou à l’amour. Illusions que tout cela. L’Echelle seule existe. L’Ascension est la seule réalité.

Personne ici-bas ne semble avoir pleinement compris la dualité de notre prison. D’aucuns se battent pour tirer leur épingle du jeu, pour retrouver de chers disparus ou pour satisfaire leurs pulsions, obéissant en cela à leurs plus bas instincts. Ces derniers sont prévisibles, limités dans leur compréhension, ils ne voient pas plus loin que le bout de leur nez. D’autres ont une mission à accomplir, un but ou une voie toute tracée qu’ils suivent sans jamais s’en détourner. C’est peut-être le cas d’Olikotora, droit dans ses paroles comme dans ses actions. Celui de Rohiro Takesha et de Stiven Downie aussi. L’un cherche à retrouver une âme, non pour lui-même mais parce qu’il l’a promis. Le second protège, guide et apporte son aide à ceux qui en ont besoin. Ils sont tous les trois des exemples de loyauté sinon de vertu. Peut-être ont-ils une chance de s’en sortir en continuant à suivre leur code de conduite et leur honneur. Je doute pour ma part de parvenir à briser l’Epée de Damoclès qui plane au-dessus de nos têtes en m’encombrant de ces principes.
Le monde au sein duquel nous sommes enfermés n’a aucun avenir, nous y sommes bien trop à l’étroit. Et cette Réalité qui ne devrait pas être la nôtre ne mérite aucun respect. Je le croyais pourtant, il y a encore quelques mois de cela. Mais j’ai fini par me détourner de ces promesses. Nous courons peut-être tous après des chimères mais la première étape de notre périple ne nous amène qu’au croisement de deux voies. La première, la découverte de la raison de notre présence en ces lieux. Après tout, ce n’est que lorsque l’on dispose d’un objectif qu’on est capable d’avancer. Mais il existe un autre chemin, et c’est celui que j’ai choisi de suivre, il n’est nul besoin de le rappeler. Il y a toujours plusieurs solutions face à un problème et l’une d’entre elle consiste à le supprimer, non à le résoudre. Tel est mon but et tel devrait être celui de tous ceux que j’ai rencontré jusqu’alors : trouver un moyen rapide et efficace d’en terminer une bonne fois pour toutes.
Les Hommes, les vampires, et même les Umites - sans parler d’autres êtres tombés des étoiles - sont cependant trop égoïstes ou solitaires pour accepter d’œuvrer ensemble, à moins que certains parmi eux n’aient d’autres intérêts qu’ils ne souhaitent pas partager. Si les Arpenteurs - tous sans exceptions - avaient été coincés ici avec moi, nul doute que nous serions déjà sortis, quand bien même auraient-ils été privés de leurs pouvoirs. Mais ce n’est malheureusement pas le cas et je ne peux compter que sur moi-même et sur quelques rares personnes coincées ici à mes côtés.

Ces idées qui reposent à présent sur ces pages, je m’en rends bien compte, sont toujours les mêmes depuis des jours, des semaines… des mois. J’aurai beau les tourner de quelque manière que ce soit, ça n’en est pas moins le même refrain qui apparait encore et encore au sein de mes journaux.
Cela n’a aucune importance. Je continuerai à émousser la lame de cette Réalité, dussé-je y passer l’éternité. Watson, très cher, tu as bien raison sur ce point : je me battrai pour moi. Je ne laisserai pas cette garce me mettre un genou à terre. Je n’abandonnerai jamais.

« Parce que si je ne le fais pas, qui le fera ? »
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty Troisième Chanson: Conundrum

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:24

Troisième Chanson: Conundrum

La Brume est tumultueuse cette nuit. Ses volutes s’entremêlent autour de mon corps, me susurrent de douces paroles, m’invitent à traverser le Voile. « Je te connais » m’assure-t-elle. « Je puis te fournir les réponses que tu cherches, te dévoiler Pourquoi, Quand et Comment. N’as-tu jamais rêvé de faire ployer le Multivers selon ta volonté ? N’as-tu jamais souhaité le contrôler ? » Bien sûr que si.
Mais la Brume ne sait finalement rien de moi ; en vérité, elle n’a d’autre effet que de décupler la nature profonde de ce qui s’en approche ou de ce qui s’y aventure. C’est du moins mon cas et celui de Nova Astroska. Aujourd’hui cependant, je voudrais seulement stopper ces pensées, me plonger dans le silence, faire cesser cet ouragan qui gronde sans répit à l’intérieur de ma tête. Il faut que cela cesse, il faut que ça s’arrête !
Il ne se passe pas un jour sans que j’y pense. Personne en Chernarus ne semble comprendre cette douleur, cette obsession qui fait de moi ce que je suis. Sans elle, je perds ma raison d’être… Et les dernières petites miettes d’espace et de temps qui me permettaient d’assurer ma cohésion risquent de disparaitre d’ici peu. Olikotora est probablement le seul Ami qu’il me reste et le seul lien que j’ai encore avec mon passé. Lorsqu’il s’en sera allé, je n’aurais plus rien à quoi me raccrocher. Mais peut-être est-ce ce qui est prévu depuis le départ. Je me souviens de ma première rencontre avec Watson, il y a de cela bien des lunes, à Enclave de Plomb. Realder venait juste de partir pour ne jamais revenir mais je ne le savais pas encore. Dès lors, nous n’avons cessé de nous suivre mutuellement, même lorsque notre divergence d’opinions nous a fait chavirer dans la colère et l’amertume. Je t’ai aimé Oliko, et c’est peut-être toujours le cas. Là où Realder Descendres était froid et distant, tu t’es révélé chaleureux et bienveillant et tu as encaissé chacune de mes fourberies sans jamais te plaindre. D’autres que toi auraient choisi la vengeance.
Je suis consciente que ni les mots ni les écrits, ni même les vérités ne changeront les choses. Nous savons tous les deux, voire tous les quatre que c’est la seule solution, la seule chance de faire changer le cours de cette Réalité. Quelque chose s’est passé ce soir-là. Olikotora, Rohiro Takesha, Steven Downie et moi-même… Est-ce le hasard qui nous a rassemblé ou la promesse d’un avenir - lumineux ou sombre, quelle importance ? Une cinquième personne manquait-elle à l’appel ? Probablement : la Progéniture de l’Enfer qui nous tient lieu de secrétaire était aux abonnés absents. Et c’est tant mieux. A d’autres de lui expliquer le projet du docteur Watson. Sans doute n’est-ce pas juste et sans doute suis-je aveuglée par ma rage, mais je la tiens en partie pour responsable de ce qui va se dérouler. Waam a toujours prétendu ne pas vouloir se mêler des affaires des humains. Aujourd’hui, elle n’est rien de moins que le bras droit de Yungvarr Ironbear, l’homme à la tête du projet de reconstruction de Vybor, un allié de choix. Ses beaux discours et sa logique sont constellés d’incohérences, de choix douteux et d’excuses vaseuses. Et cependant, la voici qui poursuit sa route, sans un regard pour ceux qui souffrent ici-bas. Son inaction a lancé le compte-à-rebours. Lorsque le sablier sera vide, je me retrouverai seule, à moins d’un miracle. Mais peut-être que cela ne sera pas en vain. C’est le seul espoir qui me reste et c’est Oliko qui l’incarne cette fois-ci.

Je lui souhaite de réussir. Le scientifique au cœur d’or a maintes fois prouvé sa valeur et mérite de retrouver Anna, sa femme. Je n’oserais probablement jamais l’admettre, mais je serai heureuse pour lui s’il parvient à s’extirper de cet Enfer, même s’il ne nous apporte pas de solution. Oliko a déjà trop souffert de mes coups bas et de mes caprices et il ne devrait pas être enfermé ici. Si l’occasion lui en est donnée, j’espère sincèrement qu’il saisira sa chance plutôt que de risquer sa Liberté une nouvelle fois. Il a pris le temps de faire mûrir sa réflexion et de se préparer en conséquence, contrairement à Realder qui a foncé tête baissée dans le Grand Vide.
Si tout se déroule comme prévu, Olikotora me manquera énormément. Mais c’est un mal pour bien ;  l’un d’entre nous au moins réussira peut-être…là où tous les autres ont échoué ? Non, bien sûr que non. Seul mon cher écrivain s’est avancé dans la Brume à dessein. Les autres n’ont finalement pas cherché à comprendre la mécanique démentielle de cette partie du Macronivers. D’aucuns ont jugé bon de prendre la mer, pensant trouver une île ou un continent de l’autre côté. D’autres ont disparu au-delà de la limite, en voiture, en camion, à pied… Les derniers sont peut-être trop lâches pour assumer leurs actes. Qui sait combien de membres de la R.E.D, de Lost Riders, d’anciens agents de la Z.T.A se cachent en ce moment-même au fond des bois ou dans des caves, des grottes voire des bunkers souterrains ? Personne… Personne ne m’a jamais regardé en face pour me demander comment sortir de cet endroit, pour me lancer : « Qu’est-ce que je fous ici au fait ? ». Peut-être que Rohiro Takesha ou encore Steven Downie s’étaient déjà posés la question… Je ne peux pas les blâmer d’avoir eu autre chose à faire. Ces deux-là sont peut-être excusables, encore que je n’en sois pas certaine. Retrouver Realder était l’une de mes priorités jusqu’à ce que je découvre cette Barrière d’Ether. Dès lors, c’est une double quête que je me suis fixée et si je m’étais appelée Rohiro Takesha, cela aurait encore été le cas.
Finalement, c’est à croire qu’il n’y a que moi qui me morfonde ainsi. Vivre dans un aquarium pour l’éternité ne semble pas déranger qui que ce soit après tout. Fort bien. Chacune de ses petites étincelles de vie quasi-éternelles semble accepter son sort et par voie de fait, aucune d’entre elle n’a dû se poser cette question : que se passerait-il si un poisson un peu plus vorace que les autres venait à être placé dans le bocal ? Je me représente un groupe de poissons rouges après une nuit passée en compagnie d’un Piranha. L’expérience est enrichissante.  Aujourd’hui, rien n’empêcherait quiconque de jouer au Piranha. Rien. Il suffit d’une lame, il suffit d’une balle pour renvoyer quelqu’un sur la plage. Une seule âme damnée peut répandre un vent de panique sur toutes les autres au sein de ce Purgatoire. Aucun policier de pacotille n’a les moyens de lutter contre ça. Même une ville barricadée peuplée de gens armés jusqu’aux dents ne peux résister à la volonté d’un seul Homme. Pas dans ce monde-ci. J’aimerais penser autrement. Et pourtant, ils verront bien. Les gentils petits survivants commenceront peut-être à s’intéresser aux frontières de Chernarus lorsqu’un psychopathe un peu moins idiot que les autres comprendra qu’il est immortel. Quant à ceux qui ne viennent pas d’ici, qu’ils s’amusent aux  dépens de l’humanité. Un jour peut-être seront-ils dans le même cas.

J’ai fait ce que j’avais à faire. Il ne me reste plus qu’à observer le résultat. Si ce projet échoue, j’arrêterai mon Horloge.
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Disruption: Les Noirs Ecrits de Frannie ('Fran') Icesinger alias Frisca Empty The Longer Road : Le Chef-d' Œuvre du Catalyseur

Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:26

The Longer Road : Le Chef-d' Œuvre du Catalyseur

L’espace d’un instant, tout s’est arrêté. Le Chariot du Temps s’est écarté de son ornière et le silence est tombé sur Chernarus. Puis c’est le chant d’un léviathan à l’agonie qui a résonné par-delà les Brumes. Olikotora est parti. Et malgré tout ce que j’ai pu dire, malgré  tout ce que j’ai pu faire, rien n’aurait pu me préparer à accepter le vide béant que je ressens déjà au plus profond de mon être. Je suis seule désormais. Seule face à mes choix, mes doutes, mes espoirs et mes craintes. Sans savoir qui je suis, d’où je viens et où je vais. C’est pour obtenir des réponses qu’Oliko a franchi le seuil mais maintenant qu’il est passé de l’autre côté du Voile, tout ce que j’espère, c’est qu’il puisse poursuivre son chemin et retrouver Anna. Ce n’est pas un hasard si Watson a reçu ce message, celui qui l’a entrainé sur cette voie ; je nourris l’espoir secret qu’il ait été choisi, que quelque chose lui ait finalement ouvert les portes de la Liberté. Il le mérite.

Voilà. C’est dit. Marqué à l’encre noire dans mes journaux comme au fer rouge. Au sein de cette Réalité, en cet instant précis, je t’aime, Oliko. Il n’y a rien d’autre à ajouter. Que cela soit réciproque ou non, ça ne change rien puisque nos vies ne peuvent être liées dans cet espace-temps. Tu reviendras peut-être en Chernarus, seul ou accompagné d’Anna, ou peut-être ne reviendras-tu jamais. Quoiqu’il en soit, je n’ai pas ma place au sein de ton histoire et tu n'en as pas dans la mienne. Je dois pour ma part retourner aux cotés de Realder, quoiqu’il m’en coûte. Waam dit vrai : je souhaite peut-être m’évader d’une enceinte au sein de laquelle je suis libre pour devenir une prisonnière hors de ces murs. Je n'ai jamais cru au Destin. Mais si je suis prête à tout abandonner, c'est parce que je suis convaincue que c'est ainsi que les choses doivent se dérouler pour moi. Et il devrait en être de même pour chacun et chacune d'entre nous. Parce que peu importe d'où nous venons, peu importe où nous allons et peu importe qui nous sommes. Humains, Umites, Vampires, Démons... Ce ne sont que des mots choisis pour catégoriser chacune de ces petites miettes d'espace et de temps qui vibrent et se déplacent au sein de la trame du Macronivers. Ce que nous appelons "âme" n'est en réalité qu'un concept abstrait qui n'a d'autre avantage que de nous permettre de mettre en évidence la futilité de notre corps. Aujourd'hui, peut-être pour la première fois depuis que je le connais, je crois comprendre Oliko. Un peu trop tard, il est vrai. Le docteur au béret rouge n'a jamais cessé de panser les plaies, de réparer les membres fracturés et d'étudier la vie sous toutes ses formes. Ce que je prenais pour une faiblesse n'était en réalité que l'action d'une âme dévouée envers les autres. C'est peut-être l'Amour dont parle Waam, le lien qui fait qu'une âme entre en harmonie avec les autres. Et ce soir, immergée dans la Brume, plus seule que jamais, je me rends compte que j'ai probablement contribué à briser cette dernière.

C'est la première fois que je m'expose ainsi intégralement aux vents tourmenteurs de l'Ether. Watson et Realder ont-ils ressenti la même chose en s'avançant pas après pas dans l'inconnu? Je ne saurai le dire. L'heure n'est cependant pas venue pour moi de m'offrir au Grand Vide... malheureusement. Même rongée par la tristesse et le remord, je ne peux m'empêcher de tricher avec la réalité et c'est bien sûr ce Café à l'arôme cuivré qui me le permet, le même qu'Olikotora a du emporter avec lui de l'autre côté. Ce soir, si j'ai moi aussi traversé - temporairement - le Voile, ce n'est ni pour meurtrir mes chairs et mon esprit, ni pour tenter de comprendre de quoi il retourne. Ce soir, aussi surement que Realder l'aurait fait, c'est justement mon âme qui s'abreuve à ces rivières de pouvoir. La berge est glissante cependant, et sans doute me suffirait-il de l'oublier une seule seconde pour être emportée, déchirée par les courants acérés. La Brume est avare de sensations: lorsque je m'immerge dans la tourmente, mes sens s'engourdissent et s'il n'y avait pas cette lointaine brulure quelque part là où devrait se trouver mon cœur, je pourrai penser que je suis en train de m'y endormir. Mais je ne puis m'y tromper: même protégée par le Café des Arpenteurs, le Brouillard agit et réalise son œuvre peu à peu. Il écorche, il coupe, il ponce lentement mais surement ce qui devrait rester entier. Je continue d'observer l'horizon inexistant, peut-être dans l'espoir d'y apercevoir une ou plusieurs silhouettes fugaces. Au point où j'en suis, même celle d'Aubépine me soulagerait. Je serai au moins assurée que mes songes ne sont pas dénués de sens. Et s'il faut pour cela retourner à la source et abandonner tout espoir d'avoir jamais eu une vie à moi, et bien qu'il en soit ainsi.

Dans ma douleur, une infime parcelle de moi-même est heureuse. Même si Oliko a disparu, même si son âme s'est définitivement envolée de cet univers, je suis contente qu'il soit parti avant d'avoir vu Chernarus à feu et à sang. Parce que si cette Réalité suit son cours sans un petit coup de pouce, nul doute que c'est ce qui va se passer. Nova Astroska en sera l'élément déclencheur, à moins qu'elle ne disparaisse encore une fois sans crier gare. Son but est d'assujettir chacun des petits vers qui rampent encore sur l'Île des Morts. Je ne me lasse pas de constater le manque d'ambition et d'imagination de mes semblables. C'est toujours une histoire de pouvoir, d'emprise, de contrôle et de vengeance qui se cache derrière ces beaux discours et Nova ne déroge pas à la règle, aussi incroyables soient ses capacités. Visiblement, elle n'a rien compris. Que fera-t-elle lorsque son appétit aura été satisfait, lorsque la Chernarussie lui appartiendra? Même les conflits ne m'intéressent plus. La vie et la mort n'ont aucune saveur, alors pourquoi devrais-je choisir un camp? Il n'y aura ni victoire, ni défaite, tout comme les empires de jadis, dont le nom s'est perdu et ne sera plus jamais retrouvé. Je ne puis souffrir ces futilités plus longtemps alors je t'en prie...

"Tu es la clé de mon plan. Ne me déçois pas."
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Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:34

Stasis : La Sacrifiée

Contrôler le temps… Maitriser l’espace entre chaque seconde pour l’arrêter, dénaturer son flux pour l’accélérer et l’inverser pour effacer l’histoire, réécrire l’avenir sans limite…
Contrôler l’espace… Modeler la Réalité pour s’en défaire, se jouer de la matière et de ses membranes pour plier le monde, annihiler les barrières pour arpenter le Multivers à son gré…
J’ai tout perdu. Des mois, des années passés à parcourir plaines et montagnes, à esquiver les balles et à les encaisser, à nouer des liens et à en briser d’autres, à aider et à manipuler, à donner et à corrompre, à détester et à aimer… Tout ça pour toi, Realder. Ta création s’est réveillée en Chernarus, blanche comme neige, nettoyée de ses tourments mais même en t’avançant dans les Brumes, tu as choisi de laisser ta marionnette préférée en cage alors que tu devais bien te douter qu’elle avait retrouvé une partie de ce que tu lui avais arraché. La dernière personne qui te connaissait vraiment est partie et me voici désormais seule.
Pendant tout ce temps, j’ai suivi ta voie, je me suis gavée d’Ether et noyée dans le Café des Arpenteurs afin de ne pas me disloquer sur place. C’est une belle Horloge que tu as construit, mon doux bourreau, et sans doute serais-tu fier d’apprendre qu’il s’agissait d’un travail d’orfèvre aux yeux d’Oliko… C’est aussi parce que cette mécanique contre nature me permet de me mouvoir que je ne crains plus la mort. En vérité, cette terre abandonnée par les Dieux sous le regard attentif des EBE dispose encore d’une particularité dont je ne me lasse pas : j’aime y mourir. Et lorsque je me réveille sur la plage, mon corps est semblable à celui de tout un chacun : celui d’un simple clone, parfaitement fonctionnel et surtout dénué de ta marque, à l’exception de cette petite Salamandre qui continue parfois de fixer l’éternité depuis mon épaule. Sans doute pour la même raison qui fait que Rohiro conserve son implant - lui au moins n’a pas été abandonné par sa gardienne - les changements s’opèrent par la suite, parfois au terme de quelques semaines et parfois au bout de longs mois. Je prends toujours garde d’en finir avant de sentir les pulsations de mon cœur diminuer, l’un des signes annonciateurs de ta malédiction. Crois-moi Real’… Olikotora a eu tort de te regretter : jusqu’à la dernière seconde, tu es sans doute resté le monstre que tu étais jadis. Mais je ne vaux pas mieux que toi et si j’ai besoin de ta chaleur, ce n’est peut-être pas seulement parce que  je suis ton pantin aux yeux rouges.

Humaine ou pas, je n’ai cependant pas oublié d’en présenter tous les défauts. Jusqu’à maintenant, j’ai toujours pensé que j’avais un rôle à jouer dans cette histoire, que je serai forcément en première ligne le moment venu. Prisonnière de mon orgueil et de ma folie, j’ai voulu tromper Waam, j’ai méprisé le passé de tous ceux qui ne suivaient pas ma route, au point d’en oublier mes propres démons. Ce n’est que lorsque Watson m’a confié la photographie d’Anna que j’ai commencé à comprendre ce que je suis devenue. « Frannie est morte », c’est bien vrai, et mes grands discours n’y changeront rien. Si Waam, Rohiro, Steven Downie et Gitan décidaient de m’écarter, ils le pourraient à n’en pas douter. Sans doute aurais-je souhaité modifier le cours des choses, imposer ma signature et m’évader avec panache, comme tu savais si bien le faire. Tel était mon but jusqu’à présent, la raison pour laquelle je me battais, celle qui justifiait mes choix, mes erreurs… Séduite par ton souvenir, par tes écrits et par ton pouvoir, j’ai tout délaissé.
Aujourd’hui, la clepsydre est pleine. J’ai compris que je n’arriverai à rien et je me suis perdue dans ces engrenages avec mes chimères, laissant peu à peu ma folie gagner du terrain sur ma raison. Je ne veux plus qu’il en soit ainsi. Je ne veux plus que l’on me considère comme un être froid et sans cœur. Je ne veux plus vivre dans la culpabilité, en portant sur mon dos la déception de ceux qui m’entourent. Je ne réparerai pas le mal que j’ai causé, je ne remplacerai pas le cœur que j’ai brisé. Je ne peux pas contrôler le temps afin de revenir en arrière. Mais je peux faire en sorte de lui échapper. Je puis patienter éternellement à travers lui puisque son cours n’a pas d’effet en ces terres. Finalement, la Liberté que je recherche tant est peut-être à portée d’aiguille… Ne faut-il pas apprendre à nous découvrir nous-même avant de découvrir de plus vastes horizons ?
Je méditerai. J’arpenterai Chernarus jusqu’à me connaitre moi-même ou jusqu’à en avoir extrait chaque grain de café. Dans un cas comme dans l’autre, j’en aurai terminé avec mes tourments. Au même titre que l’Oubli, l’Immobilité est un refuge. Lorsque le tempo de la vie commence à ralentir, notre perception du temps change jusqu’à se dissiper complètement. Et c’est de cela dont j’ai besoin, un lieu hors du temps, un sanctuaire au sein duquel je pourrai me réfugier en patientant jusqu’à ce que l’on vienne me chercher… ou en attendant la fin.
Je ne cherche pas à me cacher face à mes erreurs. Et c’est pourquoi je n’adresserai pas de message aux Umites. J’ai tenu ma promesse en fournissant à Waam ce qu’elle désirait. Point final. Son combat n’est pas le mien et j’ai eu tort de la bousculer ainsi ; parce qu’en réalité, elle est désormais aussi perdue que moi. Elle s’est habituée à son enveloppe charnelle et agit désormais comme une humaine ou peu s’en faut. Je lui dois des excuses, ainsi qu’à tous ceux que j’ai déçus. Mais ce ne sont que des mots. Le plus dur reste à faire et je n’y arriverai peut-être pas : c’est ma raison d’être que j’abandonne, sans savoir si je parviendrai à en trouver une autre. Mais il n’y a pas de pardon sans sacrifice.

Aussi bête que cela puisse paraître, j’avais besoin de quelqu’un qui puisse m’écouter et me donner son avis, même lorsque je n’en faisais qu’à ma tête, et c’est Olikotora qui tenait ce rôle. Le Docteur - avec un grand D -, ce psychanalyste schizophrène également, lorsqu’il était encore là pour répondre à mes questions. Maintenant, plus personne n’y répondra, et surtout pas Waam qui en a déjà trop entendu.
Je ne sais plus depuis combien de temps je retranscris mes pensées dans mes journaux, sans me soucier du cours de mes journées et de mes nuits. Contrairement à nombre de « Survivants », les considérations matérielles ne m’attirent pas. A quoi bon souiller mes pages de chiffres et de listes, des choses que j’ai pu faire et des choses que je ferai ? J’ai déjà un registre pour ça, et peut-être sera-t-il bientôt donné en pâture aux flammes. Pourtant, ce soir, je suis convaincue qu’un évènement important s’est déroulé. Quelque chose que je ne peux comprendre. C’était il y a déjà quelques jours.
Un homme, ou quelque chose qui y ressemble m’a sommé de lui fournir des informations. Quelque chose à propos d’un transducteur radio - ou quoique que ce soit de ce genre-là. Je n’ai pas su tenir ma langue, peut-être parce que pour la première fois depuis des mois, voire des années, mon esprit ressentait de la tristesse pour la perte d’un ami…pour la perte d’Oliko. Ainsi, à peine quelques secondes après avoir prononcé « Tisy », me suis-je retrouvée sur la plage une nouvelle fois, depuis bien longtemps. Et mon épée, dernier souvenir d’une époque pas si lointaine durant laquelle je la maniais aux côtés d’une jolie guerrière tombée des étoiles, m’a rejoint dans le néant. Ce soir, j’ai perdu le dernier fragment de  Tuz Kren Lein que j’avais encore en ma possession.
Le colosse tout de noir vêtu est revenu quelques jours plus tard et s’en est pris à Rohiro Takesha alors que nous étions pour une fois rassemblés dans l’auberge de Vany Vanky sans autre souhait que celui d’oublier quelques temps la ruine qu’est devenu ce monde. J’ai vu la chose ôter la vie de Waam alors qu’elle le menaçait, comme on écrase un moustique un peu trop téméraire. Berserk, puisque c’est apparemment le nom de code qu’utilise le sombre géant, a demandé quelque chose à Rohiro. Une fois sa mission réalisée - me semblait-il -, il s’est suicidé face à nous sans que personne n’ai le temps de réagir.
Je ne sais pas ce qu’est cette chose et je ne saurai percevoir ses motivations. Je suis cependant certaine qu’il s’agit d’un être dangereux qui ne reculera devant rien pour accomplir sa mission et qu’il semble suivre les traces d’Olikotora.

J’ai promis à ceux qui me l’ont demandé que je les aiderai à stopper cette menace et à en comprendre l’origine. Peut-être est-ce le premier pas vers un nouveau départ… Ou peut-être que Frisca entame aujourd’hui son dernier grand voyage.
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Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:42

Stasis : Tempus edax rerum

Je, je, je… Toujours moi et mon égo. Abandonner son « moi » intérieur, c’est pourtant s’abandonner soi-même, et j’aurais tôt fait de franchir la Barrière tissée d’Eternité si je souhaitais en finir au plus vite. Mais ce n’est pas ce qu’Olikotora aurait voulu, pas plus que Realder sans doute. Et pourtant, je comprends Gitan et le major Downie lorsqu’ils se perdent dans leurs pensées et qu’ils écoutent les promesses de ce Brouillard miroitant. Qui suis-je pour m’octroyer le droit de fondre en larmes, de me complaire dans la mélancolie et d’ignorer le malheur de mon prochain ? Gitan a perdu son frère, Steven ses compagnons d’armes et son humanité. Ils ne se lamentent pas sur leur sort et agissent en toute connaissance de cause.
Mais c’est trop dur, trop dur ! Partout où je vais, mes souvenirs m’assaillent… Ils me rappellent ce que j’ai fait, tous les coups bas, toutes mes erreurs, et toutes les souffrances que d’autres ont enduré par ma faute. J’aimerais me racheter, laver ces souillures quitte à les payer par le sang, effacer ma dette, retourner en arrière pour recommencer une nouvelle vie, prendre un nouveau départ…

Depuis que j’ai ouvert pour la première fois les yeux sur la côte Chernarussienne, je n’ai cessé de considérer cet endroit comme une prison. Mais aussi surement qu’on ne peut tuer ce qui est mort, il n’est pas possible d’emprisonner ce qui est déjà enchainé.
Suis-je sincère avec moi-même et avec ceux qui croisent ma route ? Dois-je me sentir coupable d’un tel égocentrisme ? Mes écrits sont noyés de « Moi » et de « Je » et bien que cela soit le principe même d’un journal, je me remets en cause chaque jour sans pour autant accepter de changer de voie. Ici, j’ai le temps de réfléchir, le temps d’étudier chaque détail de ma personnalité et à plus forte raison, de tout ce qui se trouve autour de moi, de tout ce qui me fait exister. Je tente de démêler le vrai du faux, ce que je pense et ce qui est, ce que je vois et ce que je sais. Pourtant, malgré tout ce que j’ai traversé, mon discernement n’a pas varié d’un iota. Derrière mes belles paroles et mes grands airs, derrière mes éclats de colère et mes sanglots, derrière mes rires et ma froide indifférence, je ne parviens toujours pas à comprendre ce que je fais encore ici.
Je ne sais que trop bien sur quel chemin je m’engage en suivant ces pensées. D’ici peu, je me lamenterai sur ma condition, je maudirai la Brume et ce qu’elle m’a pris, je menacerai Chernarus et le Macronivers tout entier pour finir par énoncer des promesses que je ne tiendrai jamais. Il n’y a que quelques vérités dont je suis certaine.
J’ai peur. Peur de constater un jour que je ne suis qu’un personnage d’une histoire écrite et terminée depuis longtemps, sans autre fonction que de suivre une ligne gravée, jusqu’à la dernière page. Je n’ai jamais considéré que le Destin puisse exister, et plutôt être anéantie si tel devait être le cas. Mais depuis ce jour à marquer d’une pierre noire, depuis que l’annonce est tombée, quelque chose s’est brisé. Mes souvenirs d’avant le Jour Z sont flous pour la plupart ou bien nimbés d’un halo furieux. Ils me racontent au moins deux histoires qui n’ont pu coexister et dont je me souviens néanmoins à ma manière. Celle d’une fille somme toute relativement normale et celle d’une Marionnette - au sens littéral du terme - destinée à servir les desseins des Arpenteurs et de l’un d’entre eux plus particulièrement. Realder Descendres est le seul maillon qui puisse encore relier ces deux Réalités et celle dans laquelle je suis coincée. J’ai cependant récupéré assez de souvenirs et de sensations pour raconter la trame de mon histoire à quiconque souhaiterait l’entendre. Mais je ne suis pas dupe : non seulement ça ne m’avancera à rien, mais ceux qui acceptent encore de m’adresser la parole se détourneront de moi. Parce qu’après tout, seule la folie pourrait expliquer cette existence apocryphe et contre nature.

Tout cela n’aurait pas dû arriver. Poupée de chair, de sang, d’os et de métal gavée de Vide ou simple mortelle en proie au doute, il est inconcevable pour un Arpenteur ou sa suite d’être bloqué de la sorte. Bien entendu, j’ai eu le temps d’envisager la possibilité que tout cela ne soit qu’un long rêve, pour finir par me réveiller un jour sur un lit d’hôpital dans une blancheur immaculée, séparée du reste du monde par une camisole de force ou par quelques neuroleptiques. Si tel est le cas, j’aurai au moins trouvé la réponse à mes questions et peut-être pourrai-je partir en paix. Mais puisque mes yeux s’ouvrent chaque jour sur les terres de Chernarus - lorsque je parviens à les fermer - je ne peux qu’émettre de vagues suppositions et m’adapter en fonction de ce que je crois savoir.
Je… Nous ne savons quasiment rien de la raison de notre présence ici, mais ce sont bien sûr des mots que je répète inlassablement. Des esprits placés au sein de corps hôtes, des enveloppes charnelles clonées qui, selon les caprices de l’âme qu’ils renferment, se modifient ou demeurent inchangées. C’est à peu près tout ce que je sais pour le moment. Depuis combien de temps ? Je me souviens de cet incroyable sentiment d’exaltation que j’ai ressenti lorsque j’ai compris pour la première fois que nous pouvions tromper la mort et jouer avec elle. J’étais si naïve... A combien de couchers de soleil vais-je encore assister avant de ressentir à nouveau le plaisir d’avoir découvert quelque chose, avant de percer un nouveau mystère ? La moindre avancée requièrera-t-elle toujours de sacrifier un ami en l’envoyant dans les Brumes ?
Tout est peut-être faux : notre passé et notre avenir ont peut-être déjà été écrits par quelque obscur auteur dont les motivations nous paraitraient inconcevables si seulement elles pouvaient nous être énoncées. Mais là encore, l’éternel problème surgit. Les suppositions ne permettent pas d’avancer et ont parfois tendance à nous proposer des chemins semés d’embuches pour aboutir finalement dans un cul-de-sac.

Ne serait-ce pas là la mise en abîme la plus retorse de tous les temps ? Persuadés de connaitre nos origines, nous jouons le rôle de ce que nous croyons être au plus profond de nous-même, au point de rendre réelles des choses qui ne devraient pas l’être. Qu’en serait-il si nous apprenions que tout ce qui nous caractérise, que tout ce qui nous définit n’est que du vent ? J’ai déjà rédigé ce genre de réflexions par le passé. Preuve que rien n’a changé depuis.
Pourtant, des évènements se sont bels et bien déroulés… L’arrivée de Waam, la disparition de Ded, de Bogdan Keyrt, des Lost Riders et de la R.E.D, la mort de Roger Troutmann, la rencontre de Rohiro et le départ de Watson… Et plus récemment le retour de Nova Astroska et de son fardeau sur Chernarus, le choix de Gitanos et la quête de Stiven Downie. Ainsi que l’apparition de cette chose, de cette dissonance dans l’Ether, de cette entité dans le corps d’un clone, le B.E.R.S.E.R.K. Un nombre incalculable de péripéties mais aucune réponse digne de ce nom.
Et aujourd’hui, je suis fatiguée. J’estime avoir fait mon temps en Chernarus. Toutes ces pages que j’ai pu écrire n’aideront personne, elles témoigneront simplement de la futilité de mes efforts. Peut-être est-il temps que je lâche prise, comme j’ai pu le rédiger la dernière fois que j’ai tenu mon journal en mains.

Je ne sais pas ce qui m’attend. Pour le moment, tout m’est égal. Je commencerai sans doute par effacer tranquillement les traces de ma vie à Vybor. De toute manière, le coin est devenu de moins en moins fréquentable avec la Vermine du Vide qui s’y aventure de plus en plus souvent et notre protecteur, Steven Downie, qui y patrouille de moins en moins. Je demeurerai probablement à Frontière d’Acier, le temps qu’on m’oublie un peu. Puis je prendrai peut-être la route vers ces lieux que je n’ai plus traversé depuis longtemps. Novodmitrosk, Berezino, Zelenogorsk… Je longerai peut-être la côte et sans doute m’arrêterai-je quelques temps près de Berezhki, à Enclave de Plomb.
Je ne quitterai pas Chernarus en m’aventurant dans l’Ether, et je ne tenterai rien non plus du côté de la mer. Pour la simple et bonne raison que je ne quitterai pas ce Purgatoire. D’autres que moi s’y sont déjà attelés.

Tout ce que je veux pour le moment, c’est la paix. Voici bien une chose dont rien ni personne ne pourra me priver si je le décide.
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Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:48

Stasis : Aube Illusoire

Félicitations mademoiselle Icesinger, c’est une fille.

Voici ce que m’a vomi le Macronivers cette-fois-ci. L’Espace et le Temps sont décidément bien capricieux, au point parfois de faire ce genre de farces à ceux qui n’en ont pas besoin. Une farce du nom d'Ashley Icesinger, la progéniture tourmentée de Nova Astroska dans sa forme la plus ancienne et d’une Frisca alternative. C’est du moins ce que m’a raconté la principale intéressée lorsqu’elle s’est pointée comme un rat dans la soupe, à Vybor, et qu’elle a demandé à me parler.

Raison de plus pour en partir. D’où qu’elle vienne, qui qu’elle soit, cette Ashley n’est pas de cette Réalité bien qu’elle y soit désormais coincée comme nous. Le Multivers, ce grand farceur, a néanmoins oublié de prendre en compte un petit détail et j’envierai presque la véritable mère de cette gamine. Mais la voici la vérité : je ne porterai en moi jamais rien de plus que des songes mécaniques et des rouages dentelés. Peut-être qu’ailleurs, dans un autre temps, un autre lieu, une autre vie, il en est autrement. L'infinité des plans permet à elle seule d'envisager cette possibilité et mille autres semblables. Ashley prétend venir du futur, environ 20 ans et 9 mois après la construction de Rive-bois: une sorte de réalité parallèle dans laquelle Nova Astroska serait finalement parvenu à ses fins avec mon "moi" alternatif. Tant mieux pour lui parce qu'ici-bas, je ne lui en ai pas laissé l'occasion. Et quand bien même cela eût été le cas, je n'aurais pu engendrer de descendance, même si je l'avais désiré. Notre statut de clone nous l'interdit probablement et en ce qui me concerne, même avec mon corps d'origine, c'eût été impossible.

C'est toujours la même histoire... Qui sommes-nous, ou allons-nous, pouvons-nous faire confiance aux bribes de souvenirs qui moisissent au plus profond de notre crâne? Après maintes réflexions, j'ai choisi d'adopter cette hypothèse, faute de mieux. Construire sa propre réalité sur des suppositions est un jeu dangereux mais puisque personne ici ne peut me renseigner, c'est la voie que j'ai choisi par défaut. Olikotora est parti dans les Brumes dans le but de nous fournir un début de piste, mais depuis sa dernière transmission, c'est le silence radio. Et maintenant que j'y pense, la seule personne capable de capter son signal semble s'être évanouie dans la nature. Rohiro Takesha aurait-il choisi de quitter la ville ou pire?

Je n'ai pas attendu de le savoir pour faire de même. C'est ainsi que j'ai toujours fonctionné et je ne suis pas prête de changer. Pour une fois, j'écris ces mots aux premières lueurs de l'aube, à quelques pas du grand aéroport militaire de Chernarus, l'Airfield. Je m'octrois quelques instants de répit avant de reprendre la route, quelque peu amère il est vrai, mais néanmoins satisfaite d'avoir démonté mon petit relais en un temps record, sans un bruit et sans faire de vagues. Il ne reste à Vybor plus que ma bibliothèque et la carcasse vide de mes tentes et de mes barils. Que les nouveaux-venus se servent. Pour moi, c'est encore une partie de ma vie qui prend fin et une nouvelle page qui se tourne. Je ne me mentirai pas à moi-même, pas au sein de mes journaux: j'ai envisagé d'envoyer ma bibliothèque dans le néant. Après tout, à part Waam, Rohiro, le Major Downie et moi-même, personne n'a jamais pris la peine de s'en servir. Mais c'eût été mesquin de ma part et bien que je sois une fervente adepte de l'autodestruction, je fixe tout de même des limites à ma propre stupidité.

Je ne pense pas regretter ma décision. Cela fait déjà quelques semaine que j'y pense et le résultat est sans appel: ce que j'ai perdu en quittant Vybor ne vaut pas tous les problèmes que j'y ai rencontré en m'y installant. Bien que Steven Downie soit un ancien militaire des plus compétents, il ne peut assurer seul la sécurité de ce petit coin de vie perdu dans le no man's land de Chernarus. Avec l'unité B.E.R.S.E.R.K qui y rôde parfois, un climat de panique latente y règne. L'arrivée d'Ashley "Icesinger" est le bouquet final, sans parler du simulacre d'élections qui doit avoir lieu là-bas, pour la prise de poste d'un nouveau maire. Une manière de tirer un trait sur la disparition de Yungvarr Ironbear, qui restera toujours pour moi un allié de choix et un camarade de confiance.

Direction Frontière d'Acier - bien entendu - et qu'à cela ne tienne, si je rencontre un éclair de fourrure grise ou blanche, je rappellerai à ces braves bêtes à crocs que je mène la danse par dix points à zéro. Pas seulement dix loups, non, mais bel et bien dix meutes mises en déroute ou réduites à néant. Je regrette parfois que leur seul contact avec moi soit une salve de 357 ou une épée d'acier s'approchant vers eux du fond d'un bois sombre. Je ne fais finalement que traverser leur territoire mais ils continuent à mordre et à griffer.

Donner la mort à ces avatars de la nature ne me rendra pas plus courageuse, j'en suis bien consciente, et bien que j'en tire une certaine satisfaction - l'Homme est ainsi fait qu'il se complait dans la souffrance qu'il inflige au vivant - je n'en ressens aucune fierté. D'une certaine manière, les loups me rappellent ma lâcheté: si je les croise, c'est parce que je fuis une réalité que je n'ose pas affronter.
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Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:52

Stasis : Chaine d’Aurore

Il y a peu, j’ai péri à nouveau au fin fond des bois anciens. Par deux fois j’ai senti ce semblant de vie quitter ce qui me tient lieu de corps. Et ce soir, c’est en ayant perdu une nouvelle lame ainsi que mon sac à dos ruiné que je rentre à Frontière d’Acier - la tête basse. Récemment, c’est à Tisy que je me suis effondrée - terrassée cette fois-ci par un simple nécroïde que je n’avais pas vu venir, alors que je fouillais la base pour dénicher un nouveau sac afin de remplacer l’ancien, troué de part en part et encore poisseux de mon propre sang.
Même mon sanctuaire n’est plus sûr, et pour cause : je dois ma première mort à une salve de plomb, tirée à bout portant par cette Vermine du Vide, l’unité B.E.R.S.E.R.K. Cette chose m’attendait là-bas, à moins qu’elle ne m’ait suivi depuis l’un de mes points d’arrêt. Je ne me suis rendue compte de sa présence que lorsque Waam est arrivée puisque c’est à ce moment-là que le monstre est sorti de sa cachette. Ce qui devait se dérouler s’est déroulé : j’ai tenu tête à plus fort que moi en menaçant B.E.R.S.E.R.K avec mon arme et j’ai essuyé sa désapprobation en récoltant un nuage de chevrotine - à travers le torse à en juger par l’état de mes affaires lorsque je suis revenue après une course folle depuis la plage. Mais là n’est pas la question. Avant de passer de vie à trépas, l’unité a pris soin de passer son enregistrement en boucle : la voix d’Oliko - du docteur Watson - soumis à la question et probablement torturé par l’une ou l’autre de ces Pourritures Ethérées. Ainsi qu’une phrase, répétée inlassablement, comme un mantra : « Seul l’ordre compte ». J’aurais aimé palabrer avec cette chose venue de l’Entre-deux-Mondes mais je crois avoir compris que c’était impossible. S’il y a une clé et une serrure derrière tout ça, je n’ai de toute manière pas assez d’informations pour m’en occuper, ni même de temps ou de moyens pour les déchiffrer. L’effroi que je ressentais en entendant cette voix rauque et altérée laisse peu à peu place à de la haine. B.E.R.S.E.R.K n’est finalement qu’un corps de plus, incapable d’utiliser autre chose que la violence, comme bien d’autres avant lui. Peut-être est-il tout-puissant de l’autre côté de cette  Barrière d’Ether, mais ici, il n’est rien : un morceau de viande, comme nous tous. A quoi bon venir souiller Frontière d’Acier ? Que cherche-t-il ? Et comment savait-il où me trouver ? Voici déjà deux fois qu’il me fait mordre la poussière, sans parvenir à comprendre qu’il se décrédibilise un peu plus à mes yeux. Je n’ai pas spécialement envie de perdre mon temps à parcourir Chernarus depuis la côte jusqu’à mon sanctuaire, ni à écumer les châteaux ou à m’aventurer sans cesse sous le nuage radioactif de Tisy à la recherche de mon équipement perdu. B.E.R.S.E.R.K non plus ne vient pas de cette Réalité. « Seul l’ordre compte » : je ferai donc désormais mon possible pour nettoyer mes plates-bandes des mauvaises herbes qui y poussent, probablement à l’aide de balles à tête creuse puisqu’aucune autre solution ne semble envisageable. Jusqu’à maintenant, je suis parvenue à l’éviter : je n’ai jamais infligé de blessure physique à quiconque, je n’ai jamais attenté à la vie d’autrui. Mais s’il faut en passer par là pour disposer de quelques instants de répit, et bien soit. Il subira le même sort que les loups qui cherchent à me nuire lorsque je pose un pied sur leur territoire. Je n’ai plus de temps à perdre avec ces obstacles sur ma route.

Ce monde est à vomir. Sans doute n’a-t-il pas été plus clément avec Waam qu’il ne l’a été avec moi : la petite Lame tombée des Etoiles a certainement subi le même sort que moi une fois seule avec la sombre entité. Je ne me fais pas trop de souci pour elle cependant : elle sera bientôt hors d’atteinte de B.E.R.S.E.R.K et de toutes les malédictions qui sévissent en ces lieux.
Waam s’en va - pour de bon. Ce n’est qu’une question de temps avant qu’elle ne rentre chez elle, et si j’ai souhaité son départ pendant bien longtemps, je n’en ressentirai pas moins une douloureuse sensation de vide lorsqu’elle aura quitté Chernarus, c’est une certitude. Nombreux sont ceux qui l’oublieront, mais pas moi. Et quand bien même cela devrait arriver, Disruption sera toujours là pour me le rappeler : les paroles s’envolent, les écrits restent, et particulièrement ceux qui transcendent la Réalité et se nourrissent à travers le Grand Vide pour y subsister. La mission de celle que j’appelais parfois Petite Citrouille est terminée et j’aurais pu répondre à ses interrogations il y a bien longtemps. Elle n’avait pas besoin de se donner tout ce mal pour parvenir finalement à cette conclusion : en ce qui me concerne, les seuls Marcheurs des Plans que je connaisse sont les Arpenteurs - et quelques rares électrons libres çà et là, dont même le nom ne m’est pas familier. Si Realder Descendres et ceux qui font partie de cette sombre farce existent bel et bien - et je pars du principe que c’est le cas - leurs affaires avec d’autres Planeswalkers éventuels me sont étrangères.

Parce qu’aujourd’hui, si mon existence avait un sens, je ne serai encore qu’un outil pour ceux que je considère pourtant comme la famille que je n’ai jamais eu. Si je n’ai pas répondu aux questions de Waam, cette dernière a néanmoins fourni des réponses à celles que je me posais depuis si longtemps. « L’âme n’est pas enfermée dans une boite. Elle est la terre de ce champ qui fleurit sous tes pieds ». C’est peut-être vrai pour mon cher écrivain mais pas pour celle qu’il a choisi de modeler à sa guise avant de l’emprisonner dans un sarcophage de chair et de métal. « Une femme à la peau d’albâtre, aux cheveux noirs et aux yeux rouges, mon armure, le chef d’œuvre d’un forgeron talentueux et la clé de ma survie ». Realder voyait la même chose que moi dans ses songes et cela fait longtemps que je m’en suis aperçue. Mais c’est la partie émergée de l’iceberg : je n’ai fait que survoler les méandres tourmentés de l’esprit tortueux et torturé de celui qui fut, qui est et qui restera mon ami, mon amant, mon geôlier, mon tourmenteur et mon bourreau. Je suis tout ce qu’il pouvait rêver de créer, l’apogée de ses désirs les plus sombres, l’avatar de ses vices, l’allégorie de ses sentiments les plus enfouis. Fasciné par cet instant qui transforme l’innocence en corruption et par sa soif de liberté, Realder m’a repêché du Néant - donnant ainsi Forme et Contour à l’Inconcevable, trompant la Mort bien avant d’échouer en Chernarus, aidé en cela par ceux qui l’accompagnaient jadis en des temps moins sombres.
Ni vivante, ni morte ; plus qu’une machine, moins qu’une humaine. La comparaison pourrait plaire à Rohiro Takesha mais personne, à l’exception d’Oliko, n’a découvert le pot aux roses et ce ne sera sans doute jamais le cas tant que cette Réalité nous fournira des corps parfaitement fonctionnels. Je préfère pourtant me savoir aux cotés de Realder Descendres, celui qui portait autrefois un autre nom pour finalement choisir de s’en séparer. Qu’il m’aime pour ce que je suis ou par fierté pour son chef-d’œuvre, je porte encore l’espoir qu’il soit là, quelque part, prêt à récupérer sa première Marionnette de Chair et d’Acier, son bien le plus précieux.

Créer une Réalité semble bien plus simple que d’en briser une : à chacun de nos choix, l’Arbre des Possibles fleurit et étend ses racines un peu plus profondément tandis que sa frondaison se dresse à l’assaut du ciel. Real’ avait besoin de lier son monde d’origine avec son statut d’Arpenteur et sans doute est-ce la cause de l’ambivalence de mes souvenirs, tout comme des siens. Il ne s’agit ni plus ni moins que d’une histoire de paradoxes, de failles et de boucles temporelles. De belles paroles que tout cela : ce soir, je ne terminerai pas ma rédaction par une phrase sibylline lancée dans le vent, mais sur un sentiment bien réel et finalement évident.

Cette Réalité m’ennuie.

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Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 21:55

Stasis : In the Darkest Night

C’est fait. La balance s’est équilibrée et la Réalité a rendu son verdict. Une petite miette d’espace et de temps s’en est allée vers d’autres horizons tandis qu’un vieil ami empruntait les flux de l’Ether pour revenir s’échouer sur la côte Chernarussienne. En d’autres termes, Waam est partie et Olikotora est revenu.
Je ne saurais décrire ce que j'en ressens. Enfin de la joie, quelque peu égoïste il est vrai, pour le retour du docteur Watson, teintée d'amertume. De l'amertume pour le départ de Waam, celle-là même dont je souhaitais la disparition il y a encore peu de temps. J'ai obtenu ce que je désirais; m'apitoyer sur mon sort n'y changera rien, d'autant plus que la petite Lame tombée des Etoiles m'a promis qu'elle reviendrait avant de s'effacer. Se torturer pour les disparus n'a cependant aucun sens en Chernarus, et c'est pourquoi je dois me tourner vers ceux qui ont bravé les mystères du Grand Vide: à ce jour, Oliko est la seule personne à être revenue des Brumes après un laps de temps si long. Et il est également le seul à y avoir trouvé quelque chose d'autre que ce brouillard dévoreur d'âmes.
Watson a réveillé les Enfers en s'aventurant par delà la ligne de l'Inconnu, ce que Gitan était parvenu à éviter lorsqu'il y était allé dans le but de palabrer avec les esprits de ses proches et de ses ancêtres. L'unité - ou les unités - B.E.R.S.E.R.K viennent de là-bas, elles sont responsable de la capture de celui que je considère comme mon ami et de la mort - temporaire - de certaines de mes connaissances les plus proches. Qu'à cela ne tienne, en revenant parmi nous, Watson a prouvé que ces choses n'avaient pas un contrôle total sur les évènements. D'après lui, quelqu'un ou quelque chose lui a fourni l'impulsion nécessaire, une impulsion qui a mis ses geôliers en alerte, une constante imprévue, un grain de sable dans les rouages de leur machinerie bien huilée. Le Hochet des Frivolités blesse si profondément l'Ether... ces choses sont sensibles aux perturbations de l'Entre-deux-mondes et la parcelle de moi-même qui rêve de reconstruire son passé hurle d'espoir en imaginant un Ouragan de Portails les malmener et les briser, quelle que soit leur nature. Ces Vermines du Vide peuvent être blessées et tuées: nombreux sont ceux qui étaient avec moi lorsque nos radios ont capté le signal de mon ami: un coup de fusil à pompe, un râle d'agonie et une phrase qui marque peut-être le début d'un nouveau chapitre: "Ici le docteur Watson. Je rentre à la maison".
Quoiqu'il en soit, Olikotora a posé le pied en Chernarus une nouvelle fois, et c'est tout ce qui compte pour le moment. Je suivrai ses projets et ses avancées d'un œil bienveillant. Tant que je demeurerai prisonnière de ces Remparts d’Eternité.

Les deux dernières semaines ont été riches en évènements et certains s’en seraient sans doute bien passés. La ville de Vybor sombre, elle redevient peu à peu la cité décrépite qu’elle aurait dû rester. Waam partie, il ne restait plus que le Major Downie pour la maintenir en état, mais je crains que lui non plus n’ait plus la force de continuer sur cette voie. Steven attachait tellement d’importance à ce lieu… Ses projets se sont sans doute effondrés lors de la soirée qui devait permettre d’élire un nouveau maire, un nouveau leader pour permettre à ces pauvres âmes errantes de suivre une voie commune. Peine perdue : personne n’a jugé bon d’apporter son soutien aux candidats et la soirée s’est même achevée par un Deus Ex Machina qui a réchauffé mon cœur de quelques degrés mais qui a sans doute sapé le peu d’espoir que Steven portait encore en lui. Yungvarr Ironbear est revenu pour l’occasion. Certains diront qu’il s’agit du destin, d’autres du simple hasard : je n’ai pas de réponses à cette question, et pas d’avis à émettre non plus. L’Ours de Fer, l’ancien maire de la ville, marchand d’armes à ses heures perdues et baroudeur des forêts chernarussiennes est un personnage fuyant, capable de s’immerger dans les Ombres pour réapparaitre quelques mois plus tard. Je ne doute pas qu’il continuera ainsi encore longtemps et je ne m’inquiète pas pour lui.
J’aimerai consoler le Major. J’aimerai lui dire qu’il n’a pas fait tout ça en vain, que les efforts qu’il a fourni ont porté leurs fruits, pas dans le cœur de béton de cette ville mais dans celui, bien vivant, de tous ceux qui ont un jour croisé son chemin. Mais il ne m’écoutera pas. Downie me voit sans doute comme un électron libre ou bien comme une simple citoyenne un peu folle… Sans doute nourrit-il quelques rancœurs pour l’ensemble de ceux qui ont un jour fait partie de la communauté de Vybor et qui l’ont laissé mourir. Le Major méritait mieux que la plupart d’entre nous. Derrière le masque d’honneur et de vertu qu’il nous présente, il y a sans doute un homme qui souffre, un survivant du Cataclysme que nous avons presque fini par oublier mais qui n’en demeure pas moins l’origine de nos tourments - en tout cas celle qui nous apparait comme la plus vraisemblable.

Les vents de l’Ether sont comme les flots de la mer qui vomissent souvent des carcasses de bateaux ou du bois flotté sur la plage balayée par les embruns. A cette différence près qu’ils ne laissent pas derrière eux d’objets inertes, mais bel et bien des corps, parfois emplis d’une âme coincée ici depuis longtemps et parfois habités par une âme neuve, dont les contours sont encore doux et lisses, une âme qui n’a pas encore goutté au tranchant de cette Réalité.
Alice est de celles-là. Une nouvelle venue comme il en vient parfois, inconsciente de ce qui se trame au sein de cet éclat du Multivers. Je l’ai récupéré près de Kamenka alors qu’elle suivait la route en direction de l’Ouest, vers ce petit village qui était autrefois le fief de Grygor Krasky, le lieutenant déchu. Voici quelques jours qu’elle chemine à mes côtés, et bien que je sois toujours une inconnue à ses yeux, la journaliste - puisque telle était sa vocation avant que tout ne parte à vau-l’eau - a accepté de me suivre jusqu’à Vybor et bien au-delà. En vérité, sa témérité n’a d’égal que sa curiosité mais c’est sans doute là l’apanage de tout reporter qui se respecte.
Alice a déjà rencontré la plupart de ceux que je mentionne occasionnellement au sein de ces pages troublées : Vany Vanky, Steven Downie, Gitanos, Ashley et même Olikotora ont fait l’objet de ses interrogations et je ne déroge pas à la règle. Je dois bien admettre que c’est avec la plus grande sérénité qu’elle a accepté le fait que nous soyons tous complètement fous. C’est du moins ce qu’elle croit et elle finira bien assez tôt par comprendre toute l’horreur de son sort. Le sien n’est pas plus enviable que le nôtre pour le moment : tout comme la majorité d’entre nous, Alice a perdu des êtres chers, l’un d’entre eux tout particulièrement… mais cette fois-ci, aucune chance qu’elle le retrouve en bord de mer, pas au sein de cette Réalité du moins.

Ainsi vont les choses : ceux qui furent autrefois des humains sont devenus des nécroïdes, des créatures avides de sang tandis que les morts se relèvent sans cesse sous les vents du littoral. D’autres s’abandonnent à leurs tourments et choisissent de franchir le Seuil : certains en reviennent, d’autres pas. Et parmi toutes ces étincelles fourmillantes d’absurde, il en faut bien quelques-unes pour conserver en mémoire les échos de ce Cloaque.

Ce soir comme bien souvent, je fermerai les yeux en contemplant ce rideau d’anthracite, derrière lequel se cache sans doute l’une de ces Vermines du Vide. Et plus loin encore, perdu au-delà même des profondeurs de cette Histoire, le pilon qui les écrasera, le Catalyseur qui me  fera peut-être sortir d’ici un jour.
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Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 22:01

Stasis : Will the Circle Be Unbroken ?

Je l’ai bien senti. Comme un courant d’air froid un soir d’été. Moins qu’un sursaut, un frisson presque imperceptible. Rien ne semble avoir changé et pourtant, l’espace d’une fraction de seconde, ce Monde a retenu son souffle. Une modification, un changement infime dans sa trame. Pas de conséquences, juste le silence et la sérénité d’un plus grand mystère… Une énigme qui ne trouvera jamais de réponses, le vide à jamais incomblé de ce qui était et ne sera plus. Ce qui existait, aujourd’hui disparu. Certains ici l’auront peut-être ressenti et d’autres resteront à jamais dans l’ignorance. Tout cela n’a aucune importance et c’est pourquoi je vais me servir une nouvelle rasade de ce précieux nectar avant de revenir à ma Réalité. Doux Café des Arpenteurs, l’Ecrou Providentiel oublié par ceux qui pensaient que l’Histoire ne pouvait s’écrire que par la main d’un seul auteur. Une dernière gorgée avant de repenser à ma petite vie insignifiante en Chernarus…

Par où commencer ? Que puis-je bien écrire qui ne ressemble pas encore à ce que j’ai déjà rédigé tant de fois au cours des derniers mois - des dernières années ? La survie, l’agonie, le trépas : le cycle recommence sans fin. Nous rencontrons parfois de nouveaux venus : ce fut mon cas il y a un ou deux jours. Autant que j’inscrive ici ce dont se souvient mon esprit embrumé.
Je suis tombée deux fois il y a peu : une jolie tournure de phrase pour expliquer ce qu’il est advenu de mon corps, une couronne mortuaire pour cette enveloppe de chairs déchiquetée et dévorée par un nécroïde que j’avais largement sous-estimé. J’aurai pu éviter ces souffrances inutiles si j’avais observé les alentours avec plus d’attention. Un point pour ce Grisâtre. Et un point également pour B.E.R.S.E.R.K qui a su profiter de ma maladresse pour me faire exploser la cage thoracique une nouvelle fois, alors que je trainais tranquillement avec Alice Pares du côté de Vybor. Fraichement revenue de la plage, ce fut tout naturellement que je m’y réveillais à nouveau, oscillant cette fois-ci entre prostration et rage brulante.
Je commence à comprendre de fait, les raisons qui avaient poussé Realder à s’équiper de la sorte. Le plomb de cette Vermine du Vide m’a déjà transpercé trois fois. Puisque je ne peux visiblement y échapper, je crains de devoir trouver un moyen pour y remédier… Les armes de guerre et autres cartouches de très gros calibre que je destinais à l’échange vont finalement peut-être terminer dans ma réserve personnelle en attendant que je trouve quelqu’un susceptible de m’expliquer en détail leur fonctionnement. Lorsque cela sera fait - et je n’ai aucun doute sur ma capacité à apprendre à manier de tel engins de mort puisque l’Eternité me tend les bras - je bénirai B.E.R.S.E.R.K par le feu et l’acier avant de disséminer les miettes de ce qui restera de lui - ou d’eux -  aux quatre coins de Chernarus. Steven Downie acceptera peut-être de m’aider, bien qu’il ait certainement d’autres chats à fouetter en ce moment.
Sans le Major, Vybor se meurt. La dernière fois que j’ai pris ma plume, je l’ai qualifiée de ville décrépite, mais c’est encore pire que ça. J’ai pu assister moi-même à la folie qui y règne et je comprends Alice lorsqu’elle déclare vouloir en partir, à peine arrivée. Il n’y a plus rien de bon là-bas, à part peut-être Vany qui s’efforce tant bien que mal d’apporter un peu de réconfort à ceux qui ont choisi d’y résider, et Gitan qui se débarrasse de ses derniers véhicules avant de prendre la poudre d’escampette. Les unités B.E.R.S.E.R.K se sont apparemment données rendez-vous à Vybor, lorsque ce n’est pas Ashley qui se prend pour l’une d’entre elles. Ashley Icesinger… J’effacerais ce nom et ce qu’il représente de la Réalité si je le pouvais. Celle qui pense être ma fille n’a absolument rien en commun avec moi et j’en viens à penser qu’elle est une menace pour ceux qui croisent son chemin. Son principal problème ne vient pas de sa nature : demi-vampire, démon, extra-terrestre, lycanthrope ou même Outsider, je n’ai cure de ce qu’elle est. Sans doute est-elle persuadée que j’attache une grande importance à ce nom que je me vois contrainte de partager avec elle. Il n’en est rien. Ce n’est qu’un mot, un qualificatif sans saveur, que je portais dans un monde qui me paraissait déjà étranger à l’époque.
C’est Realder qui m’y a emmenée, incrustée, parce qu’il ne  pouvait supporter de rejoindre seul cet infime fragment du Macronivers au sein duquel il était né. J’ai le sentiment de connaitre ces vérités, pourtant mes souvenirs ne me fournissent que des éclats épars, trop endommagés pour qu’il soit possible de les assembler entre eux. Tout comme Oliko, Gitan, Steven, Rohiro, Alice et bien d’autres, je cherche à retrouver quelqu’un ou quelque chose. Nous partageons tous un même but, seules nos raisons divergent.

Fort bien… Ces tristes revers que j’ai encaissés m’ont au moins permis de faire la connaissance de Kriss, une nouvelle victime de ce voyage sans retour. Je l’ai rencontré pour la première fois au dispensaire de Nagornoe, bien entouré par Watson, qui venait de le récupérer, et par le Major, désormais débarrassé de ses fonctions. Mon premier accueil fut glacial, je le crains, mais comment aurait-il pu en être autrement ? Je venais de subir par deux fois un aller-retour sur la côte pour me retrouver nez-à-nez avec un inconnu et Steven Downie, qui n’avaient tous deux, rien à faire là. Au fil de la conversation cependant, je me suis finalement détendue : Kriss semble être quelqu’un de réfléchi - au même titre que Steven d’ailleurs - et même si cela n’avait pas été le cas, sa jambe blessée ne lui aurait pas permis d’aller bien loin, ni de faire beaucoup de mal. J’ai par ailleurs eu l’occasion de passer du temps avec lui le lendemain. Il m’a raconté son histoire - les souvenirs que Chernarus lui a laissé du moins -  et je lui ai raconté une partie de la mienne : celle qui permet à mes pairs de ne pas me prendre tout de suite pour une folle.
Le jeune homme est de toute évidence l’extrême opposé d’Alice en ce qui concerne le cheminement de sa réflexion. Là où la journaliste engrange les informations pour les analyser objectivement et presque froidement, Kriss les accepte simplement, en tout cas la plupart d’entre elles, sans se poser plus de questions sur leur véracité. Abreuvé depuis longtemps par les récits qu’il se plaisait à lire - c’est du moins ce qu’il m’a indiqué si je ne m’abuse - il découvre peu à peu les facettes de notre prison et porte un regard curieux et grand ouvert sur le monde qui l’entoure : en cela, nous ne sommes pas très différents. Lorsque sa jambe aura guéri, nul doute qu’il se sentira à l’étroit dans le dispensaire d’Oliko ; il sera alors temps pour lui de suivre sa propre voie.

Avant de m’immerger au sein de mes songes, je me dois de noter les derniers éléments que je juge importants, bien qu’en vérité, il ne s’agisse que de l’évolution classique de chaque chose et de chacun en Chernarussie. Alice est entrée dans la boucle, cette boucle dont elle ne sortira probablement pas de sitôt, à moins qu’elle ne décide de tenter sa chance en s’aventurant dans l’Ether. Elle n’a pas encore vécu sa propre mort - tout vient à point à qui sait attendre - en revanche, elle me considère désormais probablement comme une revenante, ou au choix, comme une manipulatrice hors-pair. Je suis lasse de me répandre en discussions hasardeuses sur des sujets qui, à mon humble avis, ne le méritent pas. Alice a assisté à ma mise à mort par le B.E.R.S.E.R.K, elle a sans doute dû voir mon corps constellé d’impacts de chevrotine. J’ai pu dialoguer avec elle par la suite, post-mortem si j’ose dire. Qu’elle en pense ce qu’elle veut ; si j’ai bien compris quelque chose ici-bas, c’est que personne ne peut changer du jour au lendemain et elle ne déroge pas à la règle. Tant mieux pour elle : son esprit rationnel lui permettra sans doute de maintenir sa raison à flots pendant quelques temps. Ce n’est pas de mon ressort, et si j’apprécie Alice pour ce qu’elle est, rien ne m’empêche d’être sourde à ses hypothèses : tôt ou tard, elle finira par apprendre.
Ma paume est couverte d’encre à force d’écrire et les articulations de ma main me font presque souffrir. Le Café décuple mes sens ou les amoindrit sans aucune logique. Ce soir, les oiseaux de nuit chantent à tue-tête et la Brume me hurle de rejoindre ce qui dort en son sein - demain il sera peut-être trop tard.
Non. Bien au contraire, il est encore trop tôt : je reste ici. Que Gitan fasse ce que bon lui semble, je ne partirai pas avec lui de l’autre côté du Voile. Ce qu’il m’a annoncé à Vybor me désole : encore une fois, un allié de longue date va risquer de perdre son âme pour des chimères. C’est son choix et je le respecte. Mais je ne suis pas encore prête.

Le Grand Vide a néanmoins vibré, comme si l’un des rayons relié à la Tour Sombre avait cédé à nouveau. Mais ici, pas de Tour, pas de pivot sur lequel frapper pour déchirer la trame de la Réalité.  Et pourtant, quelque chose a cédé quelque part - le Hochet des Frivolités blesse si profondément l’Ether... Rien n’est jamais immuable et ce qui demeure entier peut être désuni, mis en pièces et brisé. Je resterai attentive aux sursauts de la Toile du Multivers. Les unités B.E.R.S.E.R.K ne sont pas les seules à la hanter.
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Message par Frannie Icesinger Mer 5 Sep - 22:05

Stasis : Un Cœur perdu dans l’Ether, une Lame brisée dans les Limbes et un Pied-de-Biche au Fond d’un Corridor d’Acier.

Le lien est brisé, une infime partie du Passé n’est plus - n’a jamais été. Des mots se troublent au sein de mes écrits, comme s’ils luttaient pour exister. D’autres que moi ont-ils senti les Aiguilles rater un tour, la trame de la Réalité s’effilocher tout autour d’eux ?
Cela fait déjà plusieurs jours que ce malaise ne me quitte plus, et tout semble aller de mal en pis. Pourtant, rien n’a changé en apparence : les prisonniers de Chernarus sont toujours là et vaquent à leurs occupations, les nécroïdes déambulent dans les rues, dans la campagne et dans les bois, les loups protègent leur territoire, la Brume gazouille aux oreilles de qui veut bien l’écouter et la menace d’une Vermine du Vide plane, omniprésente, jusqu’à ce que l’épée de Damoclès pourfende finalement celui qui aura eu le malheur de l’oublier. Ainsi va le cours des choses en Chernarus, mais à quoi bon s’étendre plus longuement sur ces sujets ? Chaque seconde qui passe, je constate avec un peu plus de discernement que ce reniement de la vie n’est que l’ombre de mon orgueil. Une manière de convaincre mon égo que je maitrise cette situation sur le bout des doigts. Il n’en est rien : pour une vie humaine plate et dénuée de réflexion, mes maigres connaissances, mes possessions matérielles et l’indifférence dont je fais preuve face à la mort pourraient éventuellement subjuguer les plus crédules. Je pensais moi-même me jouer des règles fixées ici-bas il y a encore peu de temps, mais notre immortalité n’est finalement qu’un détail de plus dans cet océan de mystères.
Ce soir, avec pour seule compagnie cette grosse araignée noire qui a trouvé refuge dans l’un de mes sacs de café, le Dispensaire de Watson me parait plus vide que jamais. Aucune lumière ne chasse la nuit de l’autre côté du petit terrain de sport qui sépare nos deux points de chute et aucun bruit n’en sort. Ce qui me permet de tergiverser sans que personne ne puisse couper court au cheminement de ma pensée.

Ils survivent dans le présent et semblent désormais négliger le passé. Il suffit que l'un d'entre eux disparaisse quelques temps pour qu'il ne devienne plus qu'un souvenir, un simple nom tracé à l'encre noire dans un vieux livre poussiéreux béni par le Grand Vide, quelques soient ses actions passées. Les derniers vestiges d'une bénédiction maudite, donnée à Realder, le dernier éclat de ce pouvoir grandiose qui moisit ici, à l'intérieur de cette petite caisse jaune, aux côtés des Corneilles de Gitanos et de l'appareil à fonctions multiples de Waam. J'ai tenté de conserver en mémoire jusqu'à la plus lacunaire des informations que je pouvais récolter en Chernarus afin de ne pas oublier ceux qui ont choisi de traverser le Voile, ceux qui se sont terrés au plus profond des bois et ce qui sont peut-être parvenu à s'abriter dans le Néant à l'insu de nos bourreaux.
Et aujourd'hui, les Réalités s'entrechoquent, elles se modifient et semblent s'influencer les unes les autres. Je ne parviens plus à les synthétiser et à en comprendre le fonctionnement. Ce que je pouvais considérer vrai hier ne l'est plus aujourd'hui. Rien de tout cela ne semble avoir de sens et la raison même de ma présence à la surface de cette terre n'est plus qu'un nuage de cendres qui se dissipe peu à peu sous les vents tourmenteurs et tourmentés de la Quintessence du Macronivers.

Tout ce que j'ai créé, tout ce que j'ai accompli ici n'est que futilité et quand bien même quelqu'un prétendrait le contraire, comment expliquer alors que je sois toujours enfermée dans cette carcasse qui n'est pas la mienne? Ce corps ne me permet pas de trouver le salut, d'accomplir mes objectifs comme je le devrais. Quoiqu'en dise Olikotora, quoique j'ai pu constater en observant ces tissus déchirés, ces os broyés et ces chairs disséquées, il n'y aura jamais rien là-dedans qui me permettra de franchir le Seuil sans en subir les conséquences.
Ma mémoire flanche et mon attention, jadis aiguisée, s'est émoussée dans ce Purgatoire. Je n'en connais pas la cause: suis-je morte trop souvent, au point d'en impacter mon essence même? Est-ce le Café des Arpenteurs qui est responsable de ce déclin? Ou bien n'est-ce pas tout simplement la lassitude qui s'est emparée de moi? Je ne souhaite affronter ni la déception de ceux qui m'ont connu alors que j'abritais encore quelques étincelles d'espoir en mon cœur, ni le mépris de ceux qui supposent que le passé n'est que le produit d'une folie collective. Je ne souffrirai pas plus longtemps les attaques de B.E.R.S.E.R.K ni d'entendre Ashley Icesinger prétendre faire partie de ma famille, famille que je n'ai moi-même jamais véritablement connu.
Le temps des adieux n'est cependant pas encore venu dans l'immédiat. Je ne quitterai la scène que lorsque j'aurai débarrassé ce dispensaire de mes souvenirs - c'est à dire le plus vite possible, et peut-être devrais-je faire de même avec Frontière d'Acier. Après tout, je ne suis que la gardienne de ce lieu en l'absence de Real'.
Realder le Voyageur... Je ne le rejoindrai pas derrière le Rideau. Pas dans les Brumes. S'il en était ressorti, d'un côté ou de l'autre, il aurait trouvé un moyen pour m'emmener avec lui. Seule, c'est peine perdue. Mais voici peut-être la clé de mes tourments et l'hypothèse sur laquelle je vais tout miser: ceux qui n'ont plus rien à accomplir ici, ceux qui ont abandonné, ceux qui ont choisi de tout lâcher... Ils ne reviennent pas: Norman Ross et Dimitri Enkidiev, Xia Wong Meïg, Lang Si Lyam et Alexandrev, Irwin Kelor, Yinho Mokoto, Siméon "Sauce" Zavos, Le Chevalier... Je n'ai pas eu le plaisir de tous les rencontrer mais tous partagent le même point commun: un goût d'inachevé.
Je suivrai leur exemple. Certains ne seront sans doute pas d'accord pour me laisser partir et bien que je ressente d'ores et déjà de l'amertume et de la tristesse pour ceux que je trahis, ça ne change rien à ma décision. Watson et Rohiro sont des génies et les prisonniers de Chernarus ont besoin d'eux, pas d'une petite Arpenteuse capricieuse et impulsive. Gitanos souhaite s'aventurer dans le Brouillard dévoreur d'âmes? Qu'il ne s'en prive pas: je ne serai plus là pour l'en empêcher. Quant à Steven et Vany, je préfère les quitter sans rien dire - encore un signe de ma lâcheté-; je n'ai jamais été douée pour les au-revoir. Il ne reste plus qu'Alice la sceptique: autant lui souhaiter bonne chance dans sa quête de vérité et tant mieux si cette dernière parvient à expliquer la mécanique démentielle de cet Enfer que nous avons déjà subi depuis trop longtemps.

Ils n'ont pas à être tenus au courant de ce que je prévois, ce qui me laissera tout le temps nécessaire pour vider les lieux. Bientôt. Bientôt viendra l'heure de noyer mon esprit dans les volutes noires de ces petits grains torréfiés avec ce qui me reste de poudre d'Ether cette fois-ci. Et si j'ouvre les yeux sur la plage battue par les vents malgré tout, il me restera toujours la possibilité de retrouver la petite maison qui m'a accueilli des mois durant et d'y rester cloitrée jusqu'à la fin des temps.
Le passé peut être transcrit en textes et en notes, le présent en paroles et en verbes. L'avenir cependant, ne se détermine que par des actions. Allez, debout. Il est grand temps de mettre un terme à cette non-existence.
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